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Non, l’oraison, ce n’est pas se contempler le nombril sous le regard de Dieu

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Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 15/07/20
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Pour la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, l’Église nous propose de méditer sur le désir de l’âme dans l’oraison. Faire oraison, c’est se laisser transformer par le désir de Dieu, dans la prière de l’Église, pas se contempler le nombril sous le regard de Dieu. Homélie de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Pour la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, l’Église nous propose de méditer sur le désir de l’âme dans l’oraison. Faire oraison, c’est se laisser transformer par le désir de Dieu, dans la prière de l’Église, pas se contempler le nombril sous le regard de Dieu. Homélie de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Pour célébrer Notre-Dame du Mont Carmel, un passage du prophète Élie aurait été le bienvenu. Mais l’Esprit-Saint, qui connaît son travail, nous propose plutôt un passage du prophète Isaïe, tout à fait dans l’esprit du Carmel : « Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme. Mon âme, la nuit, te désire, et mon esprit, au fond de moi, te guette dès l’aurore » (Is 26, 8-9). Cela pourrait être une description adéquate de l’oraison telle que l’ont enseigné les grands maîtres du Carmel, de Jean de la Croix à Thérèse d’Avila en passant par Thérèse de Lisieux ou Élisabeth de la Trinité.

Faire oraison, ce n’est pas viser des états mystiques spectaculaires, être collé au plafond par mode de lévitation ou avoir le cœur qui palpite devant le Saint-Sacrement.

Faire oraison, ce n’est pas viser des états mystiques spectaculaires, être collé au plafond par mode de lévitation ou avoir le cœur qui palpite devant le Saint-Sacrement. Faire oraison, c’est désirer la présence agissante du Père, du Fils et de l’Esprit dans le silence de l’aube ou de la nuit. Faire oraison, c’est faire mémoire des grâces et des lumières déjà reçues dans mon histoire lorsque mon expérience de Dieu devient aride et obscure (et c’est peut-être le plus fréquent pour beaucoup d’entre nous). Faire oraison, c’est murmurer le Nom de Jésus quand l’ennui ou les distractions envahissent mon esprit.

L’oraison, la prière de l’Église

L’oraison n’est pas une technique de méditation à la mode orientale, ni une introspection psychologisante à la mode occidentale. Il ne s’agit pas avec Bouddha de faire le vide en soi et de supprimer tout désir, puisqu’au contraire l’âme d’oraison est une âme d’un désir infini, et qui souhaite être remplie de la présence de Dieu. Il ne s’agit pas avec Freud d’identifier ses névroses pour mieux s’accepter et être en accord avec soi-même, mais que nos blessures soient habitées par l’Esprit-Saint et que notre volonté s’accorde chaque jour un peu plus à la volonté de Dieu.


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Autrement dit, il ne s’agit pas de se contempler le nombril sous le regard de Dieu. Et même si des mystiques chrétiens ont parlé d’être seul avec le Seul, faire oraison n’est pas un exercice solitaire : c’est une participation à la prière de l’Église, à la communion des saints. Il n’est pas anodin que dans les communautés religieuses, l’oraison est un temps communautaire qui a lieu dans l’église conventuelle : la présence silencieuse des frères autour de soi est le meilleur stimulant à la persévérance.

Être fidèle, patient, et ne pas s’arrêter au seul ressenti : c’est si simple, divinement simple, et pourtant diablement compliqué dans une époque où la fidélité est réputée impossible, où tout doit être à portée de clic en quelques secondes, et où nous sommes gavés d’images, de sons, de sensations…

Se laisser transformer de l’intérieur

Faire oraison, c’est donc simplement de laisser Dieu venir habiter en nous, et nous transformer de l’intérieur. C’est à la portée de tous les baptisés, et c’est nécessaire pour tous les baptisés. Il suffit d’être fidèle — un peu de temps chaque jour —, d’être patient — l’action de Dieu sur l’âme humaine prend du temps, parce qu’elle est pleine de délicatesse et parce que nous lui opposons de la résistance —, et de ne pas déserter sous prétexte de ne rien ressentir — Dieu n’est pas dans l’ouragan, l’incendie ou la tempête mais dans la brise légère.



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Être fidèle, patient, et ne pas s’arrêter au seul ressenti : c’est si simple, divinement simple, et pourtant diablement compliqué dans une époque où la fidélité est réputée impossible, où tout doit être à portée de clic en quelques secondes, et où nous sommes gavés d’images, de sons, de sensations…

Le combat de Dieu

Mais ce combat, c’est Dieu qui le mène pour nous et en nous. Et puis ce sont les anges et les saints. En cette mémoire de Notre-Dame du Mont-Carmel, demandons à la Vierge Marie et aux grands saints du Carmel de nous donner à tous une âme d’oraison. C’était la mission qu’Élisabeth de la Trinité avait reçue : « Il me semble qu’au ciel ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles-mêmes, pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux ; de le garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles et de les transformer en lui. » Que cette prière de l’humble carmélite de Dijon soit exaucée pour que nous devenions des saints selon le cœur de Dieu. Amen.

 


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