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Couples mixtes : l’éducation religieuse des enfants, un défi impossible ?

RODZICE
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Anna Ashkova - publié le 21/04/22
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Dans un couple où l’un croit en Dieu et l’autre non, ou lorsque les conjoints sont de confessions différentes, la question de l'éducation religieuse des enfants est cruciale. Comment la résoudre et aider l'enfant à construire sa vie spirituelle ?

"Notre fille Victoria a 5 ans et nous avons du mal à nous mettre d’accord quant à son éducation religieuse. Mon mari veut qu’elle aille dans une école catholique, moi non, expose Catherine, 38 ans. Pour respecter les traditions de sa famille, j’ai accepté de la faire baptiser, mais je n'ai pas envie qu'elle soit marquée par une éducation catholique" prévient, catégorique, la mère de famille. Une réticence à l'égard de la foi qui attriste son mari, Antoine : "C’est une souffrance pour moi de ne pas pouvoir parler avec mon épouse de l’éducation de Victoria de façon apaisée. J’espère que nous trouverons le moyen d’être les meilleurs parents pour elle, Catherine athée, moi catholique pratiquant". 

Les couples où l’un croit en Dieu et l’autre non - comme celui de Catherine et d’Antoine - ou attachés à des confessions ou des religions différentes, sont nombreux en France. Et il y en aura de plus en plus, selon le père Pierre-Marie Castaignos, accompagnateur de jeunes en vue du mariage et auteur de l’ouvrage Est-ce lui ? Est-ce elle ? Des clés pour avancer (Salvator). Si ces couples arrivent à franchir l’étape du mariage, la question de l’éducation des enfants reste souvent un point sensible. 

Parler du baptême des enfants avant le mariage

Un couple qui ne partage pas la même foi ne peut pas faire l’économie de ce qu’il souhaite transmettre à ses enfants, surtout s’il se marie à l’église. "Les deux conjoints doivent adhérer aux piliers du mariage catholique : liberté, indissolubilité, fécondité et fidélité, prévient le père Castaignos. Lors de l’échange des consentements, le prêtre demande si les époux veulent éduquer leurs enfants dans la foi catholique", relève d'ailleurs celui qui reçoit chaque année des centaines de couples à l’abbaye d’Ourscamp. Il recommande donc d’aborder "la question de l’éveil à la foi des enfants durant la préparation au mariage, voire dès le début de la relation". 

La question du baptême et de l'éducation des enfants à venir fait d'ailleurs partie de la déclaration d'intention, cette lettre rédigée par chacun des fiancés afin d'exprimer en vue de quoi ils se marient à l’Église et ce à quoi ils s’engagent. Si le droit canonique n’oblige pas la partie non-catholique, lors d’un mariage mixte ou dispar, à signer une telle déclaration, le conjoint non-catholique doit être informé des engagements de son conjoint catholique. Il doit notamment être "prêt à écarter les dangers d'abandon de la foi et promettre sincèrement de faire tout son possible pour que tous les enfants soient baptisés et éduqués dans l'Église catholique" (cf. Cann. n° 1125). Le conjoint non-catholique s'engage également à ne pas faire obstacle à la foi catholique de son conjoint.

Loyautés et discernement 

Si la question de la pratique de la foi divise parfois le couple, celle de la loyauté aux traditions le préoccupe également. "Les conflits de loyauté surgissent souvent à l’occasion de la question religieuse. Ils trouvent leurs racines du côté de l’affectif lié aux traditions et aux rites familiaux qui ont été inculqués à chacun des conjoints", explique à Aleteia le père Castaignos. C’est justement à ce problème de loyauté familiale que se sont confrontés Virginie et Gabriel. Elle est catholique, lui, orthodoxe. Ils ont mis longtemps à franchir le pas du mariage car ils n’étaient pas d’accord sur l’éducation religieuse de leurs futurs enfants.

La question de l’éveil à la foi des enfants doit être abordée durant la préparation au mariage, voire dès le début de la relation.

"Je suis d’origine serbe et nous avons beaucoup de fêtes auxquelles je tiens, comme la Slava. Il s’agit de la fête du saint patron de la famille. À cette occasion, on va l’église et on organise un repas familial, autour duquel on partage le blé, le pain et le vin", explique à Aleteia Gabriel. Aujourd'hui, les deux enfants du couple sont orthodoxes. Ils sont d'ailleurs des rares enfants en France à fêter deux fois Noël. "Je les emmène à l’église catholique le 25 décembre. Et le 7 janvier, nous allons en famille à l’église orthodoxe serbe pour fêter à nouveau la Nativité du Christ", explique Virginie.

Risque du syncrétisme

Sensibiliser les enfants aux deux confessions, c’est le choix pour lequel ont aussi opté Élisabeth et Georges. Elle a été élevée dans une famille très catholique, lui dans une famille protestante depuis des générations. "Nos familles respectives voyaient d'un mauvais œil cette différence de confessions. Mais nous avons tout envoyé promener", se souvient Élisabeth, 59 ans. À partir de ce moment-là et jusqu’à la naissance de leur premier enfant, le couple n'est plus retourné ni à l’église ni au temple. "Chacun espérait que l’autre finirait par lâcher", glisse Élisabeth. Cette idée, qui traverse souvent l’esprit des jeunes couples mixtes est trompeuse. "Souvent, c’est celui qui est le plus engagé qui tire de son côté et finit par avoir raison. Mais si les deux sont butés, ça risque d'être très compliqué. Cette situation peut provoquer rapidement des crises au sein du couple", prévient le père Castaignos, qui accompagne de nombreux couples mixtes. 

Ne donner aucune éducation aux enfants, c’est les priver d’un capital de foi et d’espérance.

Grâce à une retraite Cana, au Chemin-Neuf, Élisabeth et Georges ont réussi à surpasser la souffrance causée par cette question religieuse. "Nous avons rencontré le Christ. Au début de notre rencontre, notre identité en tant que personne était moi catholique, lui protestant. Après cette session, nous sommes devenus fils et fille de Dieu", raconte cette mère de cinq enfants. Chacun est néanmoins resté fidèle à sa confession respective et l'a faite découvrir à leurs enfants.

Si le père Castaignos conçoit l’idée d’élever les enfants dans des traditions différentes, il prévient qu'"il faut qu’ils aient une seule confession". Il attire également l'attention sur le risque de faire un mélange de traditions des deux familles. "C’est mettre l’enfant dans une confusion et aussi un conflit de loyautés pour savoir s’il doit choisir entre papa ou maman". Quant à ceux qui se disent : "Ils choisiront quand ils seront grands", le prêtre, membre de la congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie, répond qu’il s’agit d’une "fausse liberté". "On ne peut pas choisir quand on n’est pas enseigné et on ne peut pas être enseigné sans s’approcher de la communauté des croyants. Ne donner aucune éducation aux enfants, c’est les priver d’un capital de foi et d’espérance. C’est les maintenir dans l’ignorance, fermer les portes plus qu’en ouvrir", conclut père Castaignos. 

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