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Retrouver une âme d’enfant

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Mickaël Le Nezet - publié le 02/10/21
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Dans l’évangile de ce 27e dimanche ordinaire (Mc 10-2-16), Jésus nous appelle à retrouver l’esprit d’enfance. Une âme d’enfant, explique le père Mickaël Le Nezet, c’est un chemin de liberté, de confiance et d’émerveillement.

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). Dès les commencements, l’homme est appelé à être un homme, en relation avec son Dieu et avec ses semblables. C’est là qu’il trouve son unité, c’est là qu’il se réalise pleinement, qu’il s’épanouit. L’homme est un être de relations puisque Dieu lui-même est relation. Mais à travers la question des pharisiens voulant mettre Jésus à l’épreuve : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » (Mc 10, 2), nous entendons dans cette page d’évangile que ces relations entre les hommes et même entre l’homme et Dieu, à l’origine harmonieuses, confiantes, constructives et épanouissantes se sont abîmées, détériorées. 

La raison nous dit Jésus, est la dureté du cœur de l’homme. L’homme s’est laissé enfermer dans différents sentiments que sont la jalousie, le soupçon, l’envie, l’agressivité, la peur, faisant de l’autre et même de Dieu un concurrent, un adversaire, un ennemi, un obstacle au lieu d’être un partenaire, une aide qui lui corresponde, un compagnon, un frère. Nous en faisons tous l’expérience, au sein de nos familles, de nos relations professionnelles et amicales et même au sein de nos communautés paroissiales. Nous sommes témoins, parfois complices de tensions, de divisions, d’exclusions qui retardent la venue du règne de Dieu sur notre terre. 

Il s’agit de tout accueillir avec gratitude, avec reconnaissance comme un cadeau de Dieu.

Et Jésus nous dit qu’il nous faut revenir à l’esprit des commencements qui n’est autre que l’esprit d’enfance. Car le Royaume de Dieu est à ceux qui ressemblent à des enfants. Mais pour y revenir, il faut, à l’image d’Adam dans le livre de la Genèse, entrer dans un sommeil mystérieux, c’est-à-dire passer par une mort à soi-même, par un renoncement à sa volonté propre, et s’abandonner dans les mains du Seigneur. Il faut se laisser façonner par Lui, tel le vase d’argile dans les mains du potier. Il faut retrouver une âme d’enfant. 

Un enfant en effet est capable de s’émerveiller devant de petites choses, de simples choses et d’ouvrir grand les yeux devant la beauté d’un paysage. Ainsi, revenir à l’esprit d’enfance, avoir un cœur d’enfant, c’est être capable de s’émerveiller de tout ce qui nous est donné, de celles et ceux qui nous entourent, de la Création au milieu de laquelle nous vivons. Il s’agit de tout accueillir avec gratitude, avec reconnaissance comme un cadeau de Dieu. Il s’agit d’entrer dans la louange au Créateur de qui vient tout don parfait. « Cette fois-ci, voici l’os de mes os et la chair de ma chair », s’écrira Adam en accueillant Ève. La louange, l’émerveillement, la gratitude dilatent le cœur, comblent de joie, instaurent la paix véritable et nous rendent capables de vivre en frères et d’être unis (Ps 132, 1). C’est un chemin de liberté qu’il nous faut emprunter. 

Un enfant sait qu’il ne peut pas se construire tout seul, qu’il a besoin des autres, à commencer par ses parents pour grandir et avancer dans la vie. Ainsi, revenir à l’esprit d’enfance, être comme un enfant, c’est être capable de confiance dans les autres. Personne ne se sauve tout seul, il n’est possible de se sauver qu’ensemble nous rappelait le pape François lors de la pandémie de la Covid 19. « L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre » écrit le pape dans l’encyclique Fratelli tutti (n. 30). Nous avons besoin de revenir à cette vie relationnelle confiante, à cette vie de fraternité où l’on s’apporte mutuellement, à cette juste dépendance les uns des autres. C’est le chemin d’une foi confortée sur lequel nous devons nous engager.

Un enfant est toujours volontaire, toujours partant pour découvrir de nouvelles choses, pour faire de nouvelles expériences avec d’autres. Ainsi revenir à l’esprit d’enfance, être comme un enfant, c’est être aussi capable de générosité et d’enthousiasme, c’est ne pas être enfermé dans le passé mais ouvert aux surprises de Dieu, comme saint Paul qui, oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, courais vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus (Ph 3, 13-14). Nous sommes appelés à résister aux sirènes du découragement, du « à quoi bon ? », du pessimisme. Si le Seigneur ne nous a jamais promis que les choses seraient faciles, il nous a toujours dit qu’il serait avec nous chaque jour jusqu’à la fin de temps. Et c’est cette certitude qui nous donne le courage d’aller de l’avant, de prendre nos responsabilités, de nous engager avec d’autres au service de la construction du Royaume de Dieu. C’est le chemin d’une espérance renouvelée qu’il nous faut arpenter. 

La louange et l’émerveillement, la confiance dans les autres et la vie fraternelle, le don de soi au souffle de l’Esprit Saint nous permettent d’affronter ces temps qui sont les nôtres sans crainte et plein d’espérance tournés résolument vers l’avenir où le Seigneur nous précède. Ce sont les sentiments qui doivent nous habiter personnellement mais accompagner aussi nos communautés paroissiales. Il s’agit en effet ainsi de rendre compte de l’espérance qui est en nous pour notre monde qui en a tant besoin puisque « celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 15).

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