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Comment François de Sales coachait Jeanne de Chantal pendant le carême

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Aliénor Goudet - publié le 03/04/22
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En 1604, Jeanne de Chantal (1572-1641), baronne veuve et dévouée aux pauvres, rencontre François de Sales (1567-1622), évêque de Genève. Celui-ci devient son père spirituel et la guide dans sa recherche de vocation. Et en temps de carême, il lui offre de précieux conseils.

Dijon, mars 1604. En ce jour de carême, l’évêque de Genève, venu prêcher à Dijon se trouve quelque peu distrait lors de son sermon. Une jeune dame habillée comme une veuve dans l’assemblée a attiré son regard. Vêtue tout de noir, elle a le visage pâle et les traits fatigués par le deuil, sans doute. Pourtant son regard est attentif et une lueur y scintille.

Elle ressemble étrangement à celle qu’il a vu en songe il y a quelque temps. Celle-ci est destinée à fonder un ordre religieux. Quant à Jeanne, elle aussi semble reconnaître l’évêque d’une vision. Sitôt le sermon terminé, les deux demandent à se rencontrer. 

Un père spirituel dévoué… 

Jeanne et François s’écrivent longuement. Celui-ci trouve en elle une âme humble et grande qui a le souci de son devoir de mère et de chrétienne. Il la console de la perte de son mari et l’aide à combattre les tentations de la chair et de la vengeance. En décembre de la même année, François devient le père spirituel de Jeanne. 

Elle est en pleine recherche de sa vocation malgré ses obligations de mère et de noble dame. Alors François lui enseigne la vie dévote, et ses meilleurs conseils lui viennent en temps de Carême, lorsqu'il faut redoubler d’effort et de service. C’est en mars de chaque année qu’il lui écrit le plus souvent. 

Jeanne est une chrétienne dévouée qui ne peut aimer Dieu sans aimer le pauvre. Malgré ses quatre jeunes enfants et un beau-père très exigeant, elle essaye de tout faire et se ménage peu. François la met en garde contre trop de sacrifices. Parfois même, elle se repent de ne pas avoir fait tous les exercices conseillés.

- Non, vous ne contrevenez pas à l'obéissance n'élevant pas si souvent votre cœur à Dieu et ne pratiquant pas si à souhait les avis que je vous ai donnés, lui répond-il en 1607. Ce sont avis bons et propres pour vous, mais non point commandements; quand on commande on use de termes qui font bien entendre. 

La santé n’est pas à négliger, et le devoir de mère est prioritaire. Quand elle lui confie ses difficultés et ses tentations, François lui dit qu’elles ne sont rien face à sa pureté. 

… et une fidèle amie

En effet, l’évêque à une confiance inébranlable en la foi et l’âme de Jeanne. À tel point qu’il lui confie lui-même ses égards et ses tourments, l’implorant de prier pour lui. Il partage avec elle ses propres fautes et tentations, ne lui faisant pas oublier qu’il est homme et donc pécheurs, comme tous. 

- Il n’est que bien que votre support de la contradiction domestique soit interprété à dissimulation. Et pensez-vous que je sois exempt de pareilles attaques? [...] Ô Dieu, que ne suis-je insensible aux autres accidents et suggestions malignes comme je le suis aux injures et mauvaises opinions qu’on a de moi ! 

Et Jeanne, dans toute sa bonté, redouble de prière pour son père spirituel. Cet amour pur qu'ils partagent donne naissance à une amitié unique. François à pour projet de fonder une petite congrégation pour les femmes âgées, veuves ou handicapées. Entre autres, les femmes refusées dans les ordres à cause de leur fragilité. Lorsqu’il fait part à Jeanne de ce projet en 1607, elle est intimement persuadée qu’il s’agit de sa vocation. 

Trois ans plus tard, une fois ses obligations familiales terminées, elle rejoint François à Annecy. Il faut attendre 1616 avant que l'ordre de la Visitation ne soit reconnu par Rome. 

François de Sales rend l’âme en 1622, laissant Jeanne en charge de treize monastères. Toute sa vie, elle partage les conseils de celui qu’elle appelle son “bienheureux père” et œuvre pour sa canonisation. Les conseils de François de Sales les accompagneront tout au long de sa mission.

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