En 1091, Le pape urbain II confie à Pise le gouvernement de la Corse. L’archevêque de Pise est chargé de rechristianiser l’île et de reconstruire des édifices religieux. Les bénédictins des abbayes toscanes et ligures en profitent pour acquérir des biens sur l’île. C’est une période de paix et de prospérité. Plus d’un millier d’églises romanes voient le jour en deux siècles (XIe-XIIIe), grâce à des maçons venus de Toscane. Il en reste encore près de 300, mais elles ne sont pas toujours faciles à trouver, car les églises romanes de Corse ne se trouvent pas au milieu des villages actuels, comme sur le continent. Elles ont été implantées aux croisements des chemins muletiers, aux franchissements des cols, pour que toute la population puisse s’y rendre à pied. En effet, elles desservaient des "piève". Ce mot corse vient du latin plebs le peuple. Il pourrait se traduire par paroisse, mais il désignait plutôt une vallée ou un morceau de vallée.
Au Moyen Âge, la Corse comporte six évêchés et plus d’une centaine de piève qui sont à la fois des lieux de rassemblement des chrétiens et des lieux d’exercice du pouvoir civil. Dans cette île de montagne où les communications sont difficiles, l’évêque se faisait représenter par un prêtre piévan seul habilité à baptiser. En plus des églises piévanes, d’innombrables chapelles romanes servaient de lieux de prière au quotidien dans les campagnes. C’est pourquoi, en Corse, on voit de belles églises romanes isolées en pleine campagne, à l’écart des villages. Il faudra attendre la domination génoise (XIIIe-XVIIIe) pour voir s’élever des églises paroissiales sur la place des villages. Elles seront alors baroques. Il n’y a pratiquement pas eu de gothique en Corse. On est passé directement du roman tardif au baroque.