« Être missionnaire, cela signifie simplement être chrétien », déclare le père Vittorio Bongiovanni quand on lui demande ce qui motive sa vocation. En se mettant au service des plus petits, le prêtre xavérien de nationalité italienne résidant en Sierra Leone, a donné et donne toujours cette définition simple à son rôle de missionnaire, son sens le plus plein et le plus édifiant.
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Après avoir été ordonné en 1968, le père Bongiovanni est envoyé en mission en Sierra Leone en 1975. Dans ce petit pays africain du Golfe de Guinée, il se doutait qu’il serait confronté à de grandes souffrances et injustices dans ce qui est l’un des États les plus pauvres du monde. Mais le déclenchement de la terrible guerre civile en 1991 lui fait apparaître une réalité encore plus scandaleuse : l’enrôlement forcé par les belligérants d’un nombre massif d’enfants soldats afin d’alimenter les conflits iniques. Entretenu par une lutte pour le contrôle des mines de “diamants de sang”, le conflit sierra-léonais est par ailleurs l’un des plus brutaux du XXe siècle. Marionnettes de guerre, des filles et garçons seront employés sans scrupules pendant toute sa durée aussi bien à porter une arme et être au front, que pour nettoyer les locaux ou pour être utilisés en tant qu’espions. Engagés contre leur gré, ces enfants soldats subissent de lourdes blessures, psychiques comme physiques, qui les marquent profondément à vie. Entre alcool, maltraitance et drogue, ils sont à la merci de toutes les violences.
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Pendant les dix années de guerre au Sierra Leone, de 1991 à 2001, le père Vittorio se découvre une magnifique vocation : “Libérer les enfants soldats des rebelles”. Ayant lui aussi vécu de nombreux événements lors de ces années tumultueuses, notamment en tant qu’otage, le prêtre italien qui mène cette mission depuis maintenant plus de 40 ans fait figure de héros au sein du chaos.
“Bâtir des personnes”
Ayant été à la rencontre d’enfants soldats, le prêtre âgé aujourd’hui de 78 ans a tout mis en œuvre, par divers moyens, afin de sortir les enfants de leurs conditions précaires, notamment en leur donnant accès à l’école et aux catéchèses. Tout cela afin de leur permettre de vivre de façon respectueuse et digne. Et ce même si cela a pu faire de lui un ennemi pour certains puissants locaux. Un jour, alors qu’il est dans sa paroisse, une bande armée surgit. Un des hommes, tenant un pistolet à la main, lui crie de se mettre à genoux et de mettre ses mains sur la tête. Le père Bongiovanni sait que c’est ainsi qu’on exécute les gens. Il se met donc lui aussi à lui hurler dessus, usant de toute sa voix. Son courage est récompensé : désorienté, le bandit se débine et le laisse sain et sauf.
Cette ambition de paix, le père Bongiovanni la porte par ailleurs encore aujourd’hui. Ce qui importe selon lui est de parvenir à “bâtir des personnes”, et pas uniquement des bâtiments et des églises, ces derniers étant bien entendu nécessaires pour garantir un l’accès à l’éducation, pour moderniser les lieux, et offrir un lieu de foi au peuple sierra-léonais. Pour convertir les cœurs, le missionnaire italien témoigne de sa conversion personnelle et de son expérience profondément riche en rencontre et en surprise de l’amour de Dieu. Quand on loue son rôle d’accompagnateur des jeunes, il souligne avec malice que c’est lui qui est aujourd’hui accompagné par les jeunes.
L’homme de l’année
Grâce au moyen de ses catéchèses et activités, le père Vittorio Bongiovanni aide les enfants du Sierra Leone à se sentir aimés et touchés par le Christ. Il leur montre que Dieu les cherche, et que chacun d’eux compte à ses yeux. Un des points importants des enseignements du Xavérien repose sur le fait de créer chez les jeunes un sens de la confiance en soi, car la confiance de Dieu repose en eux. C’est un Dieu qui a besoin de chacun des jeunes pour responsabiliser et évangéliser par l’ouverture de leurs cœurs à sa parole.
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La paix grandit avec une telle espérance. Le Padre Vittorio Bongiovanni a d’ailleurs été désigné homme de l’année en 2014 au Sierra Leone. Dans une intention de prière prononcée par le pape François en décembre 2016, le pontife déclarait : “Prions pour que soit éliminé partout dans le monde le scandale des enfants soldats”. Engagé jadis auprès des plus démunis dans un pays en conflits, il est aujourd’hui un modèle de persévérance face aux grands maux qui peuvent frapper le monde. Il lutte encore aujourd’hui contre la situation inhumaine des enfants dans certaines contrées, notamment le travail forcé, répondant à l’appel du pape François en étant porteur d’un véritable élan missionnaire en Afrique de l’Ouest. Mais si les enfants ne portent plus d’armes à feu en Sierra Leone aujourd’hui, c’est pour beaucoup grâce à lui.
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