À l’occasion de son 130e anniversaire, la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Institut catholique de Paris organise du 18 au 21 novembre 2019 une semaine de conférences et d’expositions. Plus de 1.000 étudiants viennent y chercher une formation universitaire : prêtres, séminaristes, et de plus en plus de laïcs.Ce fut un des premiers campus de théologie à voir le jour dans l’Europe contemporaine : en 1878, alors que l’anticléricalisme ambiant pousse le clergé à sortir de la faculté laïque de la Sorbonne, les évêques de France créent une école dans les murs de l’Institut catholique de Paris. Onze ans plus tard, le pape Léon XIII érige cette école en faculté. Les prêtres viennent alors du monde entier compléter leurs études supérieures. L’institut s’ouvre progressivement aux séminaristes, particulièrement après la Première Guerre mondiale, lorsque le séminaire voisin des Carmes est érigé au rang universitaire. Pionnière, la faculté de Paris devient rapidement la plus grande faculté européenne et francophone en théologie. Elle s’élargit encore davantage à l’issue du Concile Vatican II, en 1975. Celui-ci établit que la théologie ne doit pas être réservée aux clercs et précise : “Le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien.”
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Une science ouverte à tous
Dès les années 1970, les laïcs peuvent donc intégrer les deux premiers cycles dispensés en journée. Un cycle du soir est même créé pour permettre à certains de conjuguer formation théologique universitaire et activité professionnelle. “En huit ans, le cycle du soir permet d’obtenir son bac en théologie. C’est l’équivalent d’un séminariste qui arrive au diaconat”, précise le père Jean-Louis Souletie, doyen de la faculté de théologie depuis 2017. Pour lui, cette formation est essentielle dans un monde où la normalité est de ne pas être chrétien : “beaucoup de croyants se disent “ce n’est pas normal que je ne sache pas articuler trois mots pour parler de ma foi”. Or, aujourd’hui, le fait d’être chrétien attise la curiosité des gens. Donc il faut savoir répondre”.
Pour les croyants, la théologie est également un moyen d’acquérir une maturité dans sa foi. “Nos étudiants ont besoin de réfléchir à leur rapport à Dieu, comme ils réfléchissent à leur relation avec leur conjoint”, analyse Manon Desclosieres, enseignante en théologie. Le père Jean-Louis Souletie abonde en ce sens : “une foi qui refuse de réfléchir et qui ne veut pas s’exposer au travail de la raison n’est pas une foi chrétienne”.
“La foi, ce n’est pas abandonner la raison”
Pour le père Arnaud Montoux, curé de la cathédrale d’Auxerre et professeur à l’Institut catholique de Paris, “c’est quand vous reconnaissez que vos doutes et vos questionnements ont une place dans votre vie de foi que vous faites de la théologie”. La foi n’est donc pas un bloc spirituel dans lequel on entre sans se poser de questions et en laissant la raison de côté.
En s’appuyant sur des points d’appuis rationnels, la théologie permet de donner de la profondeur à la vie de foi. “La révélation chrétienne s’appuie sur une histoire, inscrite dans la Bible. Les textes qui la composent ne sont pas incohérents entre eux. Libre à chacun de les recevoir ou pas. Comme théologien, je le reçois comme la norme de mon travail”, explique-t-il. Si les textes s’appuient sur 2000 ans d’histoire, ils doivent être étudiés à l’aune des problématiques actuelles. “Il s’agit non pas de relativiser, mais de traduire de manière exigeante et en même temps intelligente ce que Dieu est au regard des questions nouvelles qui sont posées aujourd’hui”. C’est tout le paradoxe de la théologie, qui s’appuie sur des textes extrêmement anciens, mais reste plus que jamais contemporaine.
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