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Musiques sacrées : l’oratorio ou le chant lyrique adressé à Dieu

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 15/01/21
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L’art de l’oratorio trouve ses origines au milieu du XVIe siècle dans les oratoires créés par saint Philippe Néri, à Rome. Dans ces petits cénacles où se réunissaient des laïcs afin de prier, de petits opéras spirituels furent écrits à partir des textes des Saintes Écritures, une pratique appelée à un bel avenir… D’un chant de dévotion à un opéra spirituel.

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C’est à saint Philippe Néri que nous devons l’art de l’oratorio. En effet, c’est lui qui, au XVIe siècle a l’idée de créer de petits cercles à Rome, les oratoires. Leur mission ? Réunir des laïcs de l’aristocratie romaine pour des prières au cours desquelles des méditations sur la Bible ainsi que des chants sur ces motifs religieux sont proposés. Lancé de façon totalement spontanée au départ, les oratoires se multiplient rapidement dans la ville éternelle. Certains demeurent célèbres, tels ceux de Santo Gerolamo della Carità, San Giovanni dei Fiorentini ou encore celui de Santa Maria della Vallicella.

Le compositeur français Sébastien de Brossard, plus d’un siècle après, souligne dans son Dictionnaire de musique que quelques voix, ou de plus grands ensembles, s’associent alors pour chanter des sujets puisés dans l’Écriture ou dans l’histoire des saints. Le genre de l’oratorio est né, et ne va plus cesser de s’étendre en un véritable art musical sacré auprès d’un public de plus en plus large, après ces débuts improvisés.


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Des compositeurs passés à la postérité comme Giacomo Carissimi (1605-1674) vont, en effet, ériger cette nouvelle pratique de l’oratorio en un véritable art musical à part entière, dramatisant pour cela le texte chanté par le recours à un narrateur ou testo, ainsi qu’en complexifiant les associations des voix et des instruments. De véritables drames liturgiques commencent ainsi à naître sous l’inspiration de compositeurs. Les oratorios de Carissimi sur Jephte, le Jugement de Salomon, David, Jonas ou encore du Jugement dernier enchantent non seulement les fidèles, mais aussi un public plus large. L’oratorio se distingue dès lors de la cantate, voisine à ses débuts, et gagne en importance et en ampleur musicale pour s’imposer en véritable musique sacrée.

Un genre musical à part entière donné en concert

L’extension de l’oratorio à d’autres langues que le latin initial, avec notamment en premier l’italien, contribue à l’essor extraordinaire de ce genre et inspire de nombreux autres compositeurs pour certains étrangers, Legrenze, Stradella, Scarlatti, Pergolèse, Caldara, Haendel, mais aussi le grand Bach avec son célèbre Oratorio de Noël

Ainsi, progressivement, cette pratique musicale à l’origine exclusivement sacrée échappe aux seuls cercles religieux pour être donnée en concert au XIXe siècle, au même titre que des opéras. Y sont alors souvent associés un soliste, des chœurs et un orchestre. Cependant, bien que de plus en plus étendus à la sphère profane et donnés en concert, les oratorios gardent paradoxalement, sous l’influence de mélomanes fervents, leurs thèmes et caractère religieux.

 

Des œuvres de cette époque sont pour beaucoup passées à la postérité, notamment La Création de Haydn, avant d’ouvrir la voie à des créations plus récentes telle celle de Debussy avec le Martyre de saint Sébastien ou encore Le Roi David de Honegger, sans oublier le polonais Krzysztof Penderecki, disparu en 2020, avec sa remarquable Passion selon saint Luc


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