separateurCreated with Sketch.

Données de santé : le patient, un simple produit ?

téléconsultation
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Christine Pellen - Gènéthique - publié le 04/03/21
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Les bases de données gigantesques du « big data » se développent dans tous les domaines, et celui de la santé n’est pas en reste. N’est-ce pas le signe d’une médecine qui se déshumanise ?L’intelligence artificielle (IA) promet monts et merveilles. Et le domaine de la santé est l’une de ses cibles. Plus d’efficacité, de précision, de rapidité. La machine devient capable de traiter de monstrueuses quantités de données le temps d’un éclair. Le patient devient un simple jeu de données à traiter. Cette perspective est-elle prometteuse à l’heure de l’explosion de la télémédecine, à la faveur d’un contexte pandémique ?

Pas d’erreurs médicales avec l’intelligence artificielle ?

Bien que l’erreur soit humaine, la machine n’en est pas exempte. Ainsi, il y a un an, les chercheurs de Google se targuaient d’avoir développé un système d’intelligence artificielle qui « pourrait se révéler plus performant que les médecins pour détecter les cancers du sein à partir des mammographies ». Mais les performances du système de Google avaient été comparées à celles de radiologues « qui n’étaient pas spécifiquement entraînés à examiner des mammographies ».

Dans un monde médical dominé par la technique, que devient la relation médecin-patient ?

Pour les chercheurs de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni et de l’Université Simon-Fraser au Canada, « le recours à des techniques de reconstruction d’images basées sur l’IA pour établir des diagnostics et déterminer un traitement pourrait, en fin de compte, nuire aux patients ».

Du patient au client…

Et dans un monde médical dominé par la technique, que devient la relation médecin-patient ? Marc-Olivier Bitker, professeur d’urologie, s’inquiète de la disparition progressive des sens dans l’examen médical au profit de l’utilisation de systèmes intelligents dans le diagnostic et le soin. Il plaide pour le rétablissement de la relation de soin, « une relation physique lors de la consultation », « un moment important témoignant de la confiance du soigné en son médecin et de l’intérêt que ce dernier lui porte ». Le « meilleur soin » ne peut provenir des seuls algorithmes et machines, ni de la généralisation de la télémédecine.

… et du client au produit

Du patient devenu un ensemble de données au produit, il n’y a qu’un pas. Ainsi que l’illustre le fait que l’entreprise 23andMe, qui commercialise depuis une dizaine d’années des tests génétiques destinés à obtenir des informations généalogiques et médicales comme des renseignements sur de potentielles mutations génétiques prédisposant au développement de certaines pathologies, ait vendu en janvier 2020 « les droits d’un médicament établi à partir de sa base de données ». Alors que la mise à disposition sur Internet d’un fichier de 491 840 lignes, correspondant à presque autant de patients français, a rendu publiques leurs données personnelles, administratives ou relatives à leur état de santé, ainsi que cela a été révélé ces dernières semaines, n’est-il pas temps de s’interroger sur le chemin emprunté par la médecine ?


DONATION
Lire aussi :
Loi bioéthique : la fin du « bébé médicament »

Pour en savoir plus : Généthique.

logo genethique
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)