La cathédrale de Metz fête cette année ses 800 ans. Et depuis huit siècles, celle qu’on appelle gentiment “la lanterne du Bon Dieu”, rayonne sur la ville de Metz. Mais pourquoi la prénomme-t-on ainsi ? Avec ses quarante et un mètre de hauteur de voûte, la cathédrale de Metz, qui fête cette année ses 800 ans, est la troisième plus haute cathédrale de France après Beauvais et Amiens. Mais son surnom de “lanterne du Bon Dieu”, elle ne la doit pas à sa hauteur impressionnante mais à sa surface vitrée. La cathédrale Saint-Étienne de Metz est en effet l’un des édifices chrétiens les plus vitrés au monde. Elle compte pas moins de 6500m2 de vitraux alors que la cathédrale de Chartres n’en compte que 2600 m2.
Allant du XIIIe siècle au XXe siècles, sa collection de vitraux a été réalisée par les plus grands artistes verriers, tous époques confondues. Sur la façade occidentale, on peut ainsi admirer la grande rose de Hermann de Münster du XIVe siècle mesurant presque 12 mètres de diamètre. Plus loin, vers le transept, nous faisons un saut dans le temps pour découvrir la grande rose renaissance de Valentin Bousch, célèbre verrier lorrain. Ses couleurs, jaune, rouge, bleu et vert frappent immédiatement par leur vivacité.
Mais Metz possède également une incroyable collection de vitraux contemporains, preuve que la cathédrale a toujours sur faire appel aux meilleurs artistes de son temps. Après les destructions causées par la Seconde Guerre mondiale, on se tourne vers des peintres comme Jacques Villon ou Marc Chagall pour remplacer les vitraux détruits. Les vitraux de Jacques Villon, frère de Marcel Duchamp, sont d’ailleurs les seuls et uniques réalisés par l’artiste au cours de sa vie. Visibles dans la chapelle du Saint-Sacrement, ils sont loin des représentations figuratives habituelles de la cathédrale mais ne manque pas d’intérêt par leurs formes géométriques. Dans cette abstraction, on devine les épisodes de l’Exode, la Cène, la Crucifixion ou encore les Noces de Cana.
Parmi les artistes les plus prestigieux ayant œuvré sur la cathédrale, Chagall, qui réalisa un des vitraux de l’abside nord à partir de 1959 après avoir déjà expérimenté cet art à Chartres et à Assy. Même s’il y vint tardivement, il sentait la nécessité d’exprimer son génie dans l’art du verre : “Le vitrail transmue la lumière physique en lumière spirituelle”, déclarait-il et répondait à un mal être profond ressenti par l’artiste : “Le monde où je vis est fermé”, confiait-il. Avec le vitrail, Chagall avait trouvé un moyen d’ouverture. Avec le vitrail, le monde s’ouvrait à la lumière. Obsédé par celle-ci, il réalisa un formidable vitrail sur le thème de la Création à la tonalité jaune flamboyante. Une couleur de feu, idéal pour illuminer la “lanterne du Bon Dieu”.