L’hyperémèse gravidique (HG) est une forme aggravée des nausées du premier trimestre de grossesse. C’est une maladie hormonale qui se caractérise par des nausées et des vomissements persistants et excessifs, qui peuvent générer perte de poids, déshydratation ainsi que d’importants problèmes psychologiques. 0,3 à 3,6% des grossesses sont concernées par ces symptômes.
Une étude publiée le 19 octobre 2021 dans la revue Obstetric Medicine, menée au Royaume-Uni par le King’s college London researchers auprès des 5.000 femmes souffrant d’hyperémèse gravidique, montre que 4,9% d’entre elles ont interrompu leur grossesse, tandis que 52,1% l’ont envisagé sans le faire. 25,5% des femmes interrogées ont occasionnellement pensé au suicide, tandis que 6,6% des femmes y ont pensé régulièrement.
L’une d’elle explique avoir été « si malade » qu’elle a « envisagé l'interruption de grossesse ». N’ayant pu « se résoudre à le faire », elle a « envisagé de mettre fin à ses jours ». Les femmes ont décrit à quel point la mort était pour elles préférable à ces nausées et vomissements constants. 19 d'entre elles ont déclaré qu'elles « espéraient ne pas se réveiller chaque matin » et l’avortement a pu leur apparaître comme un moyen d’arrêter ces pensées suicidaires. Cependant, les femmes qui ont pu bénéficier d’un soutien familial, amical ou de soignants attentifs avaient moins de risques de développer de telles pensées.
67,8% des femmes interrogées ont été alitées tout au long de leur grossesse et ont eu besoin d'une aide quotidienne. Une de ces femmes a expliqué avoir pris la décision d'interrompre sa grossesse « pour éviter de perdre un nouvel emploi et le logement de mon premier enfant, loué après avoir été six mois sans domicile »
Des soins, un accompagnement déficient
Si tout est mis en œuvre pour entourer les grossesses de la duchesse de Cambridge, Kate Middleton, elle-même sujette à ce syndrome, hospitalisée trois jours alors qu’elle était enceinte de son premier enfant, ce n’est pas le cas de la plupart des femmes. L’enquête pointe en effet des difficultés d’accès aux médicaments : si 85,7% des participantes ont pris des médicaments prescrits, 41,2% d’entre elles ont dû les demander activement. Mais surtout, elles font une mauvaise, voire une très mauvaise expérience des soins. L’une d’elle raconte s’être sentie « stupide » quand elle a décrit « l'étendue de ma maladie » et qu'on lui a rétorqué qu’elle aurait dû « être capable d'y faire face ».
Une fois l’enfant né, 184 femmes ont pris la décision de ne pas avoir d'autre enfant. Le Dr Caitlin Dean, présidente du Pregnancy Sickness Support, qui gère une ligne d'assistance téléphonique pour cette maladie et reçoit tous les jours des appels de femmes, dénonce « une stigmatisation persistante des maladies de la grossesse, qui entrave l'accès au traitement et conduit des femmes à perdre le bébé qu'elles désiraient désespérément ». Ce que montre cette étude in fine, c’est qu’une prise en charge de la maladie, un accompagnement adapté et respectueux de leur détresse et de leurs symptômes, aurait très vraisemblablement permis à toutes ces femmes de renoncer à avorter et de mener leur grossesse à terme.