Le 6 avril 2014, après avoir été roué de coups, le jésuite Frans van der Lugt, père hollandais en mission auprès des plus pauvres en Syrie, était abattu de deux balles. Six ans après, alors que la cause pour sa béatification est en cours, retour sur le courage de ce missionnaire engagé dans une des régions les plus dangereuses du monde.C’était un homme de dialogue. Psychothérapeute et donc formé à l’écoute, le père Van der Lugt habitait depuis 1966 en Syrie et était très investi dans le dialogue interreligieux dans ce pays peuplé de nombreuses communautés musulmanes et chrétiennes diverses. Résidant à Homs, le jésuite avait participé en 1980 à la fondation du projet Al Ard, ce qui signifie en arabe “La Terre”, afin de permettre aux personnes de spiritualités différentes de partager et d’écouter leur prochain. Son centre avait pour mission première l’accueil d’enfants handicapés mentaux abandonnés par leurs parents par choix ou par nécessité.
Très engagé dans la société syrienne, il avait de nombreuses fois levé la voix au début du conflit pour dénoncer le manque de médicaments, de nourriture et d’aides aux réfugiés entre les murs mitraillés et bombardés de sa ville d’Homs. Le Néerlandais plaidait ouvertement pour que soit trouvé un accord afin de cesser le massacre et la catastrophe humanitaire générale déclenchée dans le pays. Une audace qu’il paiera de sa vie : le 7 avril 2014, il est kidnappé par des hommes armés qui le battent puis lui tirent deux balles dans la tête, juste devant la résidence dans laquelle il vivait avec ses frères jésuites.
Apprenant sa mort, le pape François, très marqué, avait honoré son action lors de l’audience générale du 9 avril 2014 :
“Lundi dernier, à Homs, en Syrie, le révérend père Frans van der Lugt, un de mes frères jésuites néerlandais de 75 ans, arrivé en Syrie il y a environ 50 ans, a été assassiné. Il a toujours fait le bien pour tous, avec gratuité et amour, et était donc aimé et respecté par les chrétiens et les musulmans. Son meurtre brutal m’a rempli d’une profonde tristesse et m’a fait repenser à tant de personnes qui souffrent et meurent dans ce pays tourmenté, ma chère Syrie, déjà depuis trop longtemps en proie à un conflit sanglant, qui continue de récolter la mort et la destruction. Je pense aussi aux nombreuses personnes kidnappées, chrétiens et musulmans, syriens et ceux d’autres pays, parmi lesquels des évêques et des prêtres. Nous demandons au Seigneur qu’ils puissent bientôt retourner auprès de leurs proches, de leurs familles et de leurs communautés”.
Le 6 avril 2016 était ouvert le procès pour béatification du Père Van der Lugt.
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