Les Coréens apprécient les sonorités particulières de l’orgue français et passent de plus en plus souvent commandes d’instruments fabriqués dans l’Hexagone. Un exemplaire construit par les ateliers de Michel Jurine doit bientôt partir pour la ville Mokpo et prendre place dans une basilique flambant neuve.Un facteur d’orgue de la région lyonnaise va livrer très prochainement son troisième orgue en Corée du Sud, un pays où la forte croissance des catholiques galvanise la construction de nouvelles cathédrales et basiliques. Métier d’art et de traditions, les facteurs d’orgue sont aujourd’hui peu nombreux en France. La rareté n’empêche pas la qualité car ils restent les seuls à savoir produire “le son français” qui, de l’avis des spécialistes et des musiciens du monde entier, reste unique.
C’est d’ailleurs grâce à cette spécificité française que commence notre histoire. En 2015, le département de musicologie de l’Université de Séoul, en Corée du Sud, souhaite acquérir un orgue pour ses étudiants. Les professeurs et responsables se réunissent donc pour réfléchir à l’entreprise à laquelle ils vont s’adresser. Il se trouve qu’en Corée près de 90% des orgues sont d’origine allemande, l’idée est donc de chercher des contacts de ce côté là. Mais voilà qu’un jeune professeur musicien explique que rien ne remplace le son “à la française”, son qu’il a découvert lors de ses années étudiantes au conservatoire de Lyon. Il se souvient d’ailleurs d’un monsieur qui venait régulièrement faire de la maintenance sur l’orgue des étudiants. Peut-être pourrait-il être de bon conseil ? Ce monsieur, c’est Michel Jurine, un facteur d’orgue installé en Rhône-Alpes et qui, outre la maintenance et la restauration de nombreux orgues, réalise aussi des orgues neufs. Le contact est pris, la commande est validée. Il livre son premier orgue à l’Université de Séoul en 2016.
Cathédrale, basilique, toutes veulent un orgue français
Parallèlement, le nombre de catholiques ne cesse d’augmenter en Corée du Sud (+2,7% chaque année en moyenne). Les fidèles représentent aujourd’hui près de 10% de la population soit cinq millions de chrétiens et il faut bien les accueillir dans les églises devenues trop petites. C’est ainsi qu’à Daegu, la quatrième ville du pays, une nouvelle cathédrale pouvant accueillir jusqu’à 35.000 personnes est construite en 2015. Qui dit nouvelle cathédrale dit nouvel orgue ! Michel Jurine est à nouveau sélectionné pour réaliser l’instrument et le voilà sur place pour installer un deuxième orgue français en Corée.
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Dans la ville de Mokpo, petit port de pêche sur la mer jaune situé à la pointe sud-ouest de la péninsule coréenne, une nouvelle basilique se construit actuellement. Elle est destinée à accueillir les pèlerinages en l’honneur des premiers missionnaires et martyrs chrétiens ayant débarqué en Corée afin d’évangéliser le pays. Le sanctuaire abritera des reliques de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et un immense orgue “à la française”, un orgue sorti des ateliers de Michel Jurine.
Actuellement en construction, les ateliers de Michel Jurine utilisent l’église de Givors (69) pour le montage de l’instrument et les tests acoustiques. Le nouvel orgue mesure sept mètres de haut, huit mètres de profondeur et presque six mètres de largeur. “Il a déjà nécessité trois ans de travail soit près de 15.000 heures”, explique à Aleteia le facteur d’orgue qui travaille à donner un son et un timbre à chaque tuyau. “Nous attendons la venue des Coréens courant mai 2021 pour qu’ils découvrent l’orgue, puis celui-ci sera démonté pièce par pièce pour partir en bateau durant six semaines vers Mokpo. Si tout se passe bien, nous devrions le monter sur place en décembre 2021”, complète Michel Jurine.
Encore quelques mois de patience donc, avant d’écouter le son français dans une basilique flambant neuve. Le temps de consulter un atlas pour découvrir la ville d’Andong qui devrait, à son tour, accueillir un orgue français d’ici à 2023.