Chaque jour, Aleteia vous propose une sélection d'articles de la presse internationale concernant l'Église et les grands débats qui préoccupent les catholiques à travers le monde. Les opinions et les points de vue exprimés dans ces articles ne sont pas ceux de la rédaction.
Jeudi 30 juin 2022
1 - Le pape François a-t-il "insulté" les catholiques américains ?
2 - Rencontre mondiale des familles : la vraie vie, pas les baguettes magiques
3 - Danse indienne et liturgie catholique
4 - Le synode allemand contamine toute l’Église, sans que le Pape ne le freine
5 - L'avenir de l'Église catholique américaine est latino
1Le pape François a-t-il “insulté” les catholiques américains ?
Paul Baumann, rédacteur principal du magazine catholique américain libéral Commonweal, répond aux critiques des catholiques conservateurs des États-Unis contre le pape François. Ces derniers affirment que le pontife sème la confusion parmi les fidèles et qu'il aurait dû élever au rang de cardinal Mgr José Gomez, de Los Angeles, plutôt que Mgr Robert McElroy, de San Diego. Un prêtre critique affirme que cette décision a "'insulté' et 'offensé' Mgr Gomez, la hiérarchie américaine et tous les Américains qui sont fidèles à 'leur foi catholique traditionnelle'". Baumann affirme au contraire que "rien" de ce qu'il a lu ne lui permet de croire que l'évêque McElroy a autre chose qu'une "foi catholique orthodoxe". De plus, il souligne que si les évêques et les cardinaux peuvent être en désaccord sur de nombreuses choses, "François veut qu'ils, et tous les catholiques, parlent ouvertement, honnêtement et humblement de ces désaccords". "Pourquoi prétendre que les catholiques ne débattent pas honnêtement lorsqu'il s'agit de questions entourant l'homosexualité, l'ordination des femmes ou les jugements prudentiels sur la loi sur l'avortement ?" s'interroge l'auteur, tout en soulignant que ce qu'il trouve "peu convaincant chez les défenseurs des deux côtés de ces différends, c'est de penser que les réponses à ces questions sont toutes évidentes et incontestables." En ce qui concerne la tendance du pontife argentin à être vague et ambigu, Baumann affirme que ces aspects ont "leur utilité prudentielle" et que "ce que Jésus avait à dire n'était pas toujours immédiatement clair non plus".
2Rencontre mondiale des familles : la vraie vie, pas les baguettes magiques
"Pas de prétention à tracer le profil d'une famille ou d'un couple idéal… Pas de prétention non plus à indiquer une recette toute faite, un projet pastoral magique capable de dissoudre les incertitudes, les doutes, les fragilités, les écueils… mais beaucoup de propositions, oui, beaucoup de bonnes idées". C’est en ces termes que Luciano Moia, rédacteur en chef du mensuel de L’Avvenire dédié à la famille, résume la Rencontre mondiale des familles qui a eu lieu à Rome du 22 au 26 juin derniers. L’éditorialiste note "un changement profond des perspectives pastorales impulsées par le pape François", mais aussi la "désorientation enregistrée dans une partie de l'Église, appelée à abandonner la tranquillité rassurante du ‘on a toujours fait comme ça’". Alors que le nombre de mariages s’effondre et que le nombre des séparations explose, souligne-t-il, "il était urgent, dramatiquement urgent, de trouver le courage d'indiquer une nouvelle voie pour accompagner des familles de plus en plus blessées, des couples de plus en plus incertains, des jeunes de moins en moins attirés". Pour cela il faut, comme le demande le Pape, "laisser de côté la théorie et se concentrer sur la vie concrète des gens", afin de "comprendre comment et où concentrer les efforts pastoraux afin d'être plus efficaces". Au final, après ces quatre jours de rencontre, Luciano Moia voit "beaucoup d'espoirs".
3Danse indienne et liturgie catholique
La culture de la danse classique indienne dans la célébration traditionnelle du Sacré-Cœur ? Le jésuite et danseur indien Saju George a fait entrer les paroissiens de Graz, en Autriche, dans une forme particulière de prière, lors d’une messe animée par son groupe de danse. Venu de Calcutta, les sept artistes vêtus de costumes traditionnels indiens et parés de clochettes aux chevilles, ont loué et glorifié Dieu avec chaque fibre de leur corps : pour l’entrée, le long de l'axe central de l'église, en agitant des rubans rouges et jaunes qui symbolisaient l'Esprit, comme des langues de feu, comme des cris de joie ; pour la première lecture, des gestes exprimant une louange à la création et au Créateur, et ainsi de suite… pour Feinschwarz, ces danseurs qui ont fait de l’animation liturgique leur mission, invitent à s'interroger sur les mouvements dans les cultes, qui expriment "une autre dimension de notre expression humaine… en plus du chant" : dans la danse, le cœur parle plus que la tête. Cet art met en effet l’accent "sur quelque chose de caché à l'intérieur de l'être humain : le cœur" – et les émotions, la louange et la gloire, la peur, la plainte et la tristesse, la joie. Ainsi, les danses du groupe indien "ont montré que ce qu'il y a de plus intime peut être exprimé par le corps tout entier".
4Le synode allemand contamine toute l’Église, sans que le Pape ne le freine
Le vaticaniste expérimenté Sandro Magister, dans un billet traduit sur le site Diakonos, déplore que le Pape, conscient des problèmes que pose le chemin synodal allemand puisqu’’il a envoyé une lettre en juin 2019 aux catholiques allemands, laisse depuis ce mouvement "suivre son cours sans plus chercher à le freiner ni faire miner ne fût-ce que d’écouter les cris d’alarmes". L’Italien pense aussi que le synode de l’Église particulière allemande court le risque de finir dans le synode universel sur la synodalité, avec à sa tête le "tiercé nettement progressiste" composé des cardinaux Grech et Hollerich et de sœur Nathalie Becquart. Il note que la "contamination" a déjà eu lieu en France, en Irlande, en Suisse, en Italie, avec la "carte blanche accordée" par le Pape. Il voit en les deux cardinaux-désignés Robert McElroy de San Diego et Leonardo Steiner de Manaus des « paladins de cette révolution doctrinale". Et Sandro Magister de souligner que le cardinal Kasper met aujourd’hui en garde le risque que l’Église catholique "ne se transforme en une sorte de synode permanent, à la demande de la base, c’est-à-dire de la culture dominante, qui en tirerait les ficelles".
5L'avenir de l'Église catholique américaine est latino
La revue jésuite America rappelle que les Latinos représentent 40% des effectifs des paroisses américaines, et que ce taux est destiné à augmenter, puisque la majorité des catholiques de moins de 30 ans, aux États-Unis, sont originaires d’Amérique latine. Le bilinguisme anglais-espagnol est un défi important à relever sur le plan pastoral, en tenant compte du fait que les jeunes sont généralement plus anglophones que leurs parents. Les activités mêlant les générations, plutôt que de cibler une classe d’âge, peuvent être une bonne méthode pour impliquer les familles latinos, qui ont généralement l’habitude de vivre leurs activités ensemble, d’une façon moins segmentée que d’autres catégories de la population. La référence à des figures bien connues comme saint Oscar Romero et la dévotion à la Vierge de Guadalupe sont nécessaires, mais il faut aussi veiller à promouvoir le leadership des jeunes, dans un contexte de détachement croissant de la jeunesse états-unienne vis-à-vis de toute affiliation religieuse. Un effort doit être assumé par la conférence épiscopale américaine sur la question du dialogue interculturel.