Il est parfois plus facile de se tourner vers Marie que vers Jésus. Son image de mère intimide moins que celle du Crucifié. Les saints ne s’y trompent pas : ils savent qu’elle est un des chemins les plus sûr vers Jésus. Ils expriment pour elle leurs paroles souvent les plus affectueuses, les plus poétiques et les plus inspirantes. Comme ce texte de saint Irénée de Lyon.
Aux yeux de saint Irénée, Père de l’Eglise mort en martyr en 202, Marie est la clé du mystère de l’Incarnation. L’un des premiers théologiens marials, auteur de cet aphorisme célèbre “Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu” a tenu à mettre en lumière le rôle médiateur de la Vierge Marie. Pour lui, il s’agit de la “première vérité dogmatique” sur la Mère de Dieu. Bien avant celle de la maternité divine, de l’Immaculé Conception ou de l’Assomption. Dans un magnifique texte qui vient de son ouvrage Contre les hérésies, saint Irénée oppose Marie, la “médiatrice du salut” à Ève, “la médiatrice de la damnation” :
Marie, vierge, se montra obéissante en disant : “Voici ta servante, Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole” (Lc 1, 38). Ève, au contraire, avait été désobéissante : elle avait désobéi alors qu’elle était encore vierge. De même, donc, qu’Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et pour tout le genre humain. Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud. Ainsi, le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi.
Contre les hérésies, III, 22, 4