Au Bénin, sœur Julia Aguiar se bat depuis plus de 40 an au côté des malades, mettant ses compétences à leur service. Son dévouement lui a valu le surnom d'« ange du Bénin ».
Au Bénin depuis 43 ans, sœur Julia Aguiar n’en doute pas : c’est Dieu qui l’a conduite dans ce pays d’Afrique occidentale à partir duquel, en 1966, les camilliens (communauté religieuse fondée par saint Camille de Lellis) ont lancé un appel à des renforts pour leur hôpital. À ce moment-là, sœur Julia vivait en Espagne. Née à Ourense (dans le nord-ouest du pays), elle a entendu l’appel de Dieu à la vie religieuse à l’âge de 14 ans. Puis, infirmière de formation, elle a compris que Dieu souhaitait que son talent soit mis à profit en Afrique. « J’ai immédiatement répondu que j’étais prête », témoigne-t-elle.
Ses premiers pas la conduisent à Cotonou, la capitale du Bénin, alors que le pays traverse une série de coups d’État qui le mèneront en 1975 à un régime marxiste-léniniste. Au milieu de cette tempête de violence, elle travaille dans un hôpital à Zagnanado (au sud du pays) au côté d’un autre missionnaire, le père Christian Steunou, anesthésiste. Tous deux partagent le même objectif : « la santé des pauvres et le désir de témoigner de l’amour de Dieu pour tous ».
Le dur combat contre la superstition
Sœur Julia doit faire face à la superstition. Alors que l’ulcère de Buruli, une pathologie à l’origine de handicaps sévères, fait des ravages dans la population, elle découvre que les malades sont considérés comme victimes d’une malédiction, et par conséquent traités comme des parias. Après avoir étudié la maladie, sœur Julia met en place un système afin d’y faire face, surmontant les préjugés, la superstition et le manque de ressources.

Ses connaissances et son dévouement finissent par triompher, à tel point que lors du premier congrès international sur l’ulcère de Buruli à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire), des organisations internationales telles que l’OMS utilisent des photographies de ses patients pour présenter le processus de guérison. « Notre obstination dans le traitement de ces patients a été à l’origine de progrès énormes face à ce fléau », explique la missionnaire. En raison de ses connaissances tant dans le diagnostic que dans le traitement de cette maladie, elle est considérée comme une autorité en la matière. En 2009, l’université de Naples lui a décerné un doctorat honorifique en médecine et chirurgie, et en 2018, elle a reçu le prix honorifique Anesvad, qui a récompensé sa persévérance. Elle en a profité pour remercier le comité d’attribution d’avoir « donné la parole à ceux qui n’ont pas voix au chapitre ».

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Des enfants rejetés
La vitalité de sœur Julia continue à la maintenir au Bénin. Elle vient de créer un centre pour les enfants handicapés souffrant de troubles moteurs. « Souvent, ces enfants sont tués à la naissance. Ils sont considérés comme des “magiciens“ qui viennent perturber le bien-être de leur propre famille parce qu’ils sont “ensorcelés” », souligne-t-elle. « Mais ces enfants aussi veulent vivre. Et il suffit de passer du temps auprès d’eux pour le comprendre ».

Sœur Julia invite ceux qui vivent sous d’autres latitudes à se souvenir du Bénin et voir comment ils peuvent contribuer au travail des personnes qu’elle aide directement. « Les pauvres ont besoin de notre aide. Ils ont besoin de votre soutien, du soutien de Dieu ! Nous sommes tous privilégiés en Europe et nous avons le devoir d’y réfléchir. Non pas de nous culpabiliser, mais de retrousser nos manches et de faire quelque chose, chacun à son niveau et selon ce que son cœur lui dit ».

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