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L’État et l’enfant : une forme de totalitarisme doux

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Guillaume de Prémare - publié le 23/10/19
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Pour s’intéresser aux 1.000 premiers jours de l’enfant, une période qui « ne serait pas organisée par la société », Emmanuel Macron prétend que l’éducation serait la responsabilité de l’État, la famille ne jouant son rôle que par délégation ! Une dérive totalitaire manifeste.Lorsque l’on parle de « totalitarisme » pour caractériser un régime ou une idéologie, on pense immédiatement aux grands totalitarismes du XXe siècle : le communisme et le nazisme. Et l’on se réfère à l’effroyable brutalité criminelle de ces deux empires déchus. La définition du totalitarisme est plus large que celles de la tyrannie ou de la dictature. Le totalitarisme renvoie à la notion de « totalité », au sens où il s’agit pour un État, un régime ou une idéologie de prétendre prendre en charge et contrôler la totalité des opinions, des comportements, des mœurs et des rapports sociaux. Aujourd’hui, nous vivons encore sous un régime de liberté d’expression et l’État ne prétend pas formater tous nos comportements et rapports sociaux. Ainsi, lorsque l’on parle de « totalitarisme » pour qualifier notre Modernité, on peut assez vite commettre un excès de langage.


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Toutefois, il peut exister une forme de totalitarisme doux où, sous couvert de démocratie et de souveraineté de l’individu, se met progressivement en place, mais sans violence apparente, un contrôle progressif des mœurs et de la pensée. On peut alors parler de « tendance totalitaire » ou de « tentation totalitaire ».

Les 1.000 premiers jours

Une tendance totalitaire ne passe pas nécessairement par la force, elle peut se déployer au nom de la liberté, de l’égalité et sous le visage de la bienveillance. Par exemple, le président Emmanuel Macron vient de créer une commission pour réfléchir à la manière d’accompagner les parents dans les 1.000 premiers jours de l’enfant, période couvrant la grossesse et les deux premières années de l’enfant.


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L’objectif de cette commission est notamment de lutter contre les inégalités causées par la déterminismes sociologiques et familiaux. Il est vrai que certains enfants naissent dans des familles plus instruites que d’autres. Et il semblerait que l’école ne suffise pas à compenser les disparités pour offrir une véritable égalité des chances.

Reprise de délégation

Voilà donc que l’État entend s’intéresser de près à cette période préscolaire, en commençant même par la phase de gestation. Pour comprendre la philosophie du projet, il est nécessaire de bien peser les mots lourds de sens prononcés par Emmanuel Macron lors du lancement des travaux de ladite commission : pour lui, les mille premiers jours sont « un espace que la société n’a pas organisé et a délégué à l’espace privé ». C’est un renversement sémantique à peine croyable en même temps qu’un aveu : la famille serait en quelque sorte une délégation de service public ! Cela signifie que l’éducation du jeune enfant serait la responsabilité de l’État, une responsabilité simplement déléguée à la famille !

Nous voyons, à travers cet épisode, une volonté de toute-puissance de l’État sur ce qui échappe par nature à son contrôle. Sous prétexte de lutter contre les inégalités, au motif que « tout se joue avant les deux ans », l’État veut soudain prendre possession de ce qui lui échappe. La tentation totalitaire est ici caractérisée.

Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance

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