Au lendemain de l’occupation du Capitole aux États-Unis par des militants favorables au président Donald Trump mercredi 6 janvier, le cardinal Wilton Gregory, archevêque de Washington, a appelé à délaisser le “ton de division qui a récemment tant dominé” durant la campagne présidentielle américaine,
Le Capitole à Washington a été le théâtre de scènes chaotiques ce mercredi 6 janvier au soir. Des manifestants favorables à Donald Trump ont pris d’assaut le bâtiment provoquant ainsi la suspension d’urgence d’une session du Congrès destinée à certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle. Au lendemain de cet événement le cardinal Wilton Gregory, archevêque de Washington, a appelé à délaisser le “ton de division qui a récemment tant dominé” durant la campagne présidentielle américaine, dans un communiqué diffusé le 6 janvier 2021. D’autres prélats américains, comme le cardinal Joseph Tobin, archevêque de Newark regrette que de tels incidents se produisent “à un moment où la nation devrait chercher à se rassembler”.
Quatre personnes sont décédées le 6 janvier à Washington lors de l’occupation par des manifestants du Capitole où siège le Congrès des États-Unis. Quelque 52 personnes ont par ailleurs été interpellées. Le pape François ne devrait pas réagir à cet événement sans précédent, mais la réaction du cardinal Gregory, créé récemment cardinal lors du consistoire du 27 novembre dernier, revêt une importance toute particulière.
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Le cardinal Gregory a en effet immédiatement réagi dans un communiqué, priant pour la sécurité de des élus, du personnel, des travailleurs, des manifestants et des forces de l’ordre. “Ensemble, exhorte-t-il, nous devons marquer une pause et prier pour la paix en ce moment critique. Le ton de division qui a récemment tant dominé nos débats nationaux doivent changer”. Le haut prélat dénonce également “ceux qui ont recours à une rhétorique incendiaire”, les appelant à accepter leur “part de responsabilité dans l’incitation à la violence croissante dans notre nation”.
L’archevêque de Washington incite encore à défendre les valeurs démocratiques qui respectent les opinions divergents, “même lorsque nous ne sommes pas d’accord”. S’adressant particulièrement aux catholiques, il encourage à “reconnaître la dignité humaine de ceux avec qui nous sommes en désaccord et chercher à travailler avec eux pour assurer le bien commun de tous”.
Appel à l’action de Mgr McElroy
“Les événements d’aujourd’hui montrent le chemin immensément périlleux de la division et de la polarisation dans lequel notre pays s’est engagé ces quatre dernières années”, déclare par ailleurs l’évêque de San Diego, Mgr Robert McElroy, au site National Catholic Reporter. “Aujourd’hui, nous voyons le visage de l’insurrection aux États-Unis comme jamais nous ne l’avions observé au cours des cent dernières années”, a déclaré Mgr McElroy. “Il est laid et nous appelle à l’action.”
“Nous devons immédiatement commencer une régénération morale et spirituelle dans les domaines public et politique”, qui touche le cœur des Américains, ajoute celui qui voit dans ces événements “une terrible attaque contre notre démocratie”. Il affirme que le pays doit embrasser le dialogue plutôt que la division pour aller de l’avant.
“Polarisation de la société américaine”
Le cardinal Joseph Tobin de l’archidiocèse de Newark déclare quant à lui ne pas percevoir les scènes d’émeutes comme “surprenantes”. Il confie ne pas se sentir “choqué” mais “triste”. Le haut prélat y voit “le fruit d’une longue et progressive polarisation de la société américaine”, regrettant qu’elle l’emporte sur “la foi, l’état de droit et la science”. Il déplore “que cela se produise pendant une pandémie, à un moment où la nation devrait chercher à se rassembler”.
“Je m’unis aux personnes de bonne volonté pour condamner” les violences au Capitole, a déclaré pour sa part Mgr José H. Gomez, archevêque de Los Angeles et président de la conférence des évêques catholiques des États-Unis, dans un communiqué. “La transition pacifique du pouvoir est un des marqueurs qui caractérisent” les États-Unis, a-t-il affirmé pressant à “s’engager de nouveau en faveur des valeurs et des principes de notre démocratie et nous unir comme nation sous Dieu”.
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Très discret sur la situation américaine comme l’exige la neutralité pontificale, le pape François avait tout de même contacté dès le 12 novembre le président élu Joe Biden. Ce dernier avait remercié sur Twitter le pontife pour ses “bénédictions et ses félicitations”. Le futur locataire de la Maison blanche avait par ailleurs exprimé “son désir de travailler ensemble sur la base d’une croyance partagée dans la dignité et l’égalité de toute l’humanité, sur des questions telles que la prise en charge des marginaux et des pauvres, la réponse à la crise du changement climatique, l’accueil et l’intégration des immigrants et des réfugiés dans nos communautés”.