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À Lyon, une épicerie pour les jeunes par les jeunes

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Bérengère Dommaigné - publié le 28/03/21
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Une épicerie solidaire a été lancée le 8 mars dernier dans l’église de Saint André, à Lyon. Chaque lundi soir, elle accueille des étudiants en situation de précarité. Outre des conserves et autres produits d’hygiène, ils y trouvent un accueil, une écoute et des sourires, dans un lieu qu’ils découvrent parfois, et qui les apaisent souvent.

C’est dans le quartier populaire de la Guillotière, dans le VIIe arrondissement de Lyon, que se trouve l’église Saint André, dont le parvis rase la ligne de tramway. Depuis 2019, l’église est devenue le lieu de la pastorale des étudiants et jeunes pros et organise de nombreux temps d’accueil et de mission dédiés aux jeunes. Mais avec l’arrivée du covid-19, et des confinements successifs, les propositions faites aux jeunes ont dû rapidement s’adapter. C’est ainsi que devant la détresse matérielle de très nombreux étudiants, la pastorale des jeunes du diocèse vient de lancer une épicerie solidaire avec le soutien et l’expertise des jeunes de la Conférence Saint Vincent de Paul. 

Chaque lundi soir, entre 17h et 19h, les jeunes en situation de précarité sont invités à venir à l’église Saint André. "Aucun justificatif n’est demandé, juste une pré-inscription pour gérer le flux et respecter les gestes barrières", explique Clémence Pasquier, membre de la pastorale jeune du diocèse de Lyon. À l’entrée de l’église, une dizaine de jeunes bénévoles accueillent et expliquent le parcours. Prise de contact, boissons et  discussions dans le Narthex (il n’est pas rare que certains s’attardent devant le calme des beaux vitraux), le temps d’attendre son tour, pour descendre au sous-sol et accéder à l’épicerie gratuite. 

Là sur les étagères bien garnies, par thématique, des conserves, des pâtes, du lait, des biscuits, quelques produits frais sans oublier des produits d'hygiène. "Et souvent beaucoup de marques", apprécient Audrey et Marie, 21 ans et 23 ans, qui préparent le concours de professeur des écoles. Les deux jeunes femmes, voisines d’appartement, viennent ici pour le deuxième lundi consécutif. "On en a entendu parler par les réseaux sociaux, et grâce à notre panier du jour, on va pouvoir tenir quatre ou cinq jours", confie Audrey soulagée et mise très à l’aise par l’accueil simple et sans jugement. 

L’ambiance en effet est jeune, des deux côtés des tables, et tout est fait pour dédramatiser la démarche. "On est là pour aider et dépanner", confie Marie, l’une des chevilles ouvrières de la Conférence jeune de Saint Vincent de Paul. "On fait juste le lien entre des personnes qui ont voulu faire un geste en donnant de la nourriture lors de collectes organisées en supermarché, et les jeunes qui ont un lieu précis pour venir récupérer de quoi tenir une semaine". Simple et basique, et surtout utile car près de 60 jeunes sont déjà venus lors du lancement le 8 mars, et 80 la seconde semaine, en deux heures. 

Que ce soit des paroissiens ou par le biais de collectes organisées, les gens sont très généreux.

La bonne communication via les réseaux sociaux a donc été efficace, constatent les bénévoles, contents d’être utiles mais désolés de voir autant de jeunes dans le besoin. "On s’attendait à voir beaucoup de jeunes isolés ou étrangers, et c’est en fait loin d’être la majorité", constate Clémence. "C'est beaucoup plus dur que le premier confinement, je n’ai pas pu repartir vivre chez ma grand-mère comme l’année dernière, car je tiens quand même à suivre mes cours, qui parfois peuvent être en présentiel", explique ainsi Audrey. "Je ne m’en sors pas financièrement, mes APL (allocations pour le logement, ndlr) viennent à peine d’être versées après trois mois de demande et sans rétroactivité, et mon propriétaire est exigeant", murmure-t-elle, avant de repartir avec son sac-à-dos bien rempli et le sourire aux lèvres que l'on devine derrière le masque. 

Des pâtes, des sauces tomates et des biscuits, voilà les ingrédients principaux qui partent le plus vite, constatent encore les bénévoles qui se tiennent à la sortie pour affiner la liste de besoins et distribuer un dernier sourire et un lot de masques. Ils pourront ainsi remonter l’information aux paroisses voire aux écoles qui participent à ces collectes comme leur effort de carême. "Que ce soit des paroissiens ou par le biais de collectes organisées, les gens sont très généreux", se réjouit Marie. "Beaucoup se proposent également pour accueillir un étudiant à déjeuner ou pour se promener. On a même une famille qui a emmené un jeune une semaine à la montagne !", raconte encore Clémence. De belles initiatives et des jeunes tournés vers les autres, voici aussi les fruits de cette période difficile.

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