"C’est un miracle", est une expression bien connue de chacun. Utilisé dans le langage courant pour désigner quelque chose auquel on ne croyait plus, le miracle revêt une définition bien précise pour l’Église catholique. Il s’agit d’un "fait extraordinaire et suscitant l’admiration en dehors du cours habituel des choses. Manifestation de la puissance et de l’intervention de Dieu qui apporte une révélation de sa présence et de la liberté dont il use pour accomplir ses desseins", précise l’Église catholique "La Bible désigne les miracles en termes de puissance (Ex 9 ; 16), de prodiges (Rom 1 ; 19-20) de guérison (Jn 9 ; 1-41) et de signes (Jn 3 ; 2). Le miracle n’a pas son but en soi, il dirige nos regards plus loin en révélant la présence immédiate de Dieu. Le miracle n’est pas explicable scientifiquement".
Il n’existe pas de registre recensant au niveau mondial l’ensemble des déclarations de miracles. Mais le seul sanctuaire de Lourdes ayant reçu 7.200 signalements de guérison en 160 ans, tout laisse à penser que des dizaines voire des centaines de milliers de cas de guérisons inexpliquées ont été déclarés. Mais qui dit déclaré ne dit pas validé, loin de là ! Sur toutes les guérisons signalées, Lourdes n’en a ainsi reconnu que 70 comme miraculeuses, soit moins de 1%. Une proportion que l'on suppose être la même au niveau mondial. L’Église catholique a toujours été extrêmement prudente sur ce terrain-là.
Le cardinal Prosper Lambertini, qui deviendra par la suite le pape Benoît XIV de 1740 à 1758, a été amené à s'occuper de différents procès en béatification et en canonisation. Estimant que les guérisons mentionnées dans les dossiers étaient trop facilement qualifiées de miraculeuses, il édicta sept critères de reconnaissance d’une guérison miraculeuse dans son ouvrage De servorum beatificatione et beatorum canonizatione (La béatification des serviteurs de Dieu et canonisation des bienheureux), livre IV, chapitre VIII2-1734. Les voici :
Une véritable enquête est menée sur une période de 5 à 15 ans après la guérison dite "miraculeuse". À noter que ce délai minimum de 5 ans fait référence à la durée d’attente légale pour attester une guérison durable suite à une maladie physique grave. C’est d’abord l’évêque responsable du diocèse où vit la personne guérie qui est informé. Il soumet le cas de guérison inexpliquée à un groupe d’experts, théologiens et médecins croyants ou non-croyants. Le potentiel “miraculé” est interrogé puis examiné, son dossier médical décortiqué. En fonction de l’avis rendu, l’évêque décide d’ouvrir une enquête ou de ne pas poursuivre la procédure.
La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.
"Si la déclaration a retenu son attention, l'évêque demande la constitution d’une commission chargée d’instruire l’enquête", précise la site des villes sanctuaires. "Dans le cas où les médecins spécialistes, croyants ou non-croyants, concluent à un état de bonne santé durable et soudain après une grave maladie, le dossier est retourné à l'évêque du diocèse de la personne concernée". Il lui incombe, sans avoir l’obligation de soumettre le cas au Vatican, de considérer l’aspect miraculeux, inexpliqué de la guérison.
Si l'Eglise catholique prend toutes ses précautions avant de reconnaître un miracle, il ne s'agit pas non plus de subordonner la foi à la science ou à la médecine. Comme l'a écrit Jean Paul II dans son encyclique Fides et ratio : "La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. C'est Dieu qui a mis au cœur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même."