“Souffle et âme des protestations”, les chrétiens ont joué un rôle important dans les manifestations qui se sont déroulés à Hong Kong. Si la loi réduisant encore leur liberté est entrée en vigueur en juillet dernier, ces chrétiens restent des voix fortes et écoutées auprès de la communauté internationale où ils témoignent courageusement de la situation toujours plus difficile. Découvrez ceux qui se battent pour que “la vérité et la justice ne meurent pas dans le silence”.Les chrétiens ont joué un rôle important dans les manifestations qui se sont déroulés à Hong Kong. Si cela n’a pas empêché l’entrée en vigueur le 30 juin 2020, de la loi nationale sur la sécurité, réduisant à néant le modèle “un pays, deux systèmes”, ces chrétiens restent des voix fortes et écoutées sur place mais aussi auprès de la communauté internationale où ils témoignent courageusement de la situation toujours plus difficile. Ainsi, le 10 août dernier, dix personnalités étaient interpellées par les autorités chinoises, dans un vaste coup de filet contre la mouvance pro-démocratie, accusées d’avoir conspiré avec des étrangers pour “provoquer le chaos”. Pourtant des personnalités continuent à les soutenir, et tous témoignent du courage et de la force qu’ils puisent dans leur foi.
1Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite
Évêque émérite de Hong Kong qu’il a dirigé de 2002 à 2009, le cardinal Joseph Zen, 87 ans, est une grande figure de la lutte pour la démocratie et les libertés religieuses en Chine. Opposant de la première heure du régime de Pékin, il s’est également soulevé contre l’accord passé entre le Vatican et la Chine, en 2018, sur la nomination des évêques du pays. Ne mâchant pas ses mots, il a témoigné dans de nombreux journaux internationaux de son inquiétude. “Depuis la rétrocession de Hong Kong le 1er juillet 1997, le régime chinois n’a cessé de se transformer en un régime de plus en plus totalitaire, à l’intérieur de ses frontières comme pour Hong Kong ou Taïwan. Hong Kong s’attend au pire maintenant et je ne vois pas ce que nous pourrions faire à moins d’une réaction internationale forte”, a-t-il notamment témoigné.
Lire aussi :
À Hong Kong, l’avenir incertain de l’Église
2Agnes Chow, 23 ans
Figure du mouvement des parapluies en 2014, Agnès Chow fonde avec Joshua Wong et Nathan Law, le parti Demosisto (démocratie et résistance) et devient une des figures de l’opposition. Aujourd’hui âgée de 23 ans, elle est l’une des premières personnalités politiques de l’opposition à avoir été appréhendées pour “collusion avec des forces étrangères”, selon les termes de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin depuis le 1er juillet dernier. Profondément catholique, Agnes Chow ne cache pas que la religion joue un rôle important dans son engagement. Parlant aussi bien le cantonais que le mandarin mais aussi le japonnais et l’anglais, elle est une figure d’Hong Kong à l’international. Son récent passage en détention provisoire a permis à certains de la comparer à la légendaire héroïne chinoise Mulan : loyale, courageuse, battante, risquant la prison pour ses idées.
3Joshua Wong, 24 ans
Autre figure de proue du mouvement de contestation depuis dix ans à Hong Kong, Joshua Wong, 24 ans, est protestant et a été déjà plusieurs fois et emprisonné. S’il craint de nouveau une arrestation, il partage notamment avec les médias étrangers sa détermination sans faille. “Il ne s’agit pas de savoir si nos choix sont faciles ou pas, mais s’ils sont justes ou injustes. Se battre pour préserver la démocratie sous un régime chinois autoritaire est une obligation, nous n’avons pas le choix. Nous continuerons notre campagne internationale afin que la vérité et la justice ne meurent pas dans le silence”.
4Jimmy Lai, magnat de presse
Faisant partie des dix personnes interpellées dans un vaste coup de filet contre la mouvance pro-démocratie, Jimmy Lai a été arrêté le 10 août 2020 par les autorités chinoises, puis libéré sous caution quelques jours après. Âgé de 71 ans, le magnat de la presse hongkongais est propriétaire du tabloïd Apple Daily, très critique envers Pékin. Connu pour être catholique, il est un fervent soutien de personnalités de l’Église à Hongkong, notamment le cardinal Joseph Zen. Il aurait réalisé des dons à hauteur de 20 millions de dollars en faveur du cardinal, qui les a utilisés pour soutenir l’Église catholique dite “souterraine” (non-officielle) de Chine. La plus grande part de ces fonds a servi à renforcer le mouvement pro-démocratie à Hongkong.
5Mgr Joseph Ha, évêque auxiliaire
En novembre 2019, au terme de quinze jours de siège de l’Université Polytechnique, Mgr Joseph Ha, 58 ans, évêque auxiliaire de Hong Kong, est entouré de policiers avec qui il négocie calmement l’évacuation des derniers étudiants toujours présents dans les locaux. Les témoins de la scène sont impressionnés par la personnalité de cet homme courageux, qui n’a jamais hésité à monter en première ligne depuis le début des protestations contre le gouvernement. Une travailleuse sociale et catholique convaincue a ainsi témoigné dans La Croix : “Il a réussi à les faire évacuer sans qu’ils soient violentés et arrêtés par la police. Mgr Ha est un héros, un homme bon, proche des gens. Certaines personnes ont même voulu devenir catholiques en le voyant si engagé sur le terrain depuis des mois”.
6Les paroisses
Il y a près de 430.000 catholiques hongkongais (outre 100.000 catholiques d’origine étrangère, essentiellement des Philippines et du Vietnam) sur une population totale de 7,5 millions d’habitants. Hong Kong compte 53 paroisses, 200 prêtres (dont 70 diocésains) et 600 religieuses de différentes congrégations. Selon des témoignages de catholiques sur place, si le diocèse ne prend pas parti et reste très discret, de nombreux jeunes prêtres sont très actifs. S’ils ont peur de s’exprimer publiquement de crainte d’être critiqués par la hiérarchie, ils agissent bel et bien en coulisses, protégeant les lycéens lors des charges de la police (en ouvrant leurs églises), ou récoltant des vêtements et de la nourriture pour les manifestants. Nombreux sont-ils à être sensibles au modèle de l’Église catholique sud-coréenne qui s’est engagée contre la dictature en 1987.
7L'enseignement catholique ?
Dans le diocèse, il y a 252 écoles catholiques et jardins d’enfants au service de 150 000 enfants. L’Église catholique gère également six hôpitaux, treize cliniques, quatorze maisons de retraite et de nombreuses autres associations caritatives. Depuis le décès de Mgr Michael Yeung en janvier 2019, c’est le cardinal John Tong qui est administrateur apostolique en attendant la nomination d’un nouvel évêque par Rome. Si à l’occasion d’un message de Noël, celui-ci a exhorté le gouvernement “à écouter la voix du peuple et à mener une enquête indépendante sur plusieurs affrontements violents entre des manifestants et la police”, l’administrateur apostolique reste très discret afin de ne pas froisser Pékin. Dans une lettre envoyée le mardi 4 août aux 252 établissements primaires et secondaires catholiques, le diocèse a ainsi envoyé “des recommandations” pour l’application concrète de la loi de la sécurité nationale. Le diocèse demande ainsi de développer “les valeurs correctes sur de l’identité nationale [des élèves], en accord avec l’enseignement catholique”.
Lire aussi :
Les chrétiens de toutes les traditions appelés “à prier sans relâche pour Hong Kong”