Son prénom a-t-il influé sur son destin ? Comment en effet ne pas penser à Gaspard des montagnes, le héros d'Henri Pourrat, lorsque le père Craplet évoque sa passion pour les hauts sommets ? Si ce n’est le personnage littéraire, ce sont sans nul doute les figures paternelles qui ont insufflé à ce prêtre de 46 ans l’amour de la montagne. Fils et petit-fils de chasseurs alpins, officier de marine de réserve – "j’ai fait ma crise d’adolescence en partant dans la marine" confie-t-il avec humour – le père Gaspard Craplet aime et connaît bien la montagne. Un lieu qui pour lui favorise une intimité avec le Christ et une vie de prière plus intense. Une expérience spirituelle qu’il s’efforce de partager avec les jeunes qui lui sont confiés.
Basé à Ars (Ain), le village du saint Curé, aumônier à saint-Bonnet de Galaure et membre de la société Saint-Jean-Marie-Vianney (SJMV), le père Craplet a fait sienne cette volonté du Curé d’Ars : montrer le chemin du Ciel. Et il montre le chemin d’une manière qui lui est propre et familière : en organisant des camps et des week-ends "Spi & Cimes" à destination des jeunes. Il propose l’ascension de trois "sommets" : le sommet physique (les camps impliquent un vrai sens de l’effort et du dépassement de soi), le sommet fraternel (parce qu’à plusieurs nous allons toujours plus loin !) et le sommet spirituel (pour vivre une vraie rencontre avec le Christ). Sa devise n’est autre que "la sainteté par les sommets". Les camps durent une à deux semaines pendant les vacances scolaires, dans le Massif du Mont Blanc l’été et sur le plateau des Glières l’hiver.
La montagne réserve de précieuses ressources. Tout d’abord, les jeunes ne se font pas prier pour venir. "Les jeunes viennent d’eux-mêmes !, s’exclame le prêtre. Aujourd’hui, pour attirer les jeunes, il faut que le programme soit très attrayant pour rivaliser avec les écrans. La montagne a cet avantage". Les jeunes sont demandeurs d’aventure, de dépassement de soi. Un atout indéniable qui exige cependant d’être intraitable avec la sécurité. C’est pourquoi le père Craplet a passé en 2016 son diplôme d’accompagnateur en montagne.
Autre vertu des hauts sommets : la communion avec la nature et son Créateur rend la vie spirituelle plus facile et plus intense. "En montagne, à mesure que l’on s’élève, on s’ouvre, confie le père Craplet. Plus on grimpe, plus c’est beau. Il y a un lien manifeste entre l’ascension et la vie spirituelle. On est amené à lâcher toute forme de confort, pour s’ouvrir à Dieu. Finalement, la montagne, c’est élever les âmes, au sens propre comme au figuré, et à peu de frais".
Des camps pendant lesquels le prêtre aborde des sujets qui touchent et intéressent les jeunes, notamment sur la vie affective, prenant appui sur la théologie du corps héritée de saint Jean-Paul II. Le père Gaspard Craplet les invitent à réfléchir sur la liberté dans les relations, l’importance de la préparation à l’engagement, la chasteté et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir… Des paroles qui sont généralement accueillies avec beaucoup de sérieux. "En ce qui concerne le mariage par exemple, les jeunes sont apeurés dans la mesure où les chiffres ne sont pas réjouissants. Mais si on les invite justement à prendre les choses en main pour réussir leur vie, lui donner du sens, cela les responsabilise." Et la montagne est un endroit idéal pour prendre la mesure des difficultés, et chercher à les dépasser. Comme y exhortait le pape François, "le défi auquel nous sommes tous appelés, pas seulement les athlètes, c’est celui d’assumer l’effort, le sacrifice, pour atteindre les buts importants de la vie, acceptant ses propres limites sans se laisser bloquer par elles, mais en cherchant à les dépasser."