Le jour de la Nativité, deux “oui” cohabitent en Jésus : le “oui” de la descente du Très-Haut dans la faiblesse des hommes, et le “oui” des hommes à leur élévation à la gloire divine, par Jésus le fils de Marie. Là est la joie de Dieu.
Dans le Verbe fait homme que nous fêtons à Noël, deux “oui” cohabitent : un “oui” gracieux de Dieu à l’homme et un “oui” de reconnaissance de l’homme à Dieu. En décidant de s’incarner, le Fils unique, Dieu né de Dieu, dit un “oui” divin, irréversible et sans repentance, à l’homme. D’un autre côté, en se faisant l’un d’entre nous, ce même Fils représente le “oui” de l’homme à Dieu.
Oui de l’homme à Dieu
Jésus-Christ, en tant qu’homme, est le grand Oui de l’homme à son Créateur parce que, bien qu’il soit vrai Dieu et vrai homme, il n’est cependant qu’une seule personne. En lui n’existe qu’une seule « instance » qui dit : « je » — et cette instance est la personne divine du Verbe. Or, ce « je » divin qui assume, en Jésus, notre nature humaine, est tourné vers le Père, de la même manière que le Verbe l’est de toute éternité dans l’intimité trinitaire. Si bien que l’homme Jésus, tout en gardant une liberté humaine, est comme porté, par une inclinaison qui ne fait qu’une avec sa nature, à dire « merci » à Dieu, de même que, dans l’éternité, le Fils est toute gratitude envers le Père qui l’engendre éternellement. Le oui divin du Fils éternel rejaillit sur l’acceptation par l’homme Jésus de la souveraineté de Dieu sur lui, puisque ces deux « oui » sont portés par la même personne : le Fils unique du Père.
Oui de Dieu à l’homme
Le second « oui » qui habite en Jésus est le “oui” de Dieu à l’homme. En effet, Jésus, en tant que seconde personne de la Trinité, est Dieu. Aussi, en assumant notre condition, est-ce Dieu Lui-même qui épouse, en son Fils, la nature humaine, qui dit « oui » à l’homme. Et ce n’est pas un “oui” du bout des lèvres. En Jésus, Dieu épouse ontologiquement, c’est-à-dire de tout son être, notre condition. Il ne pouvait pas nous signifier d’une meilleure façon l’estime en lequel Il nous tient !
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Dieu ne rougit pas de l’homme : tel est un des plus importants enseignements de Noël. La matière, les sensations, les petits incidents de l’existence, les affects, les misères, spirituelles, psychologiques ou corporelles, mais aussi les joies de tous les jours : c’est à tout cela que Dieu dit “oui” en assumant la condition humaine en Jésus. Désormais, il n’y a rien dans nos existences qui ne soit capable d’être divinisé – hormis le péché, bien sûr ! Jamais Dieu ne sanctifiera nos haines, nos divisions et nos égoïsmes !
Ainsi, à Noël, deux « oui » cohabitent en Jésus : le oui de la descente du Très-Haut dans notre faiblesse, et le oui à notre élévation à la gloire divine dans le sillage de notre frère aîné, le fils de Marie, ressuscité le troisième Jour.
Nous faisons la joie de Dieu !
Le Verbe ayant épousé notre condition, le Père voit en chacun de nous son Fils éternel, de la même façon qu’un père, ou une mère, ne fait pas de différence de traitement entre ses enfants. Car nous sommes maintenant devenus frères et sœurs de Jésus, et pour Dieu, chacun de nous est un autre Jésus. Aussi aucun de nos mouvements de cœur ne Lui est indifférent. C’était certainement vrai avant l’Incarnation. Mais combien plus depuis que le Verbe s’est fait chair ! Le Père se complaît toujours autant dans son Fils. Mais comme celui-ci est maintenant, et pour l’éternité, un homme, ce sont tous les hommes qui sont l’objet de la dilection divine dont bénéficiait depuis toujours le Verbe dans l’éternité. Nous faisons, ensemble comme séparément, la joie de Dieu !
Noël, un remède à nos découragements
Lorsque nous sommes tentés par le découragement, ou bien dégoûtés de nous-mêmes, Noël nous souffle à l’oreille que Dieu éprouve de la joie à nous accompagner, à nous regarder grandir dans notre condition de fils de Roi. Il s’émerveille en constatant les progrès que nous réalisons, à nous voir grandir dans notre condition d’enfants de Dieu. Dieu se réjouit de nos joies.
Non seulement Dieu nous aime, mais Il trouve de surcroît Sa gloire à nous donner le pouvoir de L’aimer en pleine liberté, pouvoir que le Fils fait homme nous a acquis. Greffées sur celle du Fils incarné, nos existences demeurent constamment dans la joie de Dieu – joie de L’aimer, mais aussi joie que nous donnons à Dieu en reflétant les traits de Son Fils.
Le christianisme n’est pas une dépréciation de la vie
Non, le christianisme n’est pas une diminution de l’homme, ni un rapetissement de ses désirs. Notre destinée ne consiste pas à pourrir dans une fosse, ou à maugréer après notre existence, mais plutôt de devenir « participants de la divine nature » (deuxième lettre de Pierre, 1, 4). Les « oui » de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu, n’ont pas pour effet une dépréciation de la vie, mais au contraire une dilatation de l’amour de notre condition terrestre — même si nous savons qu’elle n’est pas la seule, et que nous sommes appelés à ressusciter à une vie encore plus belle.
De même que le Verbe incarné n’a pas fui sa condition terrestre en se repliant sur lui-même, à l’écart des hommes et des difficultés inhérentes à la vie sociale, de même nos existences en Dieu ne nous poussent pas à déserter nos engagements d’ici-bas. Le oui à Dieu est aussi un oui à la terre — au rebours de ce que pensait Nietzsche. Un « oui » contenu déjà dans le « oui » prononcé par Dieu lorsqu’Il décida l’Incarnation de son Fils.
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