Le temps pascal est assurément un temps de régénération spirituelle. Pour le manifester, la liturgie ne nous fait entendre à la messe que des lectures du Nouveau Testament, hormis les psaumes. En particulier, les semaines s’écoulent avec la lecture continue des Actes des apôtres, sorte de chronique des premiers temps de l’Église.
Au chapitre 5, Pierre est devant le Conseil suprême. En disant "celui-là" plutôt que "Jésus", on lui demande pourquoi il continue à proclamer ce nom qu’on lui avait interdit. Dès la Pentecôte, l’Esprit saint ne fait-il pas dire au premier des apôtres : "Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé" (Ac 2, 21) ? Comment taire le nom du Sauveur ? De celui qui nous mène des ténèbres à la lumière ?
L'instigateur de la dévotion au Saint Nom de Jésus
C’est sûrement cette même parole que Bernardin de Sienne a sans cesse voulu enseigner. Prédicateur infatigable, ce Franciscain né en 1380 n’a pas cessé de répandre le nom qui sauve dans toute l’Italie : "Il faut connaître ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence", dit-il dans un sermon. Pour joindre les actes et la parole, le moine prononçait ses enseignements avec devant lui une pancarte portant le monogramme IHS (Jésus Sauveur des hommes en latin) entouré d’un soleil pour qu’il soit vénéré.
« Imitez le bœuf quand il a pâturé. Il rumine, rumine et ce ruminement lui paraît meilleur que de pâturer. Faites de même avec la Parole de Dieu quand vous l’entendez. Ruminez-la beaucoup, afin qu’elle vous paraisse meilleure à ruminer qu’à entendre. »
Avant de proclamer, Bernardin a surtout pratiqué. Remarqué pour son dévouement et sa charité durant la peste de 1400, le jeune toscan est nommé directeur de l’hôpital de sa ville natale. Dans cet exercice de la charité naît sa vocation de frère mineur, ou franciscain. Il est pauvre parmi les pauvres, mettant son intelligence et son grand savoir au service de l’Évangile. Deux siècles après la mort de saint François, le fondateur, Bernardin participe à la réforme de l’ordre mendiant.
Peu connu en dehors de l’Italie, qu’il considérait comme son "diocèse" puisqu’il y proclamait le nom de Jésus sans arrêt, Bernardin de Sienne a, de son vivant, rempli les églises. Les foules s’entassaient pour écouter le héraut de l’Évangile expliquer avec des images simples la vérité sur les mystères de Dieu : "Imitez le bœuf quand il a pâturé. Il rumine, rumine et ce ruminement lui paraît meilleur que de pâturer. Faites de même avec la Parole de Dieu quand vous l’entendez. Ruminez-la beaucoup, afin qu’elle vous paraisse meilleure à ruminer qu’à entendre."