Fêtée le 15 octobre, la grande mystique espagnole du XVIe siècle, sainte Thérèse d'Avila avait une vénération particulière pour saint Joseph. Dans son Livre de la vie, la réformatrice de l'ordre des carmélites confie qu'elle a expérimenté à plusieurs reprises une aide auprès de l’époux de Marie. Elle y évoque les fruits surprenants de ses prières adressées à saint Joseph.
La guérison
Sainte Thérèse croyait fermement qu'elle devait sa guérison physique au père adoptif de Jésus. Lorsque, à l'âge de 18 ans, elle entre dans un carmel à la règle très stricte à Ávila, en Castille, sa santé décline rapidement. La maladie est le résultat de pratiques ascétiques épuisantes qui provoquent chez elle une paralysie et des douleurs insupportables.
À plusieurs reprises, les sœurs du couvent se préparent à sa mort. Un jour, la jeune carmélite est incapable de soulever ses paupières. En effet, les carmélites cirent ses yeux en pensant qu'il n'y a plus d'espoir pour elle et que, de toute façon, son corps doit être placé bientôt dans un cercueil. Avec ses dernières forces, la jeune carmélite décide alors de se tourner vers saint Joseph pour obtenir de l'aide. Des années plus tard, elle écrit :
À la surprise de tous, Thérèse est complètement guérie. À partir de ce moment et jusqu'à la fin de sa vie, elle va alors promouvoir partout la dévotion à saint Joseph. Elle est convaincue que la médiation du père de Jésus a un caractère tout à fait particulier. Elle l’expliquera dans son livre autobiographique :
Aussitôt, elle pense à organiser une grande réception en son honneur. Elle décide de préparer dans son couvent de somptueuses célébrations en la mémoire liturgique de saint Joseph. Une fête grandiose dans une atmosphère de joie générale avec même des feux d'artifice !
Les fruits spirituels
Ce n'est qu'après un certain temps que la carmélite comprendra que ce genre d’expression d'adoration ne suffit pas. Bien plus que les signes extérieurs de vénération, c'est la transformation spirituelle qui est importante. C’est ce qu’elle notera :
Quels sont donc les fruits spirituels du recours à saint Joseph ? Par-dessus tout, Thérèse souligne l’efficacité de la prière adressée au protecteur de Jésus. Cependant, il ne s'agit pas toujours de la satisfaction d'une demande ou d'un désir concret, mais de la prise de conscience émergente du bien que Dieu veut pour chaque personne. Ce bien s'avère souvent différent de celui qui est demandé. La carmélite l’explique ainsi :
Dieu sait mieux
Dans cette attitude de sainte Thérèse d’Avila se révèle quelque chose que le pape François appelle le réalisme chrétien. Il s'agit d'un consentement à l'action de Dieu pour se débarrasser de la peur de ne pas recevoir les dons concrets qu’on peut considérer à un moment donné - souvent à tort - comme les plus importants. Le réalisme chrétien ne rejette rien de ce qui existe.
C'est saint Joseph qui l’a appris à Thérèse d’Avila. Les demandes sont entendues par Dieu, même si Dieu n’offre pas toujours ce qui nous semble le plus juste. Il est nécessaire de s'abandonner à la volonté de Dieu dans la confiance, ce qui équivaut souvent à un consentement tacite à un amour que nous ne pouvons pas comprendre complètement pour le moment.