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Noël : la joie de la foi, même dans la nuit

Nativité

Nativité de Geerten tot Sint Jans

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Dom Samuel Lauras - publié le 22/12/21
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Comment vivre Noël comme un temps de joie, même dans les épreuves de la vie, dans la solitude ? Le père abbé de l’abbaye cistercienne de Nový Dvůr en République tchèque, dom Samuel Lauras, nous aide à discerner la présence de Dieu qui, depuis la crèche, se fait proche de chacun de nous. (1/3)

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Nous vivons une époque mouvementée, où les chrétiens sont souvent en première ligne : quand ils ne subissent pas directement des violences, comme dans certaines régions du monde, ils sont parfois éprouvés dans leur foi, peinent à secourir les exclus de la société et subissent les épreuves communes à toute la société comme la pandémie... L’Église elle-même est touchée de plein fouet par de multiples crises. Dans ce contexte, comment un chrétien peut-il recevoir la joie de Noël telle qu’elle est annoncée par les évangiles de la Nativité ? Les moines retirés du monde ont-ils des conseils à donner pour vivre Noël dans la joie ? Les réponses de Dom Samuel Lauras.

Aleteia / Katolický týdeník : Noël est un événement joyeux qui se vit malgré tout pour beaucoup dans un temps difficile et dans les épreuves : comment vivez-vous au monastère de Nový Dvůr les difficultés du monde ? Recevez-vous des demandes de prière ? Ou bien s’agit-il pour vous des bruits de l’extérieur qui ne vous touchent pas ?
Dom Samuel : L’époque que nous traversons est mouvementée. Dieu a confié aux chrétiens une mission : être le sel de la terre, le levain dans la pâte. Nous devons assumer cette mission, chacun selon notre vocation, dans le monde d’aujourd’hui. Quand il y a une tempête, tout le monde est secoué dans le bateau. Et c’est bien ! On ne voit pas pourquoi les chrétiens, pourquoi les moines auraient un traitement à part.

Nous, les moines, notre rôle, c’est la prière. Nous ne sommes pas les seuls à assumer ce rôle. J’ai souvent été témoin de l’admirable fidélité de personnes discrètes qui, sans se faire remarquer, portaient le monde sur leurs épaules par leur prière. Nous sommes informés de ce qui se passe, de ces « bruits de l’extérieur » : suffisamment pour tenir notre place de moines, avec assez de distance pour garder la tête froide. Dans les périodes mouvementées, garder la tête froide est une nécessité, je dirais même, un devoir. Je voudrais que chacun, en me lisant, soit confirmé dans sa vocation de chrétien, et réconforté. Tous portent leur part de soucis qui, pour certains, sont très lourds : dans la famille, au travail, dans sa vie personnelle, même dans sa vie intérieure. Les moines comme n’importe quel chrétien, les chrétiens comme les moines. Si la foi chrétienne à quelque chose à nous dire qui nous aide à porter dignement nos soucis, alors elle devient quelque chose d’important.

L’Avent est une attente. Les chrétiens célèbrent à Noël l’Incarnation du sauveur et l’attente de son retour dans la gloire. Cette « deuxième attente » est moins présente à nos consciences.
Dans un sermon sur l’Avent, saint Bernard, s’appuyant sur les Pères de l’Église, parle des manifestations du Verbe. Il n’est pas nécessaire d’être grand théologien pour le comprendre. Le Verbe, dit-il, se manifeste de trois manières différentes : à Noël, pour que nous puissions percevoir la bonté de Dieu ; au dernier jour, quand il reviendra dans sa gloire. Tout cela, on connaît. La troisième manifestation, une manifestation qu’il appelle « intermédiaire », est la plus importante pour nous : c’est quand le Verbe se manifeste dans notre propre cœur ! Intéressant, non ? Nous n’allons pas attendre les bras croisés jusqu’à la Parousie. Le Christ, nous le rencontrons dans la foi, par la foi, bien sûr. Mais sur le fondement de notre foi, il se manifeste aussi à nous, très discrètement. Si Noël, la joie de Noël, c’était cela ? Jésus qui, de nouveau, une fois encore, un peu plus tous les jours, se manifeste à moi… Cet Enfant qui est Dieu et qui devient présent pour moi, proche de moi, afin que sa venue dans la Gloire soit un jour la rencontre joyeuse avec un Ami.

On dit que la théologie commence par un regard sur la crèche. Que représente pour vous la nuit de Noël ?
L’événement dont nous faisons mémoire à Noël, la naissance de l’Enfant-Dieu, s’est déroulé dans la nuit. On parle de la nuit de Noël… Il y a la messe de minuit. Que signifie cette nuit ? Nous ne devons pas confondre la nuit de la foi et la nuit sans foi, même si ce sont deux nuits très proches. La première s’apparente, dans la nature, aux cieux étoilés qu’aucune lueur artificielle ne vient polluer. La seconde au ciel urbain que voile l’éclat des néons. Dans l’une, on ne voit rien, mais on pressent un au-delà. Dans l’autre, ce que l’on voit sature le regard et empêche de voir ce qu’il faudrait chercher à voir. Sortir de la ville surpeuplée et bruyante, s’affronter au silence de la solitude nocturne… Le rôle des chrétiens dans le monde, c’est aujourd’hui de témoigner que la nuit n’est pas vide, qu’elle n’est pas inquiétante. Nous devons apprivoiser la nuit car Dieu se révèle dans l’obscurité.

Propos recueillis par Jiří Macháně pour "Katolický týdeník" à Prague.

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