L’Épiphanie est le moment d’offrir à Jésus des cadeaux qui lui prouvent notre reconnaissance. Mais la plus belle offrande qu’il ait jamais reçue de la part des hommes fut la Vierge Marie parce qu’elle lui donna son cœur tout entier.
Généralement, c’est au Père que les chrétiens présentent leurs prières, louanges, actions de grâce et adoration. Qu’est-ce que la messe, dans sa dimension ascendante, sinon l’acte de l’Église qui s’offre avec, par et en Jésus, à la gloire du Père ? D’ailleurs, le seul don qui soit à la hauteur de Dieu, n’est-ce pas le Christ ? C’est lui que les croyants offrent au Père en signe de grâce propitiatoire, c’est-à-dire de sacrifice qui nous attire la faveur de Dieu. Selon le psaume 83, le Messie est pour nous un bouclier (« Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie » (Ps 83, 10). Dieu pourrait être tenté de désespérer des hommes. Cependant, en voyant, dans son éternité, l’amour et le désintéressement du Christ durant sa vie terrestre, Il reconnaît que, décidément, il valait la peine d’avoir créé l’espèce humaine ! En ce sens, Jésus constitue notre bouclier qui, en attirant sur nous la bénédiction du Père, nous protège de la sorte des flèches du diable. Ainsi, c’est au Père que les chrétiens adressent en priorité leurs offrandes et leur adoration.
Qu’offrirons-nous à Jésus pour le remercier d’être venu parmi nous ?
Toutefois, Jésus, parce qu’il est venu chez nous au risque d’y souffrir et d’y mourir, mérite bien lui aussi que nous lui offrions des cadeaux ! Telle est l’une des significations de la fête de l’Épiphanie. Les mages venus d’Orient lui rendent hommage et adoration avec l’or, l’encens et la myrrhe. Dans leur sillage, nous sommes invités à lui faire un présent à la mesure de son action en notre faveur. Reste à trouver le cadeau qui soit à la hauteur du mystère de l’Incarnation par laquelle la seconde Personne de la Trinité a consenti à renoncer à ses privilèges divins pour venir épouser une nature humaine marquée par la peine consécutive au péché. Quel présent serait proportionné à ce qu’il en a coûté au Verbe de se faire chair – même s’il ne nous a pas rejoints sans déplaisir ? Avec le Père, nous pouvons toujours offrir le Christ, ainsi que nous le faisons à la messe. Mais que donnerons-nous à Jésus, lui qui est, comme le Père, une personne divine, même s’il est également un homme ?
La Vierge, seul hommage à la hauteur de l’Incarnation
C’est ici qu’il convient de répondre sans fioriture : le plus grand cadeau que les hommes puissent offrir à Jésus est Marie ! Seule l’Immaculée est en effet à la hauteur du mystère de l’Incarnation. Une hymne liturgique de l’Église d’Orient exprime parfaitement cette vérité : « Que devons-nous t’apporter, ô Christ, toi qui t’es incarné sur terre pour nous ? Chacune des créatures qui sont ton œuvre, t’apporte effectivement la preuve de sa reconnaissance : les anges leur amour ; le ciel l’étoile, les sages leurs présents, les bergers leur étonnement ; la terre sa caverne, le désert la crèche. Mais nous, les hommes, t’apportons une Vierge et mère. » Plus que l’or, l’encens et la myrrhe, le véritable cadeau à offrir à Jésus, en guise d’hommage, est sa propre mère ! La première raison tient à ce que la Vierge est la « femme eucharistique » (saint Jean-Paul II) qui rend parfaitement à Dieu ce qu’Il mérite, les remerciements dus à Ses actions en notre faveur.
La Vierge, celle qui a cru, représente donc le présent le plus précieux que les hommes puissent offrir à Celui que le Père a envoyé dans le monde.
Surtout, la Vierge sans péché n’a jamais douté de Dieu. Or, que nous demande Dieu en priorité, quel cadeau Lui fait le plus plaisir ? Notre foi, tout simplement. Dans la synagogue de Capharnaüm, à ceux qui lui demandaient : « Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? », Jésus répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jn 6, 28-29). La Vierge, celle qui a cru, représente donc le présent le plus précieux que les hommes puissent offrir à Celui que le Père a envoyé dans le monde. Dieu ne nous demande pas prioritairement des sacrifices matériels, petits ou grands, ou des renoncements (même s’ils ont leur importance). Le premier don à lui prodiguer consiste à croire en Lui et à l’Incarnation rédemptrice. Sur ce terrain, la Vierge est imbattable. C’est elle dont se prévalent les hommes pour affirmer que Jésus n’a pas connu d’ingratitude absolue sur cette terre. Sans compter que la Vierge, honneur du genre humain, outre sa foi, lui a offert l’hospitalité de son sein virginal, sa protection, son affection et l’instruction !
Le Christ attend que nous lui offrions notre cœur
Que nous apprend la Vierge en tant qu’offrande principale de l’humanité au Christ ? Aux cadeaux extérieurs à l’homme, Jésus préférera toujours le don de nos personnes elles-mêmes. Le fils de Marie attend que nous nous donnions à lui de tout notre cœur et tout notre esprit. C’était déjà la demande du Dieu d’Israël : « Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6, 5). L’homme, seule créature créée pour elle-même, est si chère au cœur de Dieu que le Seigneur ne Se contentera jamais de sa part de simples cadeaux matériels ou d’hommages intermittents. Il désire établir avec Sa créature de prédilection un rapport où la confiance est totale, une relation au sein de laquelle chacun des partenaires s’offre à l’autre. Un époux n’attend pas en priorité que sa femme lui fasse présent de belles montres ou de beaux vestons bien ajustés. Ce qu’il désire, c’est son amour, c’est elle-même ! Il n’en va pas différemment avec Jésus. Ce don de soi, Jésus l’a d’abord trouvé, porté à la perfection, dans la Vierge Marie. Aussi rien n’empêche que nous devenions à notre tour, en lui offrant notre cœur comme le fit la jeune femme de Nazareth, des présents qui réjouiront le sien. Enfin, à ce don, n’oublions pas de joindre la compassion active envers nos frères les plus défavorisés auxquels le Christ s’est identifié (Mt 25, 40).
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