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Par leur baptême, les chrétiens sont des témoins du Christ au milieu des hommes. Cependant, sous peine de tomber dans un moralisme culpabilisant, il faut rappeler que celui qui témoigne n’a pas d’abord à être à la hauteur de celui dont il témoigne. Autrement dit, ce n'est pas sa dignité qui fait du chrétien un témoin, c'est le témoignage qui le rend digne en le façonnant progressivement en image du Christ. La nuance est d'importance. En effet, le croyant peut trouver sa fonction de témoin du Christ au-dessus de ses forces, au-dessus de l’état religieux ou moral qui est le sien présentement. Mais dans ce cas, il raisonne comme s’il avait à témoigner de lui-même en tant que disciple exemplaire ! Or, le Christ n’attend pas que nous soyons devenus des saints pour nous charger d’être des signes de sa présence parmi les hommes.
Témoins d’un Autre, non de nous-mêmes
Car le baptisé-témoin est d’abord celui qui atteste de la présence en lui de Quelqu'un qui est différent de lui. Il n’a pas à se hisser lui-même à la hauteur de l’objet de son témoignage, le Christ, comme s'il devait, à l’aide de ses ressources accumulées jusqu'à maintenant, devenir un homme semblable, dans son être comme dans ses actes, à son Maître. Non, dans un premier temps, ce que Dieu lui demande, c’est de signaler qu’il a été saisi par un Autre. Témoigner, c’est d’abord signifier une présence, non devenir tout de suite le signe parfait de la charité christique accomplie en notre personne ! Sinon, qui pourrait se vanter d’être parvenu à un témoignage véritable ?
Nous ne sommes témoins que de sa présence agissante en nous.
En matière d’auto-témoignage, seul celui du Christ vaut. Seul, il peut affirmer qu’il porte témoignage parfaitement à la charité divine en sa personne. De notre côté, nous ne sommes témoins que de sa présence agissante en nous. Le Christ témoigne de lui-même, ainsi que le fit Dieu au Sinaï (« Je suis Celui qui suis »), lorsqu’il déclare par exemple : « Je suis la lumière du monde » ou « Je suis la résurrection et la vie », tandis que nous ne faisons, de notre côté, que témoigner de lui.
Triple témoignage
Dans ces conditions, notre témoignage a-t-il encore une valeur et une utilité ? Oui, car en tant que témoins de l’action du Christ dans notre existence, nous attestons que Dieu et son Messie ne restent pas indifférents aux désirs, aux attentes, aux joies et aux malheurs des hommes. Et pour témoigner de cet intérêt divin et de l’action qui l’accompagne, notre niveau de spiritualité ou de moralité importe peu au début. En ce domaine, nous n’avons pas l’initiative. C’est Dieu et son Esprit qui font de nous des témoins de son Fils. Cela change tout. Aucune condition morale n’est requise pour devenir témoins : Dieu choisit qui Il veut, selon des dispositions qui nous échappent. Pourquoi moi et pas mon voisin qui est beaucoup plus dévoué à autrui ? Mystère. Toujours est-il qu'Il m'a donné la grâce de Le trouver. Dès cet instant, je deviens son témoin même s'il peut arriver que beaucoup de temps s'écoule encore avant que je parvienne enfin à mener une vie chrétienne sinon parfaite, du moins en cohérence minimale avec l’Évangile.
Dans un premier temps, l'important consiste à attester que Dieu m'a choisi et donc qu'Il existe. Dès lors, je deviens un témoin de son existence et de sa grâce aux yeux de mes semblables. Sur ce plan, mon niveau de moralité est affaire secondaire. Au contraire, si je vis de façon scandaleuse au moment de l’appel divin, celui-ci ne témoignera que davantage de la miséricorde de Dieu. Je serai alors triplement témoin : de l'existence de Dieu, de sa volonté d'appeler et de choisir des hommes comme témoins, et enfin de sa miséricorde. Car avant de témoigner, par la nouvelle existence qu’il mène, du changement que Dieu a opéré en lui, le chrétien atteste que Dieu existe et qu'il désire se faire connaître et aimer des hommes. Que Dieu se révèle à un homme de moralité douteuse et qui, de surcroît, L’a rarement cherché, voilà qui témoigne encore plus péremptoirement de son existence comme de son amour !
Témoins véridiques avec la grâce de Dieu
D'ailleurs, le témoin ne sera jamais à la hauteur du Christ. Il restera toujours déficient sur ce plan-là. Nous restons libres, et un homme que Dieu a appelé peut continuer à refuser sa grâce ou du moins à ne l'accepter que par intermittence. Dans ce cas, il continue à être témoin, même si c'est malgré lui. Car il ne pourra jamais faire comme si Dieu ne l'avait jamais appelé : tôt ou tard, cette Présence transcendante se signalera en lui d’une façon ou d’une autre. D’autre part, son appel rend le témoin davantage responsable que les hommes auxquels Dieu s'est révélé moins fortement. Car Dieu parle à tous, mais l'expérience nous apprend que peu répondent ! Les hommes dont Il a fait des témoins privilégiés en y mettant des moyens proportionnés à la mission qu'Il leur confie, ont une responsabilité plus lourde que ceux que leur somnambulisme empêche de discerner les appels ténus de Dieu dans leur cœur — appels semblables à « la voix de fin silence » qu’entendit le prophète Elie à l’Horeb (1R 19, 12).
Cependant, que ce surcroît de responsabilité ne paralyse pas les témoins en les culpabilisant ! Car c'est le témoignage qui les rend dignes et non le témoin qui doit se hisser à la hauteur de Celui dont il témoigne, le Christ. Certes, Dieu nous demande des efforts, sinon Il se comporterait comme un patron paternaliste. Toutefois, il n'est pas interdit au témoin de demander à son Dieu et Père la grâce nécessaire à un bon témoignage puisque c'est Lui qui l'a choisi et que Lui seul sera en mesure de rendre son témoignage conforme à la lumière divine qu’il doit refléter.