Les conclusions de l’enquête menée à la demande de L’Arche Internationale ont provoqué une véritable onde de choc. Réalisée par un groupe indépendant, l’enquête a débuté en avril 2019.
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Alors que les révélations sur Jean Vanier ont profondément bouleversé des milliers de personnes, le travail mené sur le fondateur de L’Arche par GCPS Consulting, un groupe basé au Royaume-Uni et spécialisé dans le conseil pour la protection contre l’exploitation et l’abus sexuel, est d’une grande précision. À la demande des responsables de L’Arche internationale, l’enquête a porté sur trois axes : les relations entre Jean Vanier et quelques femmes, la relation entre Jean Vanier et le père Thomas Philippe et l’attitude de Jean Vanier face aux situations d’abus qui ont été portées à sa connaissance.
Six témoignages d'abus sexuels « crédibles et concordants »
L’équipe de l’enquête a reçu six témoignages « crédibles et concordants » de femmes victimes présumées et a interviewé directement cinq de ces femmes. Ces derniers couvrent une période de plus de 30 ans (1970 – 2005). Toutes décrivent des événements similaires, « fournissant des preuves suffisantes pour établir que Jean Vanier a entretenu des relations sexuelles manipulatrices avec au moins 6 femmes adultes et non handicapées ». En complément de celles des victimes présumées, l’enquête s’est également appuyée sur les déclarations et interviews de plus de 30 personnes, dont celles d’anciens responsables et membres de L’Arche et d’experts qui avaient été impliqués dans le passé.
« Toutes ont décrit les relations qu’elles avaient eues avec Jean Vanier. Tandis que certaines en parlaient positivement, sans évoquer de relation sexuelle, d’autres (les six femmes victimes présumées) ont décrit un comportement abusif, en ce sens qu’elles avaient placé leur confiance en Jean Vanier et qu’il avait usé de son ascendant pour profiter d’elles à travers divers comportements sexuels », indique le rapport de synthèse de l’enquête.
D’après les témoignages de ces femmes, toutes adultes et non handicapées, « les relations sont présumées avoir eu lieu dans des conditions que l’équipe de l’enquête a qualifiées « d’emprises psychologiques » et sont décrites comme constituant une violence psychologique et comme étant caractérisées par des déséquilibres de pouvoir importants ». En d’autres termes, les victimes présumées « se sont senties privées de leur libre arbitre ».
Thomas Philippe et Jean Vanier, une relation ambigüe
Concernant sa relation avec le père Thomas Philippe, accompagnateur spirituel de Jean Vanier et condamné par l’Église pour abus sexuels en 1956, il ressort que « contre l’avis de l’Église, entre 1952 et 1964, le père Thomas Philippe et Jean Vanier ont maintenu un lien profond ». Les échanges de lettres de cette époque révèlent « l’étendue de l’influence du père Thomas Philippe sur la pensée et le comportement de Jean Vanier ».
En parallèle, dans l’ensemble des lettres conservées par Jean Vanier, « une série d’indices conduit à penser qu’il aurait partagé des pratiques sexuelles semblables à celles du père Thomas Philippe avec plusieurs femmes dont aucune ne semble s’être déclarée comme victime ».
Jean Vanier, une influence spirituelle élargie
Parce que Jean Vanier n’a pas dénoncé les théories et les pratiques du père Thomas Philippe dont il était personnellement au courant dès les années 1950, « cela a rendu possible, de fait, la poursuite de ses abus sexuels sur des femmes à L’Arche et lui a permis d’élargir son influence spirituelle sur les fondateurs ou membres d’autres communautés », souligne encore le rapport de synthèse.
L’enquête a entendu des témoignages selon lesquels Jean Vanier était au courant d’autres situations d’abus psychologique ou sexuel sur des assistantes de L’Arche par une autre personne. Malgré ses dénégations lorsqu’il a été interrogé par des responsables de L’Arche Internationale, la connaissance qu’avait Jean Vanier d’une part au moins des faits semble avérée.
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