Tous les pays chrétiens d’Europe ont utilisé leurs églises, souvent le seul bâtiment en dur du village, pour se protéger en cas de danger. En l’absence de châteaux forts et de garnison, les clochers ont ainsi servi tout naturellement de tour de guet et de refuge aux populations. L’Église, qui avait instauré la "Trêve de Dieu" interdisant la guerre durant certains jours de la semaine et certaines périodes de l’année, s’est opposée, dès le XIe siècle à la fortification des églises. Et pourtant, des centaines d’églises fortifiées existent partout en France.
Des belles forteresses sacrées
La Thiérache —Aisne, Ardennes, Nord et Hainaut — en possède, à elle seule, une centaine. Ce sont les paysans eux-mêmes, avec le soutien des seigneurs locaux, qui ont fortifié les églises aux XVIe et XVIIe siècles en rajoutant des éléments défensifs en briques pour se protéger des conflits permanents avec le Saint Empire romain germanique. Le Pays Messin, autour de Metz, compte une quinzaine d’églises défensives des XIIIe-XVIe siècles. Dans le Sud-Ouest, la guerre de Cent ans a généré de multiples églises-forteresses, dont certaines furent réellement saccagées par les Anglais ou les routiers.
L’église fortifiée est un lieu de culte qui a joué un rôle défensif. Elle comporte donc des éléments d’architecture militaire : donjon, bretèche, machicoulis, hourd, échauguettes, meurtrières... À l’intérieur, ces églises sont équipées pour tenir un siège avec des salles de repli et des cheminées pour cuire les aliments. A Wimy (Aisne), il y a même un four à pain !
Quelques forts-églises ex nihilo comme à Saint-Juvin (Ardennes) ou Parfondeval (Aisne) ont également été construits. Les églises fortifiées se trouvent généralement dans les campagnes mais quelques exemples impressionnants se trouvent parmi les cathédrales. On peut ainsi citer les belles forteresses sacrées comme Rodez, Albi ou encore Agde.
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