Terre de religions, la Montagne Noire est aussi une terre de contrastes. Entre Albi la catholique et Castres la protestante, la région du Tarn ne cache pas sa foi. Niché au cœur du parc régional du Haut Languedoc, le monastère Scholastique de Dourgne et ses sœurs céramistes peaufinent les derniers santons avant de célébrer Noël.
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Fondé par Marie Cronier en 1883, l’abbaye de Sainte-Scholastique de Dourgne se fait l’écho de l’abbaye de Saint-Benoît-d’En-Calcat. C’est pour répondre à l’appel de Dieu “Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai”, que Marie Cronier se lança dans la grande aventure des moines bâtisseurs aux pieds de la Montagne Noire.
Une nouvelle fondation Bénédictine
La tâche n’est pas facile mais Marie Cronier est aidée dans sa mission par Dom Romain Banquet, moine de La Pierre-qui-Vire qui construira l’abbaye des frères situé de l’autre côté de la route. En 1890, le premier coup de pioche est lancé et il faudra attendre l’année 1924 pour que le monastère voit s’installer une communauté de sœurs. Aujourd’hui, elles sont une quarantaine à demeure. La bâtisse de style néo-classique impressionne par ses dimensions et son caractère solennel mais il ne faut pas trop s’y fier car à l’intérieur, une communauté de sœurs gaies et souriantes accueille chaque visiteur.
L’atelier de sœur Mercedes
Sur le parvis de l’église, sœur Clotilde nous attend pour nous guider dans les méandres du sous-sol du monastère. L’atelier de sœur Mercedes est lumineux. Des fenêtres on aperçoit la chapelette de Saint-Ferréol perchée sur un massif verdoyant. Occupée à sculpter un bloc de terre, elle nous accueille chaleureusement. “Ce que vous voyez est une commande pour le séminaire de Toulouse. Et là, sur le mur, le chemin de croix a été réalisé pour l’église Saint-Laurent à Paris. Regardez ici la photo de cette grande crèche que j’ai réalisé pour l’abbaye de Belloc, vous ne trouvez pas qu’elle est magnifique ?”. Des commandes, sœur Mercedes en a plein les cartons. Après 55 ans de vie monastique et une solide formation à l’école supérieure des arts appliqués Duperré, à Paris, elle continue à dessiner, triturer et modeler la terre. Elle se considère plus comme un artisan qu’une artiste. “Dans mon atelier je médite”, dit-elle avec une joie communicative. Sœur Mercedes a toujours le sourire aux lèvres même quand les commandes affluent.
Une inspiration populaire et moderne
Noël approchant, l’atelier est en pleine effervescence. Cette année, sœur Mercedes a créé de nouveaux santons pour les trois crèches présentées dans la boutique monastique : 9, 13 et 17 centimètres. Un berger avec son agneau viennent compléter les quatorze figurines de la crèche moyenne tandis qu’un étudiant avec son téléphone portable donne une sacré touche de modernité aux autres personnages de la grande crèche. Son inspiration ? L’art Romain et l’art populaire de la région Midi-Pyrénées (surtout pour ses santons) associés à une bonne dose d’observation ! Des œuvres uniques reconnaissables entre toutes grâce à la patine si particulière réalisée à partir du brou de noix et de cire dont les sœurs ont le secret.
L’atelier des santons
Une heure après l’office de Tierce et jusqu’à l’office de Sexte, quatre sœurs se retrouvent dans l’atelier de céramique. Les opérations de coulage, démoulage, mise en peinture et finition sont tour à tour effectuées par sœur Marie-Sabine, sœur Marie-Sophie, sœur Françoise et sœur Clothilde. Sous leurs mains agiles et délicates, les personnages se parent de couleurs définies par sœur Mercedes. C’est à ce moment précis que ces figurines héritées de la piété populaire prennent leur personnalité. Même si les camaïeux sont rarement les mêmes, la patine et le poinçon uniformisent les santons. Sur les tables, une armée de Gaspard, reconnaissable grâce à ses traits asiatiques, vient défier une rangée de Balthasar un peu clairsemée. Qu’à cela ne tienne des renforts de bergers avec leurs capes ouvertes et leurs lanternes ne devraient pas tarder ! L’après-midi, les sœurs se rejoignent après l’office de Nonne. Elles ont beau mettre les bouchées double que déjà l’heure des Vêpres a sonné. En silence elles rejoignent l’église.
Carnet Pratique : Les santons (entre 27 euros et 52 euros) sont à vendre en ligne sur le site de l’abbaye ou à l’abbaye de Sainte-Scholastique, Dourgnes (Tel : 0563507570, www.benedictines-dourgne.org)