Qu’ils soient saints, bienheureux ou vénérables, l’Eglise compte de nombreuses figures qui, tout au long de leur vie, se sont opposées au racisme. Alors que des manifestations dénonçant le racisme aux Etats-Unis se multiplient, Aleteia vous propose d’en découvrir quelques-unes.“Le racisme est un fléau”, avait rappelé Jean Paul II dans une de ses homélies. Alors que les manifestations dénonçant le racisme et les violences policières se répandent dans les villes des États-Unis, nombreux sont ceux et celles à l’avoir dénoncé au fil des siècles. Parmi eux, plusieurs figures de l’Église peu connues du grand public mais dont l’engagement a été sans faille.
Bienheureux Pierre Kasui Kibe (1587 – 1639)
Né au Japon de parents chrétiens, Pierre Kasui Kibe s’est très tôt senti appelé à entrer dans la Compagnie de Jésus. Envoyé comme un grand nombre de chrétiens en exil, il rejoint par la suite Macao afin d’y apprendre le latin et étudier la théologie. Mais à Macao, territoire portugais, les Japonais ne sont pas admis au sacerdoce. Poursuivant son désir de devenir prêtre, Pierre Kasui Kibe se rend ensuite à Goa où on le lui refuse également. Loin de se décourager ou de s’emporter face à cette discrimination, il va entreprendre un long voyage jusqu’à Rome pour être finalement ordonné prêtre en novembre 1620. Devenu jésuite, il rentre au Japon pour se mettre au service des chrétiens persécutés qui vivent dans la clandestinité. Il sera lui-même arrêté, torturé puis mis à mort en raison de sa foi. Il est béatifié le 24 novembre 2008 à Nagasaki, avec 187 autres martyrs. L’Église le fête le 4 juillet.
Vénérable Teresa Chikaba (1676 – 1748)
Comme sainte Joséphine Bakhita, Teresa Chikaba, originaire du Ghana, a été kidnappée et vendue comme esclave lorsqu’elle était enfant. Bien que bien traitée par sa maîtresse espagnole, Teresa Chikiba n’en était pas moins esclave et devait subir les insultes, railleries racistes et coups des autres domestiques de la maison. Libérée à la mort de sa maîtresse, elle souhaite entre au couvent. Mais malgré le fait qu’elle soit libre et qu’elle possède quelques biens hérités de sa maitresse, on lui refuse de prendre le voile. Finalement, elle est autorisée à entrer dans un couvent dominicain à Salamanque mais est obligée d’y vivre plus comme une servante que comme une religieuse. Elle n’en demeura pas moins fidèle à Dieu et lui consacra sa vie.
Bienheureux François de Paule Victor (1827 – 1905)
Né esclave, de père inconnu, au Brésil, François de Paule Victor ressent à l’adolescence le désir de consacrer sa vie au Seigneur. Il s’en ouvre à son maître qui le traine dans la rue et le frappe violemment. Mais le jeune homme persiste et réussi à convaincre Mgr Antônio Ferreira Viçoso, son évêque qui deviendra également vénérable, qui décide de le prendre comme séminariste. Etant le seul noir du séminaire, il doit néanmoins endurer le dédain et les railleries des autres. Mais au fil des jours, sa bonté et son rayonnement font taire les autres. Quand il est ordonné prêtre, beaucoup de paroissiens blancs refusent de recevoir la communion de sa main. Là encore, cherchant à se rapprocher de Dieu au quotidien, le père François de Paule Victor, par son quotidien, réussit à faire taire les moqueries, insultes et réticences et devient une figure de bonté au sein de sa communauté. Il est fêté le 23 septembre.
Bienheureux Ceferino Namuncurá (1886 – 1905)
Ceferino Namuncurá est le premier bienheureux né en Argentine. Fils d’un chef de la tribu Mapuche, un peuple indigène vivant au Chili et en Argentine, il sent en son cœur un grand désir de Dieu et demande à son père l’autorisation d’aller étudier à Buenos Aires. Seul autochtone dans sa classe, il est la cible de moqueries cruelles et de blagues racistes. Mais si les propos le blessent son comportement témoigne d’une grande douceur à l’égard de tous. Il entre finalement dans l’ordre salésien afin de devenir prêtre mais meurt de tuberculose à l’âge de 18 ans. “Ceferino est un reflet fidèle et un fruit des valeurs de nos peuples d’origine que l’Église apprécie et encourage”, dira de lui par la suite son évêque. Il est fêté le 11 mai.
Bienheureux Isidore Bakanja (1887 – 1909)
Catéchumène chez les Pères trappistes à Mbandaka, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo, ndlr), Isidore Bakanja travaillait comme domestique dans une plantation d’hévéa. Il n’avait pas peur de parler de son amour pour le Seigneur et aspirait à présenter tous ceux qu’il connaissait à Jésus. Mais son employeur, qui rejetait le discours d’égalité entre les hommes de l’Église et refusait qu’il puisse réciter le chapelet, le fit battre à mort. Il mourut des suites de ses blessures après avoir pardonné à ses agresseurs. Béatifié par Jean-Paul II en 1984, Isidore Bakanja est fêté le 12 août.
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