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Cette fois, aucun doute n’est possible : il n’y a pas eu maladresse mais calcul. La dernière frasque du président Macron, dérapage verbal opéré à l’occasion d’un débat avec des lecteurs du Parisien, a été relu, validée à froid par l’Élysée. Il s’agit d’une provocation tactique. D’une gaffe, mais volontaire. Le calcul repose sur une idée simple, à défaut d’être honorable : mieux vaut s’attaquer à une minorité faible — les non vaccinés, par exemple —, que de déclarer la guerre aux riches et aux puissants. Un autre candidat à la présidence de la République avait procédé de même il y a déjà bien longtemps, en 1981. Ce candidat avait déclaré que, lui président de la République, il déclarerait la guerre à l’Albanie. Pourquoi l’Albanie, lui avait demandé un journaliste effaré ? « Parce que c’est un pays faible et isolé » avait répondu le candidat. Mais le candidat s’appelait Coluche et il plaisantait.
Le rôle du séducteur
Ici le candidat ne s’appelle pas Coluche et il ne plaisante pas. Quand il déclare qu’il a « très envie d’emmerder les non vaccinés jusqu’au bout », il le pense réellement, et il ne fait que jouer le rôle qui l’occupe à temps plein depuis maintenant cinq années, qui est le rôle du séducteur. Pour plaire, il n’y a pas grand risque à s’attaquer à des Français peu nombreux, peu défendus, opposés au vaccin pour de bonnes ou de mauvaises raisons, et qui ne peuvent pas grand-chose contre un système qui les effraie, et qui a de quoi effrayer. Pas de danger avec ces Français de seconde zone, alors le candidat attaque. Il attend de la polémique qu’elle mette la majorité de son côté. Le proche avenir dira si ce calcul est bon. Pour autant, quelle que soit la pertinence du calcul, il y a quelque chose d’indécent pour un chef d’État à insulter le peuple. Il y a quelque chose de triste à regarder un puissant déclarer son mépris à l’égard des faibles. La vulgarité des sentiments se paie toujours, même en politique.
Déchéance de citoyenneté
Mais ce n’est pas tout. Au cours de la même séquence, le candidat a tenu ce propos inouï : « Un irresponsable n’est plus un citoyen. » N’est-ce pas un propos irresponsable ? Le Président qui les tient est-il encore un président ? En 2016, Emmanuel Macron avait refusé la déchéance de citoyenneté pour les terroristes en déclarant sentencieusement : « Je pense qu’on ne traite pas le mal en l’expulsant de la communauté nationale. » C’était il y a cinq ans : autres temps, autres mœurs. Un terroriste sera toujours un citoyen, du moment qu’il sera vacciné.