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Trisomie 21, Alzheimer… La découverte qui pourrait révolutionner les traitements

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Fondation Jérôme Lejeune

Structure d’une protéine.

Agnès Pinard Legry - publié le 03/12/20

Développer un médicament pour corriger les troubles cognitifs associés à la trisomie 21 et améliorer la courbe d’apprentissage des patients, c’est ce sur quoi travaille le docteur Laurent Meijer depuis quinze ans. Un projet porteur d’espoir qui se trouve aujourd’hui à une étape décisive.

Son nom ne vous évoquera probablement rien. Pourtant, celle qui le porte pourrait bien révolutionner la recherche médicale. La protéine kinase DYRK1A est au cœur du médicament que le docteur Laurent Meijer et son équipe, de chimistes médicinaux, biologistes cellulaires et pharmacologistes, comptent développer pour permettre de corriger les troubles cognitifs associés à la trisomie 21 ainsi que d’améliorer l’apprentissage des personnes touchées par un handicap mental. Au-delà de la trisomie, ces recherches ont aussi un intérêt majeur pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Soutenu par la Fondation Jérôme Lejeune, cela fait plus de quinze ans que ce spécialiste des protéines kinases et de leurs inhibiteurs y travaille.

“Le génome humain compte 518 kinases”, explique à Aleteia le chercheur. “Elles sont méconnues du grand public mais elles sont un des régulateurs intra-cellulaires essentiels ! Si les kinases du corps humain arrêtaient de fonctionner, la mort surviendrait d’une manière immédiate”. Les chercheurs ont démontré qu’une activité trop élevée de la protéine kinase DYRK1A participait aux déficits cognitifs associés à la trisomie 21, mais aussi à la maladie d’Alzheimer. “Le patrimoine génétique humain est composé de 23 paires de chromosomes, soient 46 chromosomes. Chez une personne porteuse de trisomie 21, le chromosome 21 est présent en trois exemplaires au lieu de deux. Or sur ce chromosome, vous avez environ 250 gènes et, parmi eux, au moins trois sont impliqués dans la maladie d’Alzheimer dont le gène DYRK1A”. Les porteurs de trisomie 21 présentent une forme d’Alzheimer accéléré dont les premiers signes peuvent parfois apparaître de façon précoce, dès l’âge de 40 ans. “Vers 60-65 ans, le taux de démence est déjà élevé pouvant atteindre 90-95% chez les personnes avec trisomie 21 encore plus âgées”, reprend le chercheur.

Une phase cruciale

Aujourd’hui, le projet DYRK1A en est à sa phase préclinique avec le développement d’un candidat-médicament. Cette phase est cruciale pour acquérir les premières connaissances sur les propriétés pharmaceutiques de ce produit, indispensables avant un quelconque essai chez l’homme. “Nous avons synthétisé près de 950 molécules afin qu’elles soient le plus solubles possibles pour franchir les différentes barrières : intestinale, sanguine et celle du cerveau, tout en préservant une activité maximale”, indique encore le docteur Laurent Meijer. Certaines molécules, parce que moins actives sur la kinase, métaboliquement instables ou trop insolubles, ont été laissées de côté. “C’est en améliorant petit à petit les molécules, en les modifiant atome par atome, qu’on arrive à un candidat-médicament”.

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Fondation Jérôme Lejeune
Laurent Meijer.

Mais pour produire 500 grammes de ce candidat-médicament, il faut compter entre 300.000 et 400.000 euros. “Cette dose quantité importante permet de faire un maximum de tests pour étudier son innocuité, et s’assurer par exemple, qu’il n’est pas mutagène ou cardiotoxique, et qu’il peut donc être administré à l’homme”, reprend le chercheur. Entre le coût de fabrication du candidat-médicament et la réalisation des tests, la seule phase préclinique coûte 2 millions d’euros.


FONDATION LEJEUNE

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“Nous n’avons pas la prétention de guérir les patients mais au moins d’améliorer leur situation condition”, reconnaît le docteur Laurent Meijer. “S’ils apprennent mieux, ils s’intégreront mieux dans la société par la suite”. Au fil des mots, le langage scientifique de Laurent Meijer laisse place à celui du cœur. “En me documentant sur cette kinase j’ai vu qu’elle était impliquée dans un tas grand nombre de maladies dont la trisomie, Alzheimer, le diabète, certains cancers… Si on peut modifier son activité, on peut avoir un sérieux impact. Et puis j’aime bien l’idée que finalement ceux que la société considère comme les plus faibles, les trisomiques en raison de leur patrimoine génétique, vont pouvoir aider toute la population. C’est une revanche assez sympathique !”

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