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Le domaine des Janots dans le hameau de Vérosvres surgit au détour d’un chemin de campagne. Deux maisons en pierres se font face : celle de la famille Alacoque et celle des Delaroche, la grand-mère de Marguerite. Du XVIIe siècle, époque de la naissance de Marguerite, il ne reste qu’une chambre transformée en chapelle et qui a gardé son plafond peint. Le bâtiment principal a été remanié au XIXe siècle et deux soeurs Simone et Suzanne de la communauté de Saint-François d’Assise accueillent chaleureusement tous les pèlerins.
Face à la chapelle, l’ancienne ferme où Marguerite s’est installée en 1657 après une grave maladie. À quatorze ans, elle fait le voeu de rentrer au couvent si elle guérit. L’ancienne cuisine où elle resta de nombreuses heures est aussi sombre que les années passées avec sa grand-mère et ses tantes maltraitantes. À côté de la cheminée, un film autobiographique défile sur une télévision vintage...
En partant vers le village de Vérosvres on aperçoit au loin la pierre où elle priait lorsque ses tantes lui interdisait d’aller à l’église du village. "Nous n’avions plus aucun pouvoir dans la maison et nous n’osions rien faire sans permission. C’était une guerre continuelle et tout était fermé à clef", écrit-elle. Depuis le rocher (situé dans un champ privé) elle voyait l’église où elle fut baptisée puis confirmée. C’est lors de ce dernier sacrement qu’elle demande à l’évêque Chalon d’ajouter Marie à son prénom.
L’église de Vérosvres est à quinze minutes de marche de sa maison natale. Nous sommes au coeur du Brionnais Charolais, un pays d’élevages de la race Charolaise, de bocages, de pâturages aux reliefs vallonnés, d’étangs et de cours d’eaux. À Suin, au sommet de la butte, la vue à 360 degrès sur le bocage Bourguignon est impressionnante. Par beau temps on aperçoit même le massif du Mont Blanc ! Chaque été, des pèlerins marchent de Vérosvres à Suin (5 km) pour célébrer la Vierge Marie tant aimée par Marguerite-Marie. Les jours d’été, la petite église romane de Notre-Dame de l’Assomption n’est pas assez grande pour accueillir tous les fidèles...
Guidée par une voie spirituelle, "c’est là que je te veux", Marguerite-Marie choisit les Visitandines à Paray-le-Monial pour entrer au couvent. Le 19 juin 1671, elle quitte Vérosvres pour "régler ses affaires", et dire adieu à sa mère effondrée. Dans de nombreuses églises romanes aux alentours on retrouve les signes de cette sainte présence. Une fresque, un vitrail, un bas-relief rendent hommage à celle qui a su comprendre l’amour de Dieu.
Sur les pierres ocrées des petites églises romanes qui entourent le château de Cocheval (lieu où elle aimait se retrouver en présence de sa marraine), de Charolles (lieu de sa première communion) et de Paray-le-Monial on retrouve sur les tympans et les chapiteaux sculptés la présence divine. De hauts clochers de pierres majestueux nous indiquent le chemin vers les villages de Saint Germain-en-Brionnais, Bois-Sainte-Marie, Vareilles… La route égraine une centaine d’églises et de chapelles richement décorées. La montée en puissance de l’abbaye de Cluny et la résistance orchestrée par les évêques d’Autun et de Mâcon ont favorisé cette course artistique effrénée conférant à ces lieux de prière un charme unique. Au départ de Paray-le-Monial plusieurs voies vertes permettent de rejoindre à vélo (à louer à l’office de Tourisme) ou à pieds la route des églises romanes.
Le message d’Amour laissé par Marguerite-Marie se lit un peu partout à Paray-le-Monial. À la chapelle de la Visitation lieu des apparitions du Christ, à la chapelle La Colombière qui expose les reliques de Saint Claude, son fidèle maître spirituel, sous le dôme dédié au Sacré Coeur dans le parc des Châtelains, dans la chapelle Saint Jean où les fidèles viennent prier en silence sans oublier la basilique du Sacré Coeur qui, grâce à son élégance et ses proportions parfaites offre une source de joie et d’apaisement.
Des signes de sa présence il en est aussi question au musée Hiéron consacré à l’art religieux. À côté des retables et des ciboires figurent quelques oeuvres contemporaines dont le décodage spirituel n’est pas toujours simple... Ce n’est pas le cas de l’exposition "Croix de peu" de l’artiste Didier Hays. Il imagine avec trois fois rien des croix de fortune oniriques et touchantes qui font écho à la vie de Marguerite-Marie chez les Visitandines. Une vie simple totalement dédiée à l’Amour du coeur de Jésus.