Et si les premières paroles de Jésus fraîchement déconfiné inspiraient, guidaient et nourrissaient notre déconfinement à nous ?Souvent, nous commentons les sept dernières paroles du Christ en Croix. Et en un sens, nous ne faisons pas bien. Nous pensons que ce sont les ultimes paroles, nous nous y attachons comme on s’accroche aux derniers mots d’un proche avant sa mort, ces quelques mots qui résonnent avec une intensité particulière parce qu’ils font figure de testament. Mais nous devrions écouter avec la même attention, plus grande même, les premières paroles de Jésus ressuscité. Car il y a au tout début la promesse d’une suite, les mots même d’un nouveau… testament !
Que dit donc Jésus après l’événement le plus important de l’histoire, après la seule chose véritablement nouvelle qui soit arrivée depuis l’origine, après ce confinement improbable que Dieu a consenti dans l’humanité, cet enfermement que le Christ a accepté dans la mort ?
« Bonjour, ne craignez pas ! »
Ce n’est pas seulement la politesse de Dieu ! La première parole du Christ ressuscité aux saintes femmes, dans l’évangile de Matthieu, c’est un « bon-jour », autrement dit le souhait d’une nouvelle étape pour l’humanité, qui soit tout imprégnée de bonté.
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Ces « bonjours » et « saluts » nous ont manqué pendant le confinement. Nous allons devoir les redire sous un jour nouveau. Nous en avons glissé ici ou là, à son voisin, mais il est venu le moment de se saluer différemment, comme une bénédiction prononcée du fond du cœur, accompagnée d’un « ne craignez pas ! ». Nombreux sont les Français à avoir râlé au jour du confinement, mais ils sont probablement et silencieusement aussi nombreux à craindre le déconfinement… « La paix », la voilà la grande promesse, annoncée, répétée par Jésus plusieurs fois par la suite ! Shalom !
« De quoi discutiez-vous en chemin ? »
C’est la question de Jésus aux disciples d’Emmaüs. Dieu vient de changer le sens de l’histoire, il retrouve deux disciples et, selon Luc, Il ne leur fait pas d’abord une homélie ! Il prend des nouvelles ! Au fond, de quoi est baigné notre « puits d’inquiétudes » comme l’a écrit Charles Péguy, ce puits « à lui seul plus inquiet que toute la création ensemble » ? Dis-moi ton souci, je te dirais qui tu es… Dis-moi, pendant ce confinement, de quoi tu as parlé le plus souvent ? Pour nous aussi, il est venu le temps de rattraper le temps avec nos familles, nos amis : remonter le fil de nos conversations interdites parce que confinées, impossibles parce qu’il est des confidences qu’on ne peut pas faire en visio-conférence. Et vous les amis, de quoi parliez-vous dans votre confinement ?
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« Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »
Dans l’Évangile de Jean, voici la question de Jésus fraîchement déconfiné, tout juste ressuscité, à Marie-Madeleine. Des larmes, il y en a eu aussi depuis le début de cette épidémie : nos deuils, nos angoisses, nos colères contre le gouvernement, notre incompréhension devant le mal, nos exaspérations liées au confinement… Quelle est la raison profonde de ces pleurs ? Qui cherchons-nous par-delà ces larmes ? L’ivresse romantique de se sentir exister ou la faim réelle d’un Autre ?
« Allez dans le monde entier ! »
Voici les premiers mots de Jésus dans l’Évangile de Marc après le drame de la Croix : on y lit que Jésus a probablement parlé auparavant, mais cet appel à partir dans le monde entier est la première phrase rapportée par l’évangéliste et d’ailleurs, selon lui, sa dernière prise de parole terrestre.
À partir de 11 mai, et prudemment, il nous faudra aussi quitter nos domiciles. Sortir pour aller où ? et surtout pourquoi ? Pour proclamer et pour baptiser, c’est le programme ! Il est vraiment déconfiné, et ce temps sera celui d’une sortie, si chère au pape François, sortie accompagnée d’une parole et d’un plongeon. Ce sera aussi le temps de l’écoute : une écoute approfondie de tous ceux qui nous diront : « Bon-jour ! Tu as fait quoi pendant ce confinement ? Ça été dur pour toi ? Tu vas où, maintenant ? » Bref, ces paroles anodines, confites des appels amoureux de l’Inconfinable !