Au Tigré, région située au nord de l’Éthiopie, un drame qui ne dit pas son nom. Théâtre de violences depuis novembre 2020, la zone a franchi un pas supplémentaire dans la violence et l’horreur, assure une source présente sur place proche de l’Église. Selon elle, un génocide est en cours en Éthiopie, contre le groupe ethnique du Tigré. Des atrocités y sont commises, comme des abus sexuels et des tueries généralisées qui ciblent principalement les jeunes.
Il s'agit clairement d'un génocide contre le peuple du Tigré, et pas seulement d'un conflit.
Pour des raisons de sécurité, cette source a préféré rester anonyme. Mais ses propos sont sans appel : les soldats érythréens, qui sont entrés dans le pays pour soutenir les troupes fédérales éthiopiennes, continuent à massacrer des civils. "Il s'agit clairement d'un génocide contre le peuple du Tigré, et pas seulement d'un conflit. Ils tuent tout le monde. De nombreuses personnes fuient le Tigré vers le Soudan et certains d'entre eux, notamment les jeunes, s'enfuient parce qu'ils sont pris comme cible. On cible délibérément les jeunes. Nos femmes sont victimes d’abus sexuels, les jeunes sont tués… Oui, nous assistons bien à un génocide."
Au-delà de cette source, le patriarche Mathias, chef de l'Église orthodoxe éthiopienne, a déjà tenu des propos similaires au début du mois de juin en qualifiant de génocide les événements qui sont en train de se produire dans la région, tels que les viols de femmes et les bombardements d’Églises.
Ce témoin a poursuivi en décrivant la vague d'abus sexuels commis par les troupes érythréennes sur les femmes du Tigré, y compris des religieuses. "[Nos proches], nos sœurs ont été violées. Nous avons dû emmener certaines d'entre elles à l'hôpital, même des religieuses ont été violées. Les femmes et les filles subissent un autre type d'abus, comme on n'en a jamais entendu parler auparavant, des choses très graves. Et les soldats ont fermé certains endroits où nous aurions pu trouver de l’aide".
Depuis le 4 novembre 2020 de violents affrontements opposant l’armée fédérale aux forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui contrôle ce territoire abritant la minorité tigréenne (6% des 110 millions d’Éthiopiens) et qui défie depuis des mois l’autorité du Premier ministre, Abiy Ahmed.
"La situation ici est très grave... Près de 90 % des habitants du Tigré sont déplacés. Cette guerre a provoqué une énorme crise humanitaire, qui se manifeste par un nombre accablant de meurtres de civils, par le déplacement de millions de personnes, par la destruction des bases économiques et sociales, par la panique et la douleur psychologique…”, résume cette source. “À cet égard, les personnes les plus affectées sont les femmes enceintes, les enfants, les handicapés et les personnes âgées."