De la petite église orthodoxe russe Saint-Séraphin-de-Sarov, située au 91, rue Lecourbe dans le XVe arrondissement de Paris, il ne reste que les murs de béton plaqués en bois de cèdre rouge du Canada, le toit et les deux coupoles bleues. L’incendie qui s’est déclaré dimanche 17 avril vers 16h a ravagé tout le reste du sanctuaire. Si l’incendie n’a pas fait de victime, l’intérieur de l’édifice, lui, a été entièrement détruit par le feu. La thèse accidentelle est pour l’heure privilégiée par la police et une enquête est en cours.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs lieux associés à la Russie ont été visés par des actes de vandalisme. "Bien que cette piste ait traversé notre esprit, nous préférons ne rien avancer et attendre les résultats de l’enquête", explique à Aleteia Nicolas Cernokrak, le recteur de la paroisse. Il exclut par ailleurs le fait que des cierges laissés sans surveillance par des fidèles puissent être à l'origine de l’incendie, comme le supposait une source policière interrogé par l’AFP dimanche.
Des collections d’anciennes icônes brûlées
"Lundi, beaucoup de paroissiens sont venus nettoyer l’église", raconte encore le père Nicolas, qui se désole des ravages faits par les flammes. Ce petit édifice en bois, construit en 1933 par des émigrés russes "blancs" venus s’installer dans le XVe arrondissement parisien après la révolution de 1917, est situé dans l’ancien foyer d’étudiants rattaché au Comité d'Aide aux étudiants russes. "Au début, c’était une petite isba (maison russe traditionnelle construite en bois, ndlr), construite autour de deux arbres, dont les troncs ne font qu’un avec le bâtiment. Un des deux se déploie encore au-dessus du toit. Il a partiellement survécu à l’incendie. S’il ne pourra pas être sauvé, on en plantera un nouveau après la reconstruction de l’église", précise à Aleteia père Nicolas.
L’église abritait de nombreuses collections d’icônes datant pour la plupart des années 1930. Elles ont toutes été détruites en un quart d’heure, dont une très ancienne représentant saint Séraphin. Certains vêtements liturgiques ont néanmoins été préservés, tout comme l’icône "l’Encensoir d’or". "Il s’agit d’une broderie de Marie Skobtsova, célèbre poétesse russe, arrivée à Paris en 1923, était une religieuse orthodoxe et membre de la Résistance française. Elle est morte au camp de Ravensbrück en 1945", raconte le recteur de la petite paroisse. Et d’ajouter : "Par miracle, l’antimension, objet signé par l'évêque et sans lequel on ne peut célébrer l'eucharistie chez les orthodoxes, a été trouvé intacte. L’épitaphion, cercueil qui symbolise l’enterrement du Christ, a également été sauvé. Nous pourrons l’utiliser lors de l’office du Vendredi saint cette semaine", note père Nicolas.
Cette année, les orthodoxes fêtent Pâques le dimanche 24 avril. En pleine Semaine sainte, la paroisse qui devait célébrer des offices tous les jours, a donc dû déménager. "Nous avons été accueillis par la paroisse Saint Léon, située place du Cardinal Amette dans le XVe arrondissement. Nous pourrons y célébrer dans la crypte, le temps de reconstruire notre église", conclut père Nicolas. Un appel aux dons a été lancé pour aider à la restauration de l’édifice religieux.