Votre fille veut perdre quelques kilos alors qu’elle n’en a pas vraiment besoin. Ce désir de mincir est-il un premier signe d’anorexie ? Voici quatre symptômes susceptibles de vous alerter identifiés par Ilona Przeciszewska, psychologue et psychothérapeute.
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Vous avez peut-être vécu cette situation : un matin en se réveillant, votre fille de 13 ans à peine s’est regardée dans la glace et s’est trouvée trop grosse. Pourtant, ce n’est pas la réalité, même si, à la puberté, les changements hormonaux font prendre un peu de poids. Ma fille est-elle anorexique ? Vous vous êtes posée cette question qui fait peur : selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) l’anorexie — maladie entraînant une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années — touche environ 1,5% des femmes de 15 à 35 ans avec un taux de mortalité très élevé : jusqu’à 10%. Soit par suicide, soit à la suite de complications dues à la maigreur extrême. Comment alors savoir si le danger touche votre enfant ?
Si les signes d’un début d’anorexie ne sont pas toujours évidents, certains comportements observés chez l’enfant doivent éveiller la vigilance. En effet, avant l’apparition des symptômes qui signifient et qui diagnostiquent clairement les troubles de l’alimentation, il y a des comportements avant-coureurs qui peuvent signaler le début de la maladie chez l’enfant. La prise en charge médicale au stade initial de la maladie est très importante pour le succès du traitement à suivre.
La puberté, l’âge délicat
Les problèmes de troubles du comportement alimentaire (TCA) apparaissent souvent au moment de la puberté, entre 11 ans et 16 ans. Cependant, toutes les adolescentes qui veulent perdre quelques kilos ne deviennent pas anorexiques. Il faut un terrain prédisposé, qui touche les adolescentes pour qui devenir femme pose problème. Parfois parce que la mère, inconsciemment, induit le fait qu’il n’y a pas de place pour deux femmes dans la famille, ou bien parce que la relation mère-fille est trop fusionnelle. Cela peut aussi être en raison des habitudes alimentaires familiales strictes.
Elle se trouve « trop grosse » et « trop moche »
Vous remarquerez peut-être que votre fille attache de plus en plus d’importance à son apparence. Elle commence à percevoir de manière négative son corps, affirmant qu’elle est trop grosse. Bien sûr, les adolescentes passent toutes par cette phase (dite de dysmorphophobie) où elles trouvent qu’elles ont trop de fesses, trop de cuisses, trop de hanches.
Cependant, le premier signe d’alerte de la maladie peut être un changement significatif par rapport à son propre corps. Si l’enfant évolue vers la maigreur tout en exprimant son éternelle insatisfaction physique, dans ce cas, c’est un signal qui peut indiquer le début d’un TCA. Faites attention si votre fille change brusquement de régime alimentaire en sélectionnant de façon catégorique des produits hypocaloriques, ceux qui contiennent peu de sucres et de matières grasses. La répétition des jugements sur son physique comme “je suis moche” ou “je ne peux pas me regarder dans la glace” sont également à prendre en compte.
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Évidemment, il ne s’agit pas de décourager à tout prix un enfant qui envisager de faire un régime. Cela peut même être bénéfique dans certains cas. Une adolescente ayant réellement quelques kilos en trop peut avoir envie de les perdre pour se sentir mieux. Dans le cas où elle entreprend un régime et perd rapidement du poids sans être maigre, il ne faut pas s’inquiéter. Les troubles alimentaires ne se limitent pas à l’alimentation. Dans le cas de l’anorexie, ce sont tous les aspects de la personnalité qui sont concernés. À la différence d’un régime classique, où l’objectif est clair (perdre 3 kilos par exemple), il n’y a aucune limite dans la démarche d’une enfant victime du TCA.
Elle manque de confiance en elle
Le caractère d’une jeune fille peut jouer beaucoup dans le déclenchement des troubles alimentaires. Les jeunes filles notamment hypersensibles, celles qui manquent de confiance et d’estime en elles-mêmes sont plus souvent victime de ces troubles. L’image défaillante qu’elles ont d’elles peut naître d’une relation mère-fille insuffisamment sécurisante dans la petite enfance, comme des réflexions indélicates faites par un proche ou les garçons à l’école : “Ne mange pas de chocolats, ce n’est pas bon pour toi”, “Tu as grossi ces derniers temps…”, “Évite le jean blanc, il te grossit…” Plus la perception négative du corps augmente chez l’adolescente, plus sa confiance en elle diminue. Cela peut être exprimé verbalement dans les déclarations comme “Je suis stupide”, “Je suis bonne à rien” ou encore “Je suis nulle”.
Elle néglige ses passions
Observez comment votre fille fait face aux échecs scolaires ou comment elle se comporte dans la pratique de ses activités extra-scolaires. Manifeste-t-elle un manque de confiance en elle ? Un découragement sur ses propres forces et compétences ? Est-ce que chaque échec stoppe sa motivation de continuer ? Si vous observez qu’elle abandonne soudainement ses différentes activités, soyez vigilants. La perte soudaine d’intérêt pour ses passions peut annoncer le début de la maladie.
Elle évite les contacts avec ses amis
Auparavant très sociale, votre fille évite maintenant de quitter la maison. Elle a tendance à s’enfermer dans sa chambre pendant de longues heures. Vous remarquez qu’elle est de moins en moins ouverte aux relations familiales. Elle ne parle pas, semble même indifférente à la vie familiale et elle a l’air déprimée. Même si vous avez peur d’entamer un dialogue avec votre enfant car il est source de conflit, il faut agir vite.
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Si les parents ne disent rien, rien n’arrêtera leur enfant. Pour dissiper tous les doutes, il est important de demander conseil auprès d’un médecin. Il saura vous orienter vers un spécialiste des troubles alimentaires au besoin. Sachez qu’il existe aussi des groupes de parents confrontés au même problème. Cela vous aidera à savoir comment aider votre enfant et vous apprendra à éviter les erreurs à ne pas commettre.