Marzena Devoud - publié le 05/02/22 - mis à jour le 25/11/24
Chagrin, déception, licenciement, maladie, deuil ou simple spleen… Comment aider un proche à faire face à une épreuve ou à une adversité, petite ou grande ? Pourquoi est-ce si difficile de consoler quelqu’un qu’on aime ? Comment s’y prendre ? Voici quelques conseils simples de Christophe André pour apprendre à mieux soulager la peine de l’autre.
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Au moment de consoler un proche, certains ont peur de mal faire, de blesser, de commettre une maladresse qui aggravera encore plus le chagrin de l’autre. D'autres sont même tellement paralysés à l’idée de ne pas savoir consoler qu’ils ne se manifestent plus, attendant que la personne qui souffre l’appelle à l’aide. Pas toujours facile de trouver les mots pour consoler quelqu’un qu’on aime. Pas vraiment évident de trouver les gestes justes pour soulager la peine de l’autrui.
Christophe André, célèbre médecin psychiatre, l’un des meilleurs spécialistes français de la psychologie des émotions et auteur de Consolations(L'Iconoclaste) donne quelques règles et repères simples pour aider à mieux consoler l’autre. Il souligne en même temps qu’il est inutile de viser des stratégies trop complexes, car "tout commence souvent par une présence, une intention, des gestes et des mots simples."
1Ne pas s’imposer
Pour consoler quelqu’un, tout l’art consiste à prononcer les bonnes paroles et faire les gestes au bon moment. Il est essentiel de ne pas s’imposer à la personne qui souffre et lui demander la permission de s’approcher d’elle pour rester à ses côtés. Pourquoi cette prudence ? « Par respect de la personne à consoler. Elle est endolorie, comme un accidenté polytraumatisé. La consolation est alors comme une intrusion qui peut faire mal. Si elle n’arrive pas dans la douceur au moment propice ; elle va provoquer souffrances et raidissements qui bloquent toute écoute et tout changement », souligne le psychiatre.
2Ne pas vouloir aller trop vite
Ne pas se presser, ne pas se bousculer même si c’est pour aider l’autre à moins souffrir est essentiel. Pourquoi ? Parce que plus la peine est grande, plus la consolation met de temps à trouver son chemin. Il faut donc de la patience. Celle-ci est tout aussi nécessaire pour celui qui console que pour celui qui est consolé. La patience est nécessaire à la consolation, qui est un processus lent et prudent. Il s’agit de « tout le cheminement que représente le travail de consolation, comme on parle du travail de deuil. C’est un phénomène naturel que l’on souhaite faciliter par des efforts. Mais ces efforts doivent être conduits dans le bon tempo », explique l’auteur de « Consolations ». Comme dans une longue marche : pour arriver au but, il faut garder le bon tempo.
3Ne pas chercher à trouver la solution tout de suite
Parfois, on peut se sentir paralysé à l’idée de ne pas pouvoir aider concrètement un proche. Submergé par la souffrance de l’autre, on veut quand-même essayer de se manifester. Seulement, « la consolation n’est pas une réparation, mais un soutien que l’on propose ». Il ne faut pas se sentir obligé d’être efficace et trouver des solutions concrètes aux difficultés de l’autre. Comme l’explique Christophe André, « parfois, il n’y en a pas d’accessibles, alors il faut se tourner de bon cœur vers l’empathie. La consolation n’est pas une recherche de solutions, mais une recherche d’alléger le sentiment de souffrance. »
4Avant tout écouter l’autre
Pour l’auteur de Consolations c’est la première chose à faire : être à l’écoute de l’autre, c’est-à-dire l’aider à comprendre et à clarifier ce qu’il ressent, à exprimer ses émotions, ses inquiétudes en posant par exemple des questions simples : « Tu te sens comment quand on parle de ça », « Tu te dis quoi ? », sans chercher à compléter, à corriger ou à rectifier ses propos.
5Exprimer son soutien
Pour consoler par des mots, il y a une règle d’or : celle de la clarté et de la mesure. Il est essentiel d’exprimer à la personne qui souffre tout d’abord toute son affection « avec des mots clairs ». Par exemple dire « Je t’aime, je veux soulager ta peine », et ensuite avec des mots plus mesurés, partager sa confiance en l’avenir. « Les mots doivent être simples, clairs et nets, car la souffrance brouille leur écoute », conseille le psychiatre. Ils doivent être humbles : celui qui console ne le fait pas au nom d’un savoir ou d’une expérience, auxquels il faudrait se soumettre, mais au nom de l’amour et de la fraternité.
6Ne pas généraliser
Face à la peine de l’autre, on a souvent tendance à parler des souffrances similaires des autres ou de sa propre épreuve qui pourrait sembler la même. Comme si on voulait diluer sa peine dans celles des autres et la diminuer ainsi… C’est l’inverse qu’il faut faire. Ne jamais généraliser, ne pas parler des autres, de soi, mais toujours parler « seulement de la personne qu’on a en face de soi et de la peine qu’elle a, à cet instant", précise l'auteur.
7Ne pas attendre un soulagement immédiat
Parfois, la consolation semble ne rien résoudre. Mais, en réalité, elle a toujours un effet tôt ou tard. « Même si elle semble inutile sur le moment, elle suit toujours un cheminement souterrain qui finira par faire du bien », analyse Christian André.
8Assurer de sa présence
Pour consoler son proche, il faut lui rappeler qu’on sera toujours là, offrir une aide quelle qu’elle soit. Cette attention qu’on donne détourne l’autre de la peine. C’est un silence habité pour dire à son proche « Je suis là, je suis avec toi ». Même s’il peut sembler dérisoire, il est bénéfique. « La consolation est une démarche parfois souterraine et invisible. C’est un « acte de présence aimante », même si elle peut sembler parfois impuissante.
Douze pensées des grands saints sur la consolation :