Pourquoi ne pas recevoir le sacrement des malades lors de la messe dominicale ? C’est ce que s’est dit Sylvie Compagnon, 88 ans, lorsqu’elle a demandé à le recevoir avant une délicate opération. La mauvaise nouvelle tombe début septembre. Le diagnostic est clair : Sylvie a un cancer du sein et doit être opérée très rapidement. En raison de son âge, cette grand-mère de 26 petits-enfants, tient à recevoir le sacrement des malades avant d’aller à l’hôpital. Sans hésitation, Sylvie appelle son petit-fils, Vincent de Roquefeuil, ordonné prêtre le 26 juin 2021 à l’église Saint-Sulpice à Paris. "J’ai pensé bien sûr à Vincent. Je voulais recevoir ce sacrement de ses mains, chez moi, entourée de mes petits-enfants… », confie-t-elle à Aleteia.
Touché par sa demande, son petit-fils lui suggère cependant d’appeler d’abord le père Philippe de Maistre, curé de Saint-André-de l’Europe à Paris, sa paroisse : "Ma grand-mère est très croyante et engagée dans sa vie paroissiale. C’était naturel qu’elle s’y prépare spirituellement au sein de sa propre communauté", explique de son côté le père Vincent de Roquefeuil. Le jeune prêtre pense même qu’il serait important autant pour sa grand-mère que pour les autres fidèles de recevoir ce sacrement lors d’une messe. "Je me suis dit que c’était bien pour elle d’être portée par la prière de sa communauté. Face à la souffrance de l’un de ses membres, la communauté doit faire corps", précise-t-il en citant ce passage du Rituel du sacrement de l’onction des malades : "La célébration du sacrement de l'onction des malades ou de l'eucharistie au sein de l'assemblée revêt une grande importance : elle facilite une solidarité entre malades et biens portants ; elle est vécue dans une atmosphère festive, fraternelle, surtout là où elle est préparée en commun; elle nourrit la foi, l'espérance des participants et fortifie leurs engagements".
Sylvie suit le conseil de son petit-fils et demande à son curé de recevoir l’onction des malades lors d'une messe tout en insistant pour que Vincent s’y joigne. La célébration a finalement lieu le dimanche 26 septembre à 11h lors de la messe des familles concélébrée par le père Philippe de Maistre et le père Vincent de Roquefeuil. C’est après l’homélie que Sylvie s'approche de l’autel pour recevoir le sacrement des mains de son petit-fils. Ce dernier le fait d’ailleurs pour la première fois dans sa vie de prêtre. "Je me suis trompé : au lieu de commencer par l’imposition des mains, suivie de la prière et de l’onction des huiles sur le front du malade, j’ai commencé par la prière…", explique le jeune prêtre tout en soulignant qu’il voulait vivre cet événement "au regard du Seigneur", c’est-à-dire complètement "effacé pour donner la place au Seigneur".
Recevoir l’onction des malades des mains de mon petit-fils était pour moi un vrai cadeau de Dieu. J’en avais les larmes aux yeux.
Pour Sylvie, toute la célébration a été une expérience spirituelle très forte : "Au-delà du sacrement, cela a été un moment extraordinaire de partage avec tous les gens qui m’entouraient : mes proches et tous les paroissiens dont certains qui s’étaient bien impliquées pour me soutenir. Bien évidemment recevoir l’onction des malades des mains de mon petit-fils était pour moi un vrai cadeau de Dieu. J’en avais les larmes aux yeux. D’autant plus qu’avec lui, dès sa petite enfance, j’avais un lien spirituel tout à fait spécial", confie encore Sylvie.
Portée par le soutien des siens et de sa communauté
A travers le sacrement des malades, Dieu, par la grâce de l'Esprit Saint pardonne les péchés, signe de la miséricorde et de la tendresse de Dieu particulière envers la personne qui souffre. Le sacrement lui permet de vivre une communion avec le Christ, puisque Lui aussi a souffert sur la Croix. "Si l’épreuve paraît ne pas changer, la personne malade pourra la vivre autrement, avec une nouvelle force. En union avec le Christ, portée par les siens et par sa communauté, elle trouvera dans le sacrement une manière de transfigurer sa souffrance par l’amour", explique le père de Roquefeuil.
Le sacrement des malades, c’est aussi celui de la guérison. Comme c’est le cas de sa grand-mère qui se considère aujourd’hui comme "complètement guérie". Heureuse, Sylvie reconnaît que grâce au sacrement reçu, elle ressent une grande paix intérieure et une force de "continuer à vivre en présence permanente de Dieu".