Chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken a partagé sans équivoque sa volonté de libérer le plus rapidement possible les 17 missionnaires et membres de leurs familles, dont 16 Américains et un Canadien, enlevés samedi 16 octobre à Haïti par un gang armé. Les États-Unis feront "tout leur possible" pour les libérer, a-t-il martelé mardi 19 octobre lors d’une visite à Quito, en Équateur. "Nous sommes concentrés sans relâche sur cette question".
"Malheureusement, c’est également le symptôme d’un problème bien plus grand avec la situation sécuritaire qui est tout simplement intenable" à Haïti, a-t-il ajouté. C’est le gang "400 mawozo", également à l’origine du rapt des sept religieux dont deux Français en avril dernier et qui contrôle la zone où circulaient les missionnaires depuis des mois, qui est à l’origine de cet enlèvement. Un million de dollars par personne gardée otage a été réclamé.
Au lendemain de l’enlèvement, dimanche 17 octobre, l’organisation Christian Aid Ministries, dont les missionnaires enlevés sont membres, a indiqué que le groupe comptait "cinq hommes, sept femmes et cinq enfants" sans préciser leurs âges. Basée dans l’État de l’Ohio, l’institution religieuse a indiqué que ces personnes revenaient d’une visite dans un orphelinat quand ils ont été enlevés avec des membres de leurs familles.
Il n’y a pratiquement aucune perspective d’emploi, le plus prospère est le kidnapping.
"Haïti est un pays très dur. La peur se vit, se voit, se sent. C’est un pays d’autant plus dur que les conditions dans lesquelles vivent les Haïtiens nous agressent : mendicité, sollicitations incessantes… Et on n’y voit pas d’issue !" confiait à Aleteia le père Michel Briand, un des otages enlevés en avril dernier par le même gang. "Les habitants sont victimes d’une société où les individus n’ont plus de valeur. Mais c’est aussi une histoire d’amour. Ce n’est pas l’argent qui sauvera le pays mais l’amour. Si les Haïtiens peuvent mettre de l’amour dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font ils pourront faire des merveilles." Les cris du peuple haïtien "ne peuvent rester sans réponse", a réagi de son côté Mgr Paglia, président de l’Académie pontificale de la vie, peu après un déplacement à Haïti mi-octobre. "Il n’y a pratiquement aucune perspective d’emploi, le plus prospère est le kidnapping", déplore l’archevêque italien. « Haïti semble n’avoir rien à donner aux 65% de sa population qui ont moins de 25 ans. »
Les bandes armées, qui contrôlent depuis des années les quartiers les plus pauvres de la capitale haïtienne, ont étendu leur pouvoir sur Port-au-Prince et ses environs où ils multiplient les enlèvements crapuleux. Plus de 600 cas ont été recensés sur les trois premiers trimestres de 2021 contre 231 à la même période en 2020, d’après le Centre d’analyse et de recherche en droits humains, basé dans la capitale haïtienne.