En suspendant les rassemblements eucharistiques, la crise du coronavirus a conforté les chrétiens dans leur désir vital de se retrouver ensemble pour fêter la Résurrection du Seigneur.
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Qui n’a pas fait cette expérience ? La semaine dernière, en entrant dans une église ouverte, j’ai eu la curieuse sensation de me retrouver au milieu d’une salle de bal désertée après avoir été longtemps le théâtre de festivités. Les images des messes auxquelles j’avais participé dans cet édifice me sont revenues à l’esprit. L’idée que nous nous retrouverons bientôt pour célébrer le jour du Seigneur, m’a fait toucher du doigt que l’Eucharistie, en plus de représenter une louange du Très-Haut, constitue également un rassemblement nécessaire à notre humanité. On sait qu’un chrétien seul est un chrétien en danger. Mais dans le cas de privation de messe, il s’agit encore d’autre chose, de plus fondamental.
La pratique dominicale va au-delà de l’obéissance à un commandement de l’Église. Ce qui nous pousse à aller à l’église le dimanche matin, c’est encore la joie de la communion fraternelle.
Car de même que nous recevons la foi de l’Église, de même nous ne sommes pas sauvés, ni divinisés, seuls, dans notre coin. L’Église est plus que notre institutrice, elle représente également le milieu vital de l’existence chrétienne. L’homme naturel n’est pas le seul à ne pas être fait pour demeurer seul. L’homme sauvé, recréé à l’image de la Trinité, Dieu unique mais non solitaire, ne peut s’épanouir lui aussi qu’avec ses frères. Nous retrouver ensemble pour célébrer, dans la joie, l’amour que nous porte la Trinité, n’est pas facultatif. La pratique dominicale va au-delà de l’obéissance à un commandement de l’Église. Ce qui nous pousse à aller à l’église le dimanche, c’est encore la joie de la communion fraternelle.
Une foi incarnée
Certes, durant la période du confinement, des initiatives ont vu le jour pour garder le lien entre chrétiens. Des chaînes de prières se sont constituées sur l’Internet. Des élans de solidarité envers les plus fragiles leur ont permis de traverser la crise sans trop de dommages psychologiques et spirituels. Cependant, aussi réconfortantes que puissent être les relations virtuelles, elles n’équivaudront jamais aux rapports de visage à visage.
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Nous sommes des êtres de chair et de sang. L’homme n’est pas un pur esprit. C’est par son corps qu’il communique avec l’extérieur : il parle avec sa langue, il embrasse avec ses lèvres, il écoute avec ses oreilles, il touche avec ses mains, il hume les parfums avec son nez, il lit les émotions exprimées dans les yeux de son interlocuteur, ou de son interlocutrice, avec ses… yeux ! L’échange numérique ne remplacera pas le contact direct, le face-à-face réel, dénué de l’interposition de l’écran ou de tout autre médium technologique.
Peut-on communier derrière un écran ?
Le christianisme est la religion de l’Incarnation. Le Verbe s’est fait chair. Les habitants de la Jérusalem céleste ne communiqueront pas entre eux par Skype ou sur les réseaux sociaux. Leurs corps spirituels les mettront en rapport réciproques les uns avec les autres. Mais point besoin d’attendre l’éternité pour célébrer la Résurrection dans nos corps de chair. C’est tellement plus convivial et fraternel de se retrouver dans le monde réel, sans devoir bidouiller les dernières nouveautés high tech pour prendre des nouvelles d’untel ou d’unetelle, et sans être privés de surcroît de la présence des personnes auxquelles manque la dextérité pour manipuler les nouveaux outils de communication.
D’ailleurs, l’assemblée dominicale préfigure, anticipe, prophétise la Jérusalem éternelle. Le dimanche, nous nous retrouvons autour du Ressuscité qui préside l’assemblée. Et ce Ressuscité n’est pas lui non plus une présence virtuelle ! Pas plus que son Corps mystique que nous constituons tous ensemble. Circonstance aggravante de cette privation de messe : il nous est impossible de communier à son Corps sacramentel dernière nos écrans ! Si Dieu n’est pas prisonnier des sacrements, et qu’Il ne nous a pas abandonnés durant la crise sanitaire, il n’empêche que nous sommes impatients de revoir nos frères sans lesquels notre participation à l’Eucharistie perdrait sa signification et sa dimension de salut. La joie est communicative. Si la prière personnelle est à l’honneur dans le christianisme, en revanche chanter tout seul le bonheur d’être sauvé est plus problématique.
Oui, vivement le dimanche de nos retrouvailles eucharistiques !