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Tout est-il permis pourvu qu’il y ait consentement ? Le consentement dans l’amour ne donne pas tous les droits, a fortiori quand ce consentement n’est pas libre.
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Donner son avis suppose-t-il toujours de choisir son camp ? Avouons que le psychodrame qui a provoqué le renvoi d’Alain Finkielkraut de la chaîne LCI me laisse incertain, tant l’accusé a autant tort que raison. « Y a-t-il eu consentement ? » Tels sont les mots qui ont provoqué le scandale. Voulant apporter un peu de contradiction dans l’affaire Olivier Duhamel, le tout-puissant politologue de Sciences Po accusé par sa belle-fille du viol de son frère quand il avait 14 ans, Alain Finkielkraut a cru bon de rappeler qu’un adolescent n’est pas un enfant. La justification de sa question n’est pas sans fondement : « À chaque fois que vous voulez faire une distinction, ça apparaît comme une absolution. À chaque fois que vous recherchez la spécificité, on vous accuse à peu près de complicité de crime. »
Les égarements du philosophe
Il est vrai que la meute qui pourchasse les propos déviants ignore toute nuance et passe rarement par l’écoute de l’objection. Présence précieuse de Finkielkraut sur les plateaux de télévision : il perçoit que l’hystérie collective prétend remplacer le prétoire ; il constate l’avancée d’un féminisme et d’un néo-puritanisme qui font de tout mâle un violeur en puissance. Les nouveaux censeurs progressent chaque jour et le catholicisme n’est pas une de leurs moindres victimes.
Rien de plus faux, en ces affaires, que la maxime « qui ne dit mot consent ». Qui ne dit mot est au contraire pétrifié par la peur et l’incompréhension, au point d’enclencher rapidement un processus de dénégation intérieure : il n’est pas possible que cette personne que j’aime agisse ainsi, donc ça n’est pas !
Égarement de Finkielkraut, tout autant : cet homme si lucide sur les errements de la Modernité ne peut s’empêcher de voir la chienne de garde derrière toute révélation de la violence de la libération sexuelle. Celui qui passe pour un vieux réactionnaire ne peut se défaire d’une nostalgie pour sa période hippie. La même ambivalence apparaît dans son regard sur le catholicisme : Finkielkraut est plein de sympathie pour les analyses des grands intellectuels catholiques de notre temps comme Chantal Delsol ou Rémi Brague et il constate lucidement — et tragiquement, puisqu’il reste athée — que l’homme sans Dieu est plus malheureux que son ancêtre plein de foi. En revanche, il bute une fois de plus sur le sexe : en homme de gauche qu’il demeure, il est ainsi persuadé que c’est Humanæ vitæ qui a vidé les églises, alors que les historiens sérieux, comme Guillaume Cuchet, ont établi rigoureusement que la dégringolade de la pratique dominicale avait précédé d’au moins trois ans l’encyclique. Bossuet, Pascal, Bernanos et Simone Weil, oui, mais à condition qu’ils défendent la pilule ! Benoît XVI, d’accord, mais s’il prône la majorité sexuelle à 13 ans.
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Consentements sous contrainte
Or les adversaires de Finkielkraut ont raison de signaler qu’un véritable consentement ne saurait exister dans une situation d’emprise ou d’autorité. Rien de plus faux, en ces affaires, que la maxime « qui ne dit mot consent ». Qui ne dit mot est au contraire pétrifié par la peur et l’incompréhension, au point d’enclencher rapidement un processus de dénégation intérieure : il n’est pas possible que cette personne que j’aime agisse ainsi, donc ça n’est pas ! Le supérieur général des Chartreux, révélant que le vœu de chasteté donne souvent une acuité sur le sexe que bien des « pratiquants réguliers » n’ont pas, l’indiquait déjà dans les pages de son magistral Risques et Dérives de la vie religieuse (Cerf) :
“Si un père de famille propose une relation de type sexuelle à son fils, même si celui-ci ne résiste pas, on ne peut évidemment pas dire qu’il consent. Il n’a tout simplement pas les moyens psychiques pour résister, ni même pour comprendre ce qui se passe, et le père peut en profiter. Un prêtre pourrait conduire une femme à vivre une relation sexuelle et se défendre plus tard en disant qu’elle avait consenti puisqu’elle était adulte. En réalité, elle a été comme aveuglée par la certitude intime que ce saint homme ne pouvait pas avoir une intention mauvaise et qu’elle devait se laisser conduire”.
C’est pourquoi la question de Finkielkraut, qui ne méritait sans doute ni lynchage ni renvoi, était au minimum maladroite et déplacée. C’est pourquoi aussi l’idée que tout est permis du moment que c’est « entre adultes consentants » est un peu courte.
Un « oui » à sanctifier
Si cette affaire sordide a une vertu paradoxale, c’est de révéler a contrario combien l’échange des consentements, au cours d’un mariage, est une chose aussi belle que fragile. Il faut sûrement plusieurs années pour que deux êtres soient pleinement consentants à leur union. Entre maris et femmes, le consentement n’est pas non plus un droit acquis. Jean-Paul II, qui mit en avant la beauté de l’union charnelle, fut aussi un des premiers à dénoncer le viol conjugal. La beauté de l’amour tient à un « oui » sans cesse à sanctifier. Manifestement, bien des tenants de la « libération sexuelle » n’ont rejeté le mariage que pour mieux considérer que l’autre était par principe consentant. Cela leur permettait sans doute de ne jamais se poser de question.
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