Lourdes, la cité mariale nichée au cœur des Pyrénées, est connue du monde entier, notamment pour sa célèbre source, mise au jour par les mains de Bernadette. Et Lourdes n’est pas le seul sanctuaire à abriter un tel puits, aux vertus célébrés. Au cœur de Rome même, le sanctuaire de la Madonna del Pozzo — Notre-Dame du puits, justement — abrite une telle fontaine. Inconnue des touristes, délaissé par les pèlerins, le lieu accueille pourtant chaque jour des dizaines de Romains qui viennent boire de son eau avant de se recueillir au pied de la Vierge.
Bien que l’église soit surnommée "la Lourdes romaine", le culte y est bien plus ancien que dans la ville française puisqu’il remonte à 1256. À l’époque, l’église de Santa Maria in Via se trouvait à quelques mètres de son emplacement actuelle. Sur le côté, une écurie avec une source pour abreuver les chevaux. Dans la nuit du 25 au 26 septembre, un bruit terrible effraye les bêtes. Les garçons d’écurie accourent, mettent les chevaux à l’abri et se mettent en quête de l’origine de l’événement.
Sur les eaux tourbillonnantes, immobile, flottant avec grâce, une toile de la Vierge. Les hommes tentent de s’en emparer, mais l’image leur glisse inlassablement des doigts. Décision est prise de réveiller le cardinal Raniero Capocci, maître des lieux. Ami intime de saint Dominique de Guzmán, fondateur de l’ordre qui porte désormais son nom, le haut prélat a une dévotion toute particulière pour la Mère de Dieu.
Bien qu’au milieu de la nuit, il revêt l’ensemble de ses atours cardinalices et descend à l’écurie, entourée de la cour qui accompagnait alors les "princes de l’Église". Devant la source jaillissante, le cardinal Capocci adresse une prière à la Mère du Christ, avant d’entrer lui-même dans les eaux. Sans difficulté, il récupère l’image de la Vierge. Les eaux reviennent alors à leur niveau normal, tandis que le cortège s’en retourne dans les appartements du cardinal pour vénérer la sainte image. Le visage de la Vierge y est représenté avec une grande délicatesse, coiffé d’une auréole d’or et d’un voile étoilé bleu nuit.
La promesse faite à la Samaritaine
Depuis, Santa Maria in Via a été déplacée et la source coule dans la chapelle où l’icône de la Vierge est exposée. Aux murs, les vitraux racontent l’histoire de ce miracle. Dans cette chapelle, de nombreuses reliques ont été déposées par le cardinal Capocci, notamment un fragment de pierre du puits du patriarche Jacob. Celui-là même sur lequel le Christ s’est assis en promettant à la Samaritaine "celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle" (Jn 4, 14).
Lors de votre prochain pèlerinage à Rome, n’hésitez pas à quitter quelques instants l’atmosphère mouvementée du Corso, cette artère commerçante du cœur de Rome. À quelques mètres de là, vous trouverez cette église Santa Maria in Via pour vous recueillir devant l’icône miraculeuse. Et en buvant à l’eau de la source, vous pourrez méditer la promesse du Christ, faite non seulement à la Samaritaine, mais à tous.