La petite église de Saint-Hilaire à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée), toujours affectée au culte et transformée en Centre d’interprétation du vitrail, expose en ses murs un vitrail autrefois installé à Notre-Dame de Paris.
Érigée en 1904 grâce aux dons des paroissiens, la petite église Saint-Hilaire à Mortagne-sur-Sèvre abrite un vitrail exceptionnel. Placé face à l’autel, dans une structure en acier créée spécialement pour lui, il attire l’attention par ses dimensions mais aussi par son histoire. Réalisé en 1937 par Louis Mazetier, il prenait place à l’origine dans la nef de Notre-Dame de Paris. Les dimensions de ce vitrail sont conséquentes : les deux lancettes mesurent 6,20 mètres de haut pour une largeur de 1,34 mètre tandis que la rose possède un diamètre de 3,30 mètres.
Une église encore affectée au culte
Fermée au public en 2007 pour des raisons de sécurité l’église de Saint-Hilaire a bien failli être rasée. Le clergé et les paroissiens s’y opposant, la chapelle est sauvée in extremis. Et pour cause ! Au-delà de la dimension cultuelle, l’église possède de très beaux vitraux réalisés par Roger Degas illustrant les guerres de Vendée. Une bonne raison de sauver cette chapelle vouée à la destruction. Malgré un refus de la DRAC de classer l’édifice aux monuments historiques en 2015, le département de la Vendée cherche un moyen de valoriser l’église tout en conservant son usage cultuel. Une réflexion qui aboutit au projet “Vendée vitrail” bien accueilli par la commune. Restaurée en 2016, l’église accueille aujourd’hui un centre d’interprétation du vitrail et des messes sont proposées chaque samedi en fin d’après-midi. Elles sont cependant actuellement suspendues en raison du Covid-19.
La redécouverte du vitrail de Notre-Dame de Paris
Fort de ce projet, l’ancien conservateur des antiquités et objets d’art de la Vendée souhaite, dès 2015, exposer dans le nouveau centre un vitrail de Louis Mazetier, vendéen de naissance. Il part ainsi à la recherche du vitrail que l’artiste avait réalisé pour Notre-Dame de Paris en 1937. Démonté en 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci était rangé dans deux caisses, elles-mêmes stockées dans les combles de Notre-Dame de Paris. Depuis cette date, il n’avait jamais été remonté, comme les onze autres vitraux conçus à la même époque par différents artistes pour les baies hautes de la nef.
Ces vitraux, réalisées en 1937 à l’initiative de Louis Barillet, maître-verrier, étaient destinés à remplacer ceux de Viollet-le-Duc de la seconde moitié du XIXe siècle. Chaque baie se composait de deux lancettes, ornées chacune d’une figure sainte. Parmi les artistes célèbres qui ont participé au projet, on retiendra le nom du père Marie-Alain Couturier, un des principaux acteurs du Renouveau de l’Art sacré au milieu du XXe siècle. Louis Mazetier réalisa à cette occasion les figures de saint Bernard et de sainte Jeanne d’Arc. Sur les douze roses était inscrite une phrase du Credo. Celle de Mazetier porte ainsi l’inscription “Je crois au Saint-Esprit”.
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Présentés pour la première fois dans la nef de la cathédrale en 1937, les vitraux sont ensuite exposés au pavillon pontifical lors de l’Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne en 1937 avant d’être remontés en 1938 dans la cathédrale. Déposés pendant la guerre, ils ne furent jamais remontés. La polémique créée autour de la création de ces vitraux explique certainement leur destin funeste.
La renaissance de l’œuvre de Mazetier
Une fois l’autorisation obtenue de mettre le vitrail de Mazetier en dépôt dans l’église de Mortagne-sur-Sèvres, le conservateur assiste à l’ouverture des caisses. Un moment émouvant, car 80 ans ont passé depuis que les vitraux ont été enfermés. Sorties des combles, les caisses sont ouvertes directement sur la tribune de la cathédrale pour une première inspection. Au milieu de la paille qui les protège, les vitraux apparaissent. Il sont quelque peu déformés et fragilisés mais les couleurs sont toujours là, resplendissantes. Une restauration est alors engagée, menée par le centre du vitrail vendéen.
Parmi les douze vitraux réalisés en 1937, sept furent repris par les artistes — certains ont aujourd’hui disparu — et les cinq autres furent entreposés dans les combles de la cathédrale. Quatre s’y trouvent encore tandis qu’un, réalisé par Jacques Le Chevallier, est aujourd’hui exposé à la Cité du Vitrail à Troyes après avoir été exposé sur le parvis de Notre-Dame à l’occasion de 850 ans de la cathédrale.