L’actualité de la guerre m’inspire cette méditation à partir de quatre versets du psaume 41.
Impuissance
"Comme un cerf altéré, cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu" (v. 1). Je suis submergé par les images de la guerre en Ukraine. Elles saturent ma soif d’informations, mon désir de compassion, mais peut-être aussi ma curiosité par trop voyeuse… Je cherche à m’en émanciper en éteignant mes écrans. Hélas leur spectacle terrifiant m’attire, m’aimante irrésistiblement ! Mon regard déborde souvent de larmes. Mais mon sentiment d’impuissance à pouvoir arrêter ce massacre dessèche en moi la folle espérance qui m’animait. J’ai perdu mon pendule de sourcier. Désorienté, je le cherche dans un désert assombri par une nuit sans lune.
Larmes
"Je n’ai d’autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire : “Où est-il ton Dieu ?” " (v. 4.) Autour de moi la vie continue son petit train-train quotidien. Impassiblement les tracteurs labourent les champs, les consommateurs butinent les supermarchés, les enfants s’ébaudissent dans les cours de récréation, les candidats à l’Élysée font "comme si". Et puis le printemps commence à montrer son nez, alors qu’en l’Ukraine c’est l’hiver ! Avec sur la neige, des perles de sang à perte de vue et le cri sans voix qu’elles me lancent à la figure : "Où est-il ton Dieu ?" Ahuri, je le cherche dans les débris de ma sérénité brutalisée.
Consolation
"Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu’aux os, moi qui chaque jour entends dire : “Où est-il ton Dieu ?” " (v. 11.) En moi, plusieurs guerres font rage. Celle contre les envahisseurs de l’Ukraine. Celle contre leurs chefs intraitables. Celle contre leurs bénisseurs et leurs partisans. Celle contre les amis de l’Ukraine incapables d’arrêter la tuerie, d’imposer la paix. Celle contre moi-même en proie à des haines et passions dévastatrices. Celle contre Dieu, que je n’ai pas pu jeter dehors, faute de le trouver chez moi. "Où est-il ton Dieu ?" Dévasté, je le cherche pour étancher ma soif de consolation.
Espérance
"Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !" (v. 12.) Pourquoi ne sais-je plus prier ? Comme dit la chanson : "J’avais oublié que les roses sont roses." Et qu’elles éclosent sur des épines. Ce Dieu que je cherche pour apaiser mon désarroi, il n’est pas prostré dans un tabernacle, comme je le suis devant les images de la guerre. "Où est-il ton Dieu ?" Il est là-bas, dans les abris aériens de Kyiv et sur les routes de l’exode. Il est ici aussi dans nos routines et nos conformismes. Je l’ai ainsi retrouvé en taillant ma haie : j’ai vu une rose au milieu des ronces ; je me suis alors mis à prier. Miracle de l’Espérance !