Le réalisateur Frédéric Jacovlev s’est rendu à Alep, en Syrie, pour capter images et témoignages au cœur d’une ville transfigurée par la foi après avoir connu le pire. Même si le pire est toujours là, plus encore qu’au milieu des bombardements. Intitulé « Chrétiens d’Alep, le défi d’une reconstruction », son documentaire sera diffusé sur France 2 à 10h30, ce dimanche 5 juillet.Dix ans que les Aleppins n’ont pas entendu de clocher sonner. Dix ans aussi que les pierres s’effondrent au fur et à mesure. Depuis trois ans, plus d’électricité, d’eau, de matières premières, ni même de lieu sécurisé. Mais une haute silhouette se détache parmi les décombres : la cathédrale saint Élie est en plein sur la ligne de front, un bouclier pour les civils. Autrefois patrimoine mondial de l’Unesco, la belle se montre défigurée. La ville d’Alep, en Syrie, a tout perdu, nous disent les images, elle est plongée dans le silence, mais non pas dans l’oubli comme en témoigne le documentaire réalisé par Frédéric Jacovlev “Chrétiens d’Alep, le défi d’une reconstruction”, qui sera diffusé sur France 2 à 10h30, ce dimanche 5 juillet. Ne s’attardant pas longtemps sur les ruines, le réalisateur, qui a passé plusieurs mois sur place, cherche les âmes vives qui attendent le retour à la vie.
“Ce film engage notre responsabilité à tous”
“Ce film engage notre responsabilité à tous par rapport à ce qu’il s’est passé à Alep et en Syrie en général”, ne manque pas de rappeler Mgr Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, à l’occasion de la diffusion du documentaire. “Alep a encore un avenir, mais cela dépend aussi de nous.” Une manière de résumer la situation et le pourquoi de tels dégâts. Dans les faits, le conflit syrien dure depuis mars 2011 et a déjà fait près de 400.000 morts, civils et soldats confondus, sans compter les onze millions de déplacés et réfugiés. Le pays est à feu et à sang, son économie ravagée et sa population en butte à la reconstruction si difficile à mettre en œuvre. Mais sans la responsabilité de la communauté internationale, plutôt légère, la Syrie ne serait sans doute pas si étouffée. “Toutes les puissances internationales se ruent sur le drame pour tirer leur épingle du jeu”, s’insurge le directeur de l’Œuvre d’Orient, qui agit aux côtés de l’église syrienne dans les relations diplomatiques. “La réponse des États-Unis et de l’Union européenne a été la sanction économique à l’encontre de la Syrie, c’est contre-productif, cela ajoute à la souffrance de la population.”
L’Église sera reconstruite en premier
“Quand les gens reviennent dans leur quartier, la première chose qu’ils demandent est de reconstruire l’église”, témoigne Vincent Gelot, chargé de mission en Syrie, au Liban et en Jordanie pour l’Œuvre d’Orient. D’ailleurs, le 20 juillet prochain est à marquer d’une pierre blanche : ce sera l’inauguration de la cathédrale saint Élie célébrée en grande pompe, le premier édifice d’Alep à bénéficier de travaux de reconstruction avec une charpente tout droit venue d’Italie. Les habitants, chrétiens et musulmans confondus, sont tous impatients de la voir ressembler à nouveau à une œuvre d’art. Il faut dire que les chrétiens ont particulièrement souffert de la guerre, alors qu’ils étaient deux millions dans le pays (8% de la population), ils ne sont désormais plus que 1 ou 2%. Pour autant, ils jouissent désormais d’une certaine paix et le pire semble derrière eux. Seul le front du Nord-Est est réellement actif. Malgré tout, le réalisateur tout comme Mgr Tobji, l’évêque du lieu, témoignent de l’immense traumatisme des habitants. L’évêque d’Alep assure même qu’”ils vivaient mieux à l’époque de la guerre » et que « maintenant c’est encore plus terrible pour la population”. À travers ces visages et tous ces témoignages nous découvrons deux trésors cachés, celui de la cathédrale mis à l’abri des bombes dans les murs, et celui de la foi des Syriens, qui n’a rien perdu de sa ferveur. Alep a encore un avenir.
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Chrétiens d’Alep, le défi d’une reconstruction, de Frédéric Jacovlev, diffusé sur France 2 à 10h30, pour Le Jour du Seigneur, dimanche 5 juillet.