Un livre d’entretiens imaginaires avec la bienheureuse Dina Bélanger, la “petite Thérèse de Lisieux québécoise”, c’est le défi relevé par notre chroniqueur Jacques Gauthier. Par ses réponses, entièrement extraites de ses écrits, la jeune sainte témoigne de sa vie donnée à Dieu dans l’amour, à la suite de Jésus. Thérèse voulait passer son Ciel à “faire du bien sur la terre”, Dina voulut son Ciel pour “donner de la joie”.
Pianiste prometteuse, la bienheureuse québécoise Dina Bélanger est morte de tuberculose le 4 septembre 1929 à l’âge de trente-deux ans. Nous célébrons cette année le 90e anniversaire de son entrée dans la vie éternelle.
Une vie centrée sur le Christ
Qui est cette âme privilégiée qui n’a voulu vivre que pour Jésus, à la suite de la Vierge Marie, et qui avait écrit : « Jésus m’a mise sur la terre pour ne m’occuper que de lui » ? Dina naît à Québec le 30 avril 1897, année de la mort de sa patronne, Thérèse de Lisieux. À quatorze ans, elle se consacre à Dieu en faisant une promesse privée de virginité. Douée pour la musique, elle étudie deux ans au Conservatoire de New York. Elle devient, à vingt-quatre ans, une élégante pianiste de concert. Jésus l’appelle alors chez les Religieuses de Jésus-Marie à Sillery. Elle prononce ses vœux temporaires en 1923 sous le nom de Marie Sainte-Cécile de Rome.
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L’humble religieuse, qui voulait rester cachée dans le cœur de Jésus, n’aurait pas été aussi connue si elle n’avait pas écrit son autobiographie, à la demande de ses supérieures, qu’elle intitulera Cantique d’actions de grâces ou Chant d’amour. Publié la première fois en 1934, ce livre sera traduit en plusieurs langues et révèlera au monde une grande amoureuse du Christ qui mettait l’intimité avec la Sainte Trinité au cœur de sa spiritualité. Celle que Jésus appelait « ma petite Moi-même » écrit en décembre 1923, à l’âge de vingt-six ans : « Je trouvai la devise que je cherchais depuis si longtemps, celle qui répondait à mes aspirations et qui résumait mes sentiments : Aimer et laisser faire Jésus et Marie ! »
Incandescente Dina, sa vie ne sera qu’ouverture absolue à la Trinité dans l’abandon confiant de tout ce qu’elle est. En elle se vérifie la parole brûlante de saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Une histoire de cœur
La vie mystique de Dina est une histoire de cœur qui se déroule en quatre mouvements, comme une symphonie triomphale. Au début de sa vie religieuse, Jésus remplace le cœur de la musicienne par le sien. Cette opération divine, où le Christ se substitue à elle, mène au deuxième mouvement : l’introduction dans le cœur de la Trinité et le « rassasiement de l’Amour infini ». Puis, Dina expérimente l’union intime avec le cœur eucharistique de Jésus, communiant ainsi à son cœur agonisant. Au dernier mouvement, elle s’enfonce dans le cœur des Trois, s’offrant pour le monde, priant spécialement pour les personnes consacrées et les prêtres.
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Dans nos vies surchargées, accaparées par l’image, les écrans, Dina nous ramène à l’essentiel d’une prière contemplative, au centre de l’âme, où la Trinité demeure. Elle nous propose surtout deux grandes attitudes intérieures : l’écoute aimante de la parole de Jésus et l’abandon confiant à son amour miséricordieux.
Une petite mendiante d’amour
Le 20 mars 1993, Jean Paul II béatifie à Rome celle qui devient alors la première bienheureuse née à Québec. Elle perpétue la lignée des grandes figures spirituelles qui l’ont précédée en Nouvelle-France, continuant l’épopée mystique commencée il y a quatre cents ans. Elle écrivait le 4 août 1925 : « Au ciel, je veux rassasier l’Amour infini du bon Dieu. Pour réaliser mon idéal, il me faut réaliser les trésors infinis de Notre Seigneur ; ce bon Maître a dit : Demandez et vous recevrez, eh bien ! au ciel, je serai une petite mendiante d’amour : la voilà, ma mission ! et je la commence immédiatement. »
Comme tous les saints et les saintes, Dina demeure éternellement jeune et vivante dans le « cœur des Trois ». Nous pouvons lui confier sans hésiter nos intentions de prière. À ses supérieures, elle répétait : « Je m’en vais chez le Bon Dieu travailler pour mon “Jésus-Marie” jusqu’à la fin du monde… pour les autres âmes aussi… Je donnerai de la joie ».
Je donnerai de la joie. Entretiens avec Dina Bélanger, Jacques Gauthier, Montréal / Paris, Novalis / Éditions de l’Emmanuel, 2019, 206 pages, 17 euros.