Les premières années de mariage sont un défi pour les jeunes couples. Et si un départ au loin permettait de poser un socle solide ? L’ONG catholique Fidesco envoie depuis bientôt 40 ans des volontaires dans de nombreux pays du monde afin de participer à des projets de développement lancés par l’Église locale. Parmi eux, des couples “just married” qui décident de consacrer leurs premières années de mariage à une mission humanitaire. “Comment ancrer solidement notre vie de couple ?” ; “Comment nous dépasser à deux ?” ; “Comment construire notre propre identité ?” ; “Comment nous mettre au service ensemble ?”. Autant de questions que peuvent se poser avec insistance de jeunes époux désireux de donner du sens à la vie à deux. Gwenaël et Laetitia, 25 et 28 ans, s’apprêtent à se marier le 18 juillet. Ils partiront en mission à l’automne prochain à Manille (Philippines). Comme eux, de jeunes ménages se posent la question de la mission au tout début de leur mariage. Un moyen de se concentrer sur l’essence même du mariage en construisant un socle solide pour les années à venir. “Pour nous, après le mariage, c’était le bon moment. On trouvait cela super de construire nos premières années de couple là-dessus”, explique Laetitia. En s’exilant de leur vie parisienne, ils espèrent pouvoir se centrer sur leur couple, se focaliser sur l’essentiel et se découvrir dans le service de l’autre, à travers un mode de vie “simple, plein de difficultés et de joies”. La mission permet en effet de découvrir à deux la grâce du couple et sa vocation, avec son identité propre, loin de la famille et des amis, en mettant de côté la vie mondaine et culturelle.
“Nous avions envie d’être bousculés dans nos convictions et de prendre une grande claque dans la gueule”. Il y a huit ans, Emmanuel et Emmanuelle, aujourd’hui 37 et 33 ans et parents de trois garçons de 5 ans à 6 mois, partaient pour deux ans de mission à Concepción (Chili) avec Fidesco. Cette ONG qui envoie des volontaires – célibataires, couples et famille – dans les pays du Sud a particulièrement à cœur d’accompagner les jeunes couples. Là-bas, ils ont travaillé dans un foyer pour enfants. Alors qu’ils étaient mariés depuis tout juste deux ans, cette expérience a marqué leur vie et les a fortifiés. “Cela a permis de souder complètement notre couple”, explique Emmanuelle. “Nous n’avions pas de télévision. Nous avons discuté de plein de choses et nous avons aussi appris à ne pas forcément parler, à être en silence. Il y a eu parfois de grandes difficultés que nous avons traversées ensemble”.
C’est cette réalité qu’expérimentent à leur tour Clémence et Victor, 28 et 29 ans. Mariés il y a à peine un an, ils sont partis à Cuba un mois après leur mariage. Là-bas, lui s’occupe du suivi des chantiers de la maison sacerdotale tandis qu’elle s’occupe de la gestion et de l’administration de la paroisse, ainsi que de sa bibliothèque. Ils assurent également une mission de présence dans différents quartiers de la ville. Ce projet était motivé par l’attrait de l’aventure mais aussi par le désir de donner plus de sens à notre vie quotidienne et de partager ce qu’ils avaient reçu. “Nous avons eu la chance tous les deux d’avoir été très gâtés par nos parents, nos amis et nous voulions partager ce que nous avions reçu plus jeunes”, explique Clémence.
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“Nous savions que ce serait deux années fondatrices pour notre couple. Nous sommes tout le temps ensemble, nous nous levons ensemble, nous prenons le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner ensemble, nous travaillons à quelques mètres l’un de l’autre. Cela nous soude beaucoup et nous rapproche encore plus. Nous partageons un quotidien de travail que nous n’aurions jamais connu en France et qui nous permet d’échanger en profondeur”, souligne Victor. “Il y a eu un vrai dépaysement au début mais maintenant, nous sommes chez nous”, poursuit Clémence.
Le fait de se retrouver à l’autre bout du monde en coupant avec sa vie d’avant est pour eux un moyen formidable d’apprendre à découvrir l’autre tel qu’il est vraiment et non tel qu’il est rêvé. “Tous nos amis et notre famille sont à 10.000 kilomètres. Au début de la mission, tout ce qui nous restait de notre vie d’avant, c’était notre couple”, explique Victor. “Je n’avais que lui”, lance pour sa part Clémence. En cas de coup dur, pas possible pour elle d’aller en terrasse raconter ses peines à une sœur ou une copine. En mission, au milieu des difficultés, la seule ressource stable, c’est l’autre. “Notre communication s’est améliorée et nous avons appris à nous connaître d’une autre manière. Notre façon de dialoguer et de communiquer s’est encore enrichie. Cela a été quelque chose d’un peu fondateur pour notre couple”, poursuit la jeune femme.
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La mission est en effet une école d’émerveillement face à l’autre. Elle permet de toucher du doigt ses talents insoupçonnés grâce au dépassement des limites, de découvrir en lui des ressource nouvelles, de se laisser surprendre. “On n’a que l’autre sur lequel on peut s’appuyer, et le Seigneur. Cela apprend à se soutenir et à savoir que l’autre est un roc pour soi. Cela nous est resté aujourd’hui”, insiste pour sa part Emmanuelle. Ces “choses incroyables et indescriptibles” qu’elle a vécues avec Emmanuel à Concepción, “personne d’autre ne peut comprendre”, note-t-elle. “La seule personne qui peut me comprendre, c’est l’autre. Nous sommes d’autant plus liés. En mission, tout est beaucoup plus intense : les joies, les tristesses, les difficultés. On partage de façon beaucoup plus profonde tout ce que l’on vit. Toucher la souffrance de l’autre ensemble, c’est quelque chose qui soude. Notre couple est sorti encore plus fortifié et enraciné qu’avant. Aujourd’hui, nous parlons souvent du Chili et de tous les fruit que cette mission porte encore avec beaucoup de joie “.
D’où l’importance pour les jeunes couples de se poser les bonnes questions au cours des fiançailles et de s’interroger sur la façon dont ils veulent construire leur vie à deux et leur future famille. Quitte à faire peut-être le pari de la mission.
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